Ces liens si attachants: Quand le bracelet devient le meilleur ami de votre montre.

À l’origine, on dit qu’il ne fut qu’un bout de ficelle que le philosophe et mathématicien Blaise Pascal avait pour habitude, au milieu du dix- septième siècle, d’attacher à sa montre de poche, pour pouvoir lire l’heure plus facilement, pendant qu’il développait ses fameuses machines à calculer.

Par Jean Perini |

Plus sérieusement, il est beaucoup plus certain que l’objet est né en même temps que la montre se faisait bracelet pour conquérir le marché féminin. Si on en retrouve des premières traces dans les archives du fabricant Jaquet-Droz, celle qui restera dans l’histoire comme la première montre-bracelet est la “ Reine de Naples ” créée en 1810 par Abraham Louis Breguet pour Caroline Murat, sœur de Napoléon, et qui lui fut livrée en 1812. Aujourd’hui encore, cette collection est l’une des plus vendues de Breguet.

L’appui des militaires

Si, en ce début de XIXe siècle, les messieurs furent bien tentés de pouvoir sortir leur tocante du gousset dans lequel elle était abritée, les premiers bracelets pour montre furent considérés comme trop efféminés et furent loin de provoquer l’engouement masculin.
En fait, ce sont les militaires qui, pour des raisons strictement fonctionnelles vont opter pour le port de la montre au poignet, et amener le bracelet à se viriliser et à se démocratiser. Ainsi, vers 1880, on verra la presti-gieuse manufacture Girard-Perregaux produire en série 2.000 montres bracelet pour les officiers de la marine allemande, sous les ordres de l’Empereur Guillaume Ier.
Un peu plus tard, c’est durant la guerre des Boers que le bracelet liant la montre fera ses preuves comme équipement de compagne et démontrera son caractère très pratique. Mais avec les premiers pas de l’aviation, ce seront les pilotes qui opteront pour porter leur montre au poignet, en tant qu’instrument de mesure du temps, à moins qu’ils la portent à la cuisse pour des raisons pratiques.
Ainsi, en 1904, le joaillier Louis Cartier va-t-il créer pour son ami aviateur Albert Santos-Dumont une montre-bracelet spécifique pour lui permettre de lire l’heure en plein vol.
Quelques années plus tard, c’est la maison Omega qui produira des montres-bracelets qui équiperont le corps militaire américain pendant toute la Grande Guerre.Faudra-t-il encore que le bracelet passe du statut pratique et pragmatique à un objet esthétique et de séduction, qui a pour vocation de maintenir confortablement la montre, mais aussi de la faire voir. Il faudra habiller ces bouts de cuir, les rendre élégants et à la mesure des objets d’art qu’ils protègent.

Précieux animaux

Les premiers bracelets cuirs utilisés dans le bracelet-montre étaient exclusivement constitués de bovins, ovins et porcins. Dans les années 30 apparurent les bracelets en crocodile (Afrique exclusivement, petites écailles de préférence) et en lézard. Les couleurs sobres étaient de rigueur (noir, marron, vert bouteille et bordeaux), non pas par goût de sobriété ou par austérité mais tout simplement parce qu’il n’était techniquement pas possible pour les tanneurs de l’époque de fixer durablement les couleurs vives ou claires. En 1900, l’allemand Rugner sera le premier tanneur européen à proposer à l’industrie de la maroquinerie les cuirs de reptiles (lézard, tortue et crocodile). Dans les années 70, l’autruche ou le pécari (sanglier sauvage d’Amérique du sud) firent leur apparition, suivis par la queue de castor dans les années 80. Les bracelets métalliques apparaîtront pour la première fois dans les années 20.

Naissance d’un géant

En 1765, un jeune artisan ouvre en Basse-Autriche, un atelier de traitement du cuir. Johannes Frang Hirsch sera le premier d’une succession de générations à donner au cuir ses lettres de noblesse, et plus particulièrement au bracelet pour montres, dont la maison lancera la production en 1945. Dix ans plus tard, Hans Hirsch découvre une manière de rendre solidaire le cuir supérieur et le cuir de doublure. Cette méthode brevetée entrera dans le manuel des maîtres-tanneurs et maroquiniers sous le nom de “ technique Hirsch du rembourdé ” et constitue encore à ce jour, la norme de référence internationale dans l’industrie des bracelets de montres.

En 1961, la maison autrichienne va littéralement bouleverser le mode de distribution de ce type de produits en inventant son distributeur automatique !

Pour la première fois, les bracelets sont véritablement exhibés en magasin et cette mise en avant contri-buera largement au développement du secteur entier. Hirsch va encore se distinguer par une série d’innovations qui feront dates dans l’histoire du produit :

  • La création en 2007 du premier bracelet  en caoutchouc naturel.
  • Le lancement, l’année suivante du premier bracelet alligator 100 m water-resistant.
  • Deux ans plus tard, la présentation du bracelet “ aloe vera ” qui prend soin de la peau lorsqu’il est au poignet.

La société Hirsch a su placer ses bracelets dans tous les pays du monde, chez des milliers de détaillants, et inonde aujourd’hui les réseaux de l’Internet. Ce réseau de distribution unique en fait le n° 1 mondial du bracelet-montre en unités produites.