C'est moi qui t'invite

Direction Charleroi, au restaurant Chermanne, chez l’homme qui a parié sur le renouveau du haut de la ville, et qui ne regrette rien.

Texte et photos Carlo de Pascale et Florence Hainaut. |

C’est vrai que j’ai une passion pour les (vrais) bistrots gourmands, ceux où l’on s’encanaille de plats qui vous donnent à manger toute la bête hormis les poils. Tandis que Florence aime me faire découvrir les néogastros urbains avec du maquereau et des légumes racines, je l’emmène parcourir les bistronomiques en espérant qu’elle craque pour les rognons. Nous voilà donc chez Stéphane Chermanne, un homme qui a quelques années d’envois dans les pattes, a délaissé la gastronomie pour bistronomiser franchement en plein Charleroi.

Et, un an et quatre mois après l’ouverture, il ne regrette rien. D’ailleurs, c’est mardi et c’est plein de vrais gens du coin. Cadre sobre, élégant, accueil franc et courtois, une carte, un tableau de suggestions, même des menus – Florence aime les menus – mais j’arrive à la convaincre de taper dans la carte, j’aime ce genre de cuisine servie à l’assiette remplie.

L’assiette

Mise en bouche, un velouté de brocoli bien assaisonné – ça devient rare, les assaisonnements dans la soupe –, une bouchée de tête de veau, vas-y Flo, tu l’as fait ! Puis, croquette de queue de bœuf pour moi et asperges, purée, crevettes, mousseline pour Florence. La croquette croquette comme il faut, même si on regrette la salade mélangée un peu food service, tandis qu’en face, la mousseline caresse le palais et la purée sous-jacente fond comme une crème pâtissière.

Le chef nous glissera un intermède de tripes à la tomate, un abat “facile” même pour les difficiles ! On continue sur un ris de veau béarnaise pour Miss Hainaut, rognons liégeoise pour moi. Le ris croustifond – le chef nous expliquera que c’est parce qu’il ne le presse pas – et la béarnaise est parfaite, oui, parfaite. En face, le rognon rosit comme une stagiaire, il est flanqué d’un jus de veau serré comme un corset, tandis que les baies de genévrier roulent sous la dent et parfument les naseaux de l’intérieur.

Dans les verres ? Un seul pour moi (faut rentrer), le reste pour Florence. Du Grololo (Pithon-Paillé), un grolleau nature qui ne sent que le fruit, au tarif bradé à 22 €. Dessert ? Oui ! Un truc de cuisinier qui lorgne vers la pâtisserie : une tuile au chocolat blanc-praliné, avec une glace vanille tout près, un brin sucré, mais intense.

L’addition

C’est cher ? 154 €, entrée plat dessert et une bouteille… Vu le niveau, c’est très correct. D’ailleurs, la soirée nous a mis en joie : sur l’autoroute du retour, j’ai glissé un vieux Brassens dans le lecteur, et on a chanté comme si on partait en vacances.
On y retourne ? Quand vous voulez, j’ai encore le Brel-Ferré-Brassens dans la boîte à gants.

Restaurant Chermanne, 62 avenue de l’Europe, 6000 Charleroi T. 071 12 41 14. www.restaurantchermanne.be. Fermé le dimanche et le lundi.