Certains produits à base de talc que nous utilisons financent l’Etat Islamique

Selon un récent rapport de l’organisation non-gouvernementale Global Witness, une grande partie des ressources financières de l'organisation terroriste État islamique ou Daech en Afghanistan proviendrait du talc.

Par Tiffany Sales. Photos: Reporters. |

Des centaines de milliers d’euros. Voilà ce que rapporterait l’extraction illégale du talc à la branche afghane de l'organisation terroriste État islamique, selon un rapport de l’organisation non-gouvernementale Global Witness, rendu public ce mardi.

D'après les chiffres du ministère des Mines cités dans ce rapport, pas moins de 500.000 tonnes de talc afghan ont été exportées entre mars 2017 et mars 2018 vers le Pakistan essentiellement, où une grande partie est réexportée vers les Etats-Unis, pays depuis lequel le talc est ensuite distribué dans nos contrées. 

En octobre 2016 déjà, Le Monde avait mené son enquête sur « Comment l’industrie mondiale du talc finance les talibans et l’Etat islamique en Afghanistan » et établi un lien entre nos magasins de produits de beauté et ce pays où regorge la fameuse roche blanche à un de ses degrés de pureté les plus élevés. Dans son article, Le Monde révélait ainsi les chiffres d’un rapport confidentiel rédigé par une organisation internationale installée en Afghanistan, qui estimait qu’en 2014, les taxes sur le talc (prélevée sur les camions qui traversent la frontière pakistano-afghane) rapportaient aux talibans environ 22 millions de dollars par an, soit 19,5 millions d’euros. 

De nos jours, le talc en poudre ou mélangé à une huile ou un beurre entre dans la composition de bon nombre de cosmétiques : déodorants, poudres de maquillage, ombres à paupières, produits pour l'hygiène féminine, soins pour bébés, poudres pour le corps… Mais en consommant de tels produits « les consommateurs américains et européens contribuent à leur insu au financement des mouvements extrémistes d'Afghanistan », fait remarquer Nick Donovan, directeur de campagne de Global Witness, dans un communiqué.