Bistro Madame, une bonne adresse ixelloise sans chichis

Le Bistro Madame, c’est un truc à part qui ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas. C’est aussi une valse à deux temps : on a dû y revenir pour être conquis.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Sur un coin ixellois, voici le Bistro Madame et sa devanture bleu vert, entre canard et sapin. Ou vert bouteille ? On n’a pas réussi à trancher, mais c’est joli. Derrière ce lieu tout simple, trois passionnés : Marion (passée par le Petit Canon, à Ixelles), Morgane (ex du Tournant, toujours à Ixelles) et Fatogoma (ancien chef du Kitchen 151, en face du Tournant). Émancipés de leur ancien restaurant, ils ont créé le leur il y a quelques mois, avec sans doute pas des masses de moyens : la déco est maison et les murs visiblement peints par quelqu’un dont ça n’est pas le métier. On dirait les miens. Et ça fait du bien, un lieu sans patte de décorateur chic et cher.

Jour 1

Dans l’assiette ? Du bistro. Vous voulez dire “bistronomique” ? Non, non, juste du bistro. Un plat du jour, trois entrées, trois plats, trois desserts. Mais pas d’option végétarienne les jours où nous y sommes allés. Bande de punks, faire ça dans une commune comme Ixelles ! Fallait oser. Carlo a du retard, je grignote une suggestion apéro, un mélange ricotta, huile d’olive, citron, basilic, pignons de pin (6 €) avec un pain de qualité (Alléluia!) et un verre de vin de France tout facile et tout nature (5,40 € le verre). Échevelé, Carlo arrive à temps pour me piquer la fin du bol. On a faim. Je prends le plat du jour, un tartare de bœuf, roquette, parmesan, grenailles au four (11 €).

Rien de très original, mais c’est parfaitement exécuté, un vrai bon tartare qui réchauffe le cœur, et en plus ils ont caché des olives taggiasche dedans. Des gens de goût. Mais Carlo ronchonne devant son pavé de bœuf sauce crème aux champignons des bois, purée de potimarron (18 €). La viande est honnête, les champignons vraiment des bois, mais le plat souffre d’imprécisions, tranche-t-il en s’acharnant sur la bestiole, qui se débat, visiblement. C’est vrai qu’elle aurait eu besoin d’une microsieste pour être moins coriace. En plus la sauce crème est trop liquide et clapote dans l’assiette. Je sauce donc son assiette. Comme d’habitude. Il est 14 h, on est pressés, on s’enfile un café et on file. Mais l’adresse nous trotte curieusement dans un coin de la tête.

Jour 2

Résultat : un mardi soir, on retourne chez Bistro Madame. Avec des bougies sur les tables, c’est joli comme un bistro de quartier de comédie française. Tant de romantisme déteint sur nous et nous commandons à l’unisson, la même chose : un carpaccio de veau cuit sauce tonnato, radis noir et aneth (12 €). Le veau est très cuit. Et le radis noir pas forcément nécessaire. En plat ,on prend des paccheri (des pâtes mais version maousse costaud) à la crème d’épinard et à la pancetta grillée (15 €). Al dente comme là-bas, intelligemment relevées. Mais voilà, pas de coup de foudre. À boire ? Du bon. R16 de Olivier Lemasson à 29 €. Gommette verte pour le choix et le prix des vins. On fera régime en 2019, on prend donc deux desserts. Et là, oh lalala, c’est l’orgasme! Le moelleux au chocolat et fleur de sel est à se damner. Et le pain perdu de panettone, glace au lait d’amande et caramel, mérite qu’on fasse la chaussée de Charleroi sur les genoux pour venir le déguster.

Alors quoi, est-ce que c’est parfait ? Loin de là. Mais l’endroit est à l’image de la peinture des murs : sincère, roulé sous les aisselles. Donc, oui, on reviendra encore. Pour la chouette carte des vins, pour les plats simples et (souvent) bons, pour le gentil tarif, pour l’ambiance tamisée du soir et pour encourager les chouettes humains qui ont créé cet endroit et qui se décarcassent pour en faire un truc à part et qui ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas.

Bistro Madame, 41 rue Veydt, 1050 Bruxelles. T. 02 259 26 27. Page Facebook. Ouvert du mardi au vendredi matin et soir et le samedi soir.