Breitling - Tudor : collaboration ou fiancailles ?

Les marques BREITLING et TUDOR viennent de mettre en œuvre une collaboration entre leurs deux marques pour – selon la version officielle - « mutualiser désormais leur savoir-faire en matière de conception et de fabrication pour certains mouvements mécaniques » !

C’est donc dans ce contexte que Breitling fournira à Tudor son fameux mouvement Manufacture B01 pour équiper son Chronographe « Heritage Black Bay », avec roues à colonne... tandis que la maison-sœur de Rolex concèdera à Breitling son excellent calibre AT5612 à trois aiguilles, pour animer les deux modèles 2017 de la « Superman Heritage II ».

Cette nouvelle version de la montre de plongée lancée en 1997, gardera son aspect vintage intemporel, avec une nouvelle lunette en acier et une bague en céramique. Ajoutons encore que les deux manufactures précisent bien que chacun des mouvements concernés sera « adapté » aux critères de la marque !

Synergie ou rapprochement ?

Vu dans l’optique des deux camps et si l’on s’en tient aux avantages immédiats, chacun fait une bonne affaire :

  • Tudor, qui n’est pas présent sur le segment des chronographes, va bénéficier ainsi de l’excellente image que Breitling s’est forgée au fil des ans sur ce secteur.
  • Breitling hérite – sans devoir mettre en œuvre sa conception et son développement toujours très coûteux – d’un mouvement automatique d’une robustesse éprouvée (... suivant les exigences de Rolex) et doté d’une réserve de marche de 70 heures, tout comme certifié COSC.

À la lecture des documents officiels publiés par les deux marques, on ne peut, à première vue, que se féliciter de cet accord intelligent et se réjouir de voir, dans le contexte économique difficile, ces deux fabricants indépendants pratiquer sagement des économies d’échelles.

Mais, en y creusant un peu plus profond, on ne peut s’empêcher de se poser des questions sur une éventuelle « face cachée» de cet accord :

  • Tudor, avec les moyens colossaux et le potentiel technologique dont dispose sa maison mère avait-elle vraiment besoin de faire appel à une source extérieure pour  se doter d’un mouvement chronographe ?
  • Cette initiative s’inscrit-elle dans la volonté de cette même maison-mère de voir sa  seconde marque gagner de plus en plus son autonomie sur le marché mondial ?
    (actuellement aux Royaume-Uni, 30 % des détaillants qui distribuent Tudor... ne sont pas des revendeurs de Rolex !).
  • Breitling, malgré les quelques mois difficiles que sa distribution vient de connaitre, ( comme la plupart de ses consœurs) ne risque-t-elle pas de voir ternir son image de leader du secteur... en faisant appel, pour équiper sa fameuse « Heritage »... à la seconde marque de Rolex ?

Quelles que soient les réponses que l’on peut apporter à ces questions, et même si ce n’est pas la première fois que l’on voit le groupe Rolex collaborer avec d’autres manufactures (confert l'usage pendant des années du mouvement « El Trimero » de Zenth) on peut très sérieusement s’interroger pour savoir si cette initiative n’est pas un premier pas... vers un rapprochement plus étroit et, à moyen terme, le rachat de Breitling par la prestigieuse fondation créée par Hans Wilsdorf ?

Pour rappel, en décembre dernier, la très sérieuse agence de presse Bloomberg annonçait que l’horloger Breitling... « l’une des rares sociétés horlogères encore indépendante », avec une production de 150.000 montres par an, serait peut-être à vendre, pour une valeur estimée entre 600 et 900 millions de francs suisses... soit plus ou moins deux ans et demi de son chiffre d’affaires !

A suivre !