Créer sa propre marque : les conseils de jeunes entrepreneuses

Vous griffonnez des modèles de sacs entre deux réunions : peut-être faites-vous partie des candidats à l’entreprenariat mode ? Mais dans un secteur en profonde mutation, ce type de projets n’est-il pas utopique  ?

PAR Marie Honnay. PHOTOS DR sauf mention contraire. |

Parce qu'il ne faut pas forcément sortir de la Cambre ou de l’académie d’Anvers pour décider de lancer sa propre marque de vêtements, de sacs ou de foulards. La preuve avec ces trois femmes qui viennent tout juste de lancer leur marque.

Justine God, créatrice du label de prêt-à-porter féminin Imprevu 

Cette Liégeoise n’est pas issue d’une école de mode, mais voue une véritable passion au vêtement. Ingénieur en gestion, elle démarre sa carrière en tant que directrice des achats pour un grand groupe textile. Au bout de sept ans, l’envie la titille de se rapprocher davantage de la création pure. Dans les banques, ce type de projets n’est pas très bien accueilli. J’ai donc choisi de me lancer en fonds propres. Pendant deux ans, j’ai planché sur un concept de marque tout en mettant de l’argent de côté. Puis j’ai démissionné, et deux mois plus tard, j’étais déjà en Italie pour travailler sur mes premiers prototypes.

Justine God décide ensuite de suivre la tendance et d’opter pour un système de quatre capsules par an plutôt que de se calquer sur le rythme classique de deux collections annuelles. La première étape vraiment coûteuse du projet consiste à acheter les prototypes de chaque pièce. Un échantillon coûte deux fois le prix de la pièce commerciale. En fonction du nombre de pièces et de la qualité des matières, le coût total lié à la conception d’une première collection oscille entre 5000 et 10000 €.

www.imprevubelgium.com

Stéphanie Pitot, créatrice de la marque Love d’Elles

Il y a deux ans, à 40 ans, encouragée et soutenue par son mari, cette institutrice maman de trois enfants décide de lancer une première collection de bikinis et de tenues de plage. Pour cette nouvelle venue dans le business, c’est la phase de prototypage qui s’est avérée la plus complexe. J’ai fini par trouver, dans le nord du pays, un atelier spécialisé dans le balnéaire disposé à me recevoir. Les propriétaires ont d’abord tenté de me décourager en m’expliquant qu’ils recevaient plus de dix candidats entrepreneurs par mois. La plupart ne concrétisent jamais leur projet. J’ai tout de même tenu bon. Sur base de mes croquis, nous avons alors commencé à travailler sur le patronage et les trois premiers échantillons. C’est un produit très technique. Au final, chaque échantillon m’a coûté 2000 €.

Lorsqu’on lance une marque, le choix du mode de distribution dépend en grande partie du montant de l’investissement de départ. Pour Stéphanie Pitot, seule la vente en ligne – sans intermédiaire – lui permettait de ne pas voir exploser le prix de vente de ses maillots. 

Un e-shop reste néanmoins un investissement coûteux. J’ai opté pour un système de paiement sécurisé (un must), mais j’ai tout fait pour réduire les coûts de réalisation.

www.lovedelles.com

Assia Kara, créatrice de Tricksters

Certains choisissent aussi de tenter l’aventure par le biais d’un produit de niche ultraciblé. C’est le cas de la Liégeoise Assia Kara, créatrice de Tricksters, une miniligne de six pièces waterproof dédiée aux festivaliers. Il y a deux ans, soutenue par la plateforme d’accompagnement Job’in design, Assia Kara a commencé grâce notamment à une bourse de pré-activité de la Région wallonne, d’un montant de 3000 €. Sans Job’In Design, je ne serais nulle part.

L’accompagnement personnalisé est capital pour quelqu’un qui se lance. Cet organisme a l’avantage de pouvoir conseiller ses porteurs de projets sur tous les aspects de la vie d’un créateur. Avant, lorsque je travaillais sur une collection, je devais parfois attendre plusieurs mois avant de pouvoir acheter un tissu, faute d’argent disponible.

Pour poursuivre l’aventure, Assia a choisi de passer par un système de financement participatif, via la plateforme Crowd’in, afin de récolter les 5300 € nécessaires à la production de ses 180 premières pièces. Mais indépendamment de l’argent récolté, le crowfunding est un bon outil de communication qui permet de toucher, outre d’éventuels candidats investisseurs, la presse et de futurs acheteurs avides de nouveaux concepts.

www.assiakara.com