Cinq adresses gourmandes à Barcelone

Oubliez les patatas bravas. On a découvert des adresses tellement incroyables à Barcelone qu’elles justifient à elles seules le voyage. Attention: sélection forcément subjective...

PAR FLORENCE HAINAUT. PHOTOS D.R. |

Considéré par certains comme le meilleur restaurant du monde, El Bulli a fermé ses portes il y a déjà un paquet d’années, mais l’ombre de Ferran Adrià plane toujours sur Barcelone et sa région. Certes, beaucoup sont revenus de sa cuisine moléculaire avec effets de fumée et autres trompe-l’œil graphiques mais pas toujours gustativement intéressants. Reste pourtant en Catalogne cette même envie d’innover, couplée à l’immense palette inspirante des produits régionaux. On peut tout manger à Barcelone, et ça serait dommage de s’en priver.

Le plus gastro : Koy Shunka

Ce restaurant japonais étoilé est l’une de nos plus grandes claques. Le menu dégustation, certes pas donné (132 € le grand, 89 € le petit), est une espèce de montagne russe pour les papilles. La ventrèche de thon fond dans la bouche, l’oursin allume le fond de l’œil, le wagyu arrache un cri de bonheur. Une expérience à tenter si on peut.

Sinon, le chef a plusieurs autres adresses dont Majide, la solution intermédiaire avec un menu à 60 € de tout haut niveau, et Kak Koy, qu’on adore, où on commande des petites portions : sashimi de seiche, brochette de porc ibérique à la sucrine, huître Gillardeau au ponzu, wagyu grillé au wasabi frais. On peut s’en sortir pour 30 € par personne. 

Koy Shunka, 7 Carrer d’en Copons (dans le quartier Gothique), www.koyshunka.com. Kak Koy, 16 Carrer de Ripoll. Majide, 48 Carrer dels Tallers.

Le plus gourmand : Bar brutal

Des terrines maison à faire pâlir n’importe quel charcutier, du jambon et du saucisson de qualité, puis des petits plats très élaborés comme
de la seiche à l’encre, du cochon ibérique, une burrata à l’huile de persil et légumes frais. Un vieux comté et son verre de sherry, dont on garde un souvenir ému. Comptez entre 7 et 15 € la ration. Avec deux par personnes, c’est bon. Trois c’est bien, mais on adapte selon son budget.

L’endroit propose aussi, voire surtout, une immense sélection de vins nature et apparentés, et des gens qui s’y connaissent pour vous aiguiller entre autres si, comme nous, vous aimez boire local mais sans rien connaître aux vins catalans. Le Bar Brutal, c’est bruyant, gourmand, mais on y a passé de délicieux moments en groupe comme en amoureux.

Bar Brutal / Can Cisa, 14 Carrer la Princesa (dans le quartier de La Ribera), www.cancisa.cat

Le plus sincère : Gresca

On écrit ce nom et hop, on repense directement à ce ris de veau et sa purée moutardée. Quelle émotion ! On est ici dans un double resto :
un seul lieu, une cuisine, mais deux possibilités. À ma gauche, un bar à vins et des rations (entre 7 et 15 €) d’un niveau gastronomique rarement croisé : les ris, donc, mais aussi le toast à l’anguille laquée, la cervelle au citron, le feuilleté de museau. Amateurs de tripes qui goûtent les tripes, vous êtes ici chez vous. Mais venez avec vos amis végétariens, amateurs de poisson, adorateurs de gras ou au régime ; la carte est variée et tout, mais absolument tout, est délicieux.

Les sommeliers, en plus d’être sympas et à l’écoute, sont extrêmement compétents. Même lieu, autre genre: à ma droite, le resto gastronomique. Ambiance plus calme et nappes blanches... Donc, on a demandé à être au comptoir, c’est plus rigolo. Le menu à 70 € nous a laissés pantois, repus, admiratifs, émus. La morille fraîche farcie au porc revient parfois nous hanter la nuit. Dans un quartier pas touristique pour un sou, le Chef est là pour faire du bon manger, pas du buzz. Sincère et fabuleux.

Gresca, 230 calle provença (quartier de l’Eixample), + 34 934 51 61 93.

Le plus fiesta : La Paradeta

Une demi-heure avant l’ouverture, la file se crée, s’allonge, décourage les néophytes mais pas les avertis. La Paradeta, c’est un étal de poissonnerie qui fait resto. On choisit ce morceau de thon, des petits supions, puis des calamars, et puis, mettez-moi aussi un crabe. On va s’asseoir avec un petit boîtier électronique qui s’allume quand l’un des bestiaux, passé par la case cuisine, est prêt et transformé (frit ou à la plancha et généreusement arrosé d’huile à l’ail et au persil). On se lève et on va le chercher au comptoir.

Au final, on commande toujours deux fois trop parce qu’on a peur de devoir refaire la file et on paie 30 € par personne tout compris. Si vous n’achetez que ce que vous êtes réellement capable de manger, comptez 20 €, grande salade, pain, sauces et vin blanc inclus. Pour un repas pantagruélique de poisson ultra-frais et toujours cuit à la perfection, c’est fiesta. Il y a plusieurs adresses dans la ville, dont une près de la Sagrada Familia ou près du Passeig de Gracia, mais on a un faible pour celle située dans le quartier de El Born.

La Paradeta, 7 Carrer Commercial (quartier de El Born), www.laparadeta.com

Le plus drive-in : Botifarreria

Le monde entier se pressant à Barcelone pour déguster du jambon ibérique, le filon était trop bon. Certains l’ont donc surexploité et c’est peu dire que la qualité n’y est pas toujours. Certaines tapas ressemblent quand même beaucoup à du filet d’York. Pour éviter de ramener du mauvais saucisson de jambon, passez à la Botifarreria. Dans cette petite boucherie-charcuterie-fromagerie réputée, tout est à se damner, à prix honnêtes et emballé sous vide sur demande.

À gauche du comptoir, des culs de jambon luxueux sont en vente pour une dizaine d’euros. Moins fondants que la bête entière mais tout aussi goûtus et, surtout, abordables. Et prenez-vous un morceau de boudin à manger directement. Ça se mange sans faim, le boudin !

Botifarreria de Santa Maria, 4 Calle de Santa Maria (quartier de El Born), www.labotifarreria.com