C’est moi qui t’invite

Les Éleveurs : voilà une maison qu’elle est ancienne ; 120 ans au compteur ! Andy De Brouwer, quatrième génération de patron familial de l’institution, ancien café de village, devenu aujourd’hui hôtel-restaurant. 

Et ça y est, bingo, c’est arrivé là aussi, à 16 km de Bruxelles et bien loin de Paris, l’enseigne arbore fièrement le terme “bistronomie” ce mot-valise que l’on nous sert à toutes les sauces.

Allez, on décide qu’on s’en fiche du mot, d’autant qu’on sait déjà, parce qu’on est déjà venus, que le patron est un redoutable sommelier, qu’il adore la découpe en salle et que le chef, Michel Borsy, (ancien du Chalet de la Forêt et du Rouge Tomate) sait y faire quand il s’agit de gourmandise.

Nous optons pour un dîner à la carte, parce que quand même, c’est trop gai de manger à la carte, que ce soit à la friterie ou dans un deux étoiles, on aime la carte, donnez-nous la carte, on veut choisir !

Donc, Saint-Jacques rôties pour l’un, avec un beurre blanc qui se terminera à la cuiller, et excellent gratin moutardé de tête de veau pour l’autre. La tête de veau manque un fifrelin d’assaisonnement, mais on corrige avec deux grains de fleur de sel.

On poursuit d’une volaille rôtie pour deux, pour laquelle nous prenons l’option demi-deuil avec truffe mélanosporum glissée sous la peau. Cette option nous sera facturée 40 €, pas donné, mais c’est de la vraie mélano ! La volaille vient de la Pouletterie de Lustin, éleveur en vogue du moment, et ça vaut toutes les volailles de Bresse.

C’est local, le catéchisme est sauf. La volaille arrive entière et Andy réalise des prouesses à la découpe : il faut le voir, il est plus précis qu’un chirurgien plastique. Il renvoie ensuite la volaille en cuisine qui revient sur assiette avec une très belle sauce au porto, des légumes juste cuits (mais cuits) et même quelques frites. La truffe est présente, bien là, on ne regrette pas les 40 €. Tant pis : demain les enfants mangeront du corned-beef.

Dans les verres ?

Au verre ! À l’initiative d’Andy qui préfère quand même en général le bio. Avec les vins au verre, on oublie toujours ce qu’on a bu, mais ça nous est un peu égal, vu que les accords étaient justes. Avec la volaille, nous avons bu un vin fait à façon “pour Andy”, en Grèce, rond et équilibré et qui se mariait très bien tant avec la sauce, la chair que les truffes qui embaumaient.

Les Éleveurs, c’est donc une vraie maison, un vrai restaurant avec aux commandes un restaurateur et en cuisine un vrai chef. Ici, nul besoin de se revendiquer “bistronomique” pour attirer le chaland : la maison transpire le métier, fait avec passion, pour le plaisir du client qui aime bien manger, bien boire. Notre addition : 204 €

Les Éleveurs, 1A Suikerkaai, 1500 Halle. T. 02 361 13 40. www.les-eleveurs.be. Fermé le dimanche et lundi.