Danser c'est bon pour la santé

Autrefois réservée aux fillettes sages, la danse classique est aujourd’hui pratiquée par des trentenaires et des quadras bien dans leur vie, bien dans leur style. Parce qu’elle permet de remodeler le corps sans s’en rendre compte, en plaisir et en musique.

par Isabelle Plumhans. |

Dans un club de sport bruxellois de standing, un mercredi midi. Un groupe d’une vingtaine de femmes et quelques hommes s’engouffre dans une salle au parquet brillant, murs en miroirs, barre en fond de salle. Pendant une heure, ils y suivront un cours de ballet. Parce que, oui, la danse, notamment la danse classique, a de nouveau la cote, comme le prouve ce public de jeunes actifs à l’allure étudiée.

D’une manière générale, souligne Philippe Godin, psychologue du sport à l’UCL, on assiste à une recrudescence des sports organisés en groupe. Des sports qu’on ne peut pas pratiquer seul. Et le retour de la danse, a fortiori de la danse classique, fait partie de ce mouvement. C’est un réel phénomène de société.

Certains expliquent ce succès par l’habitude, au tournant des années 70, de faire pratiquer la danse aux petites filles, une discipline que les quadras d’aujourd’hui retrouvent comme une madeleine de Proust. Mais attention : Si on veut faire bien de la danse, on doit le faire de façon régulière, avec le matériel adéquat, un prof… Aussi, on note une seconde tendance : la volonté de se distinguer. Dans les salles de sport, l’offre est pléthorique. Et faire de la danse, aujourd’hui, c’est aussi une façon de faire preuve d’originalité.

Atout santé

Mais à côté de ces raisons psychosociologiques, il y a les conséquences physiques de la pratique. La danse classique est un sport parfait, souligne le professeur Louise Deldicque, chargée du cours de physiologie de l’exercice à l’UCL. Pour poser le corps dans l’espace, toute une série de contractions invisibles mais terriblement efficaces sont nécessaires. Un travail de maintien musculaire très exigeant.

En termes d’énergie, une séance de danse correspond à deux ou trois séances d’un autre sport, souligne en effet la spécialiste. En outre, si l’impact de la danse sur la musculature est évident, ce que l’on sait moins, c’est que ce type de contractions a une influence sur l’ossature. Pratiquée de façon modérée, à hauteur de deux ou trois heures par semaine, la danse a de réelles conséquences sur l’os. Les muscles au travail tirent sur les os, poursuit le professeur Deldicque. Ce qui en améliore la qualité. Et les bonds réguliers pratiqués lors des enchaînements ont un impact sur la densité osseuse, qui se renforce. Tout bénéfice pour le squelette, en particulier chez les femmes qui ont tendance à développer de l’ostéoporose avec le temps et les modifications hormonales.

Corps libéré, pas affamé 

Mais la promesse de la danse classique, est-ce vraiment une silhouette aussi élancée que celle d’une ballerine russe ? Il faut tordre le cou à cette croyance culturelle, prévient le professeur Deldicque. Tout d’abord parce qu’auparavant, et dans un certain type de danse, les danseuses étaient minces uniquement parce qu’elles restreignaient leurs apports caloriques.

Ensuite, ces danseuses étaient choisies selon des critères bien précis, comme la taille de leur cou, ou celle de leurs bras. Elles étaient élancées a priori. Une danseuse professionnelle qui mange normalement aura davantage un physique de gymnaste que celui d’une danseuse étoile du siècle dernier. Parce qu’en danse comme ailleurs, le corps est fait pour être libéré. Pas affamé ! Nombreux enfin sont les cours ou formations qui prônent un accès de la danse au plus grand nombre.

Chez Mouvance ASBL, l’apprentissage du mouvement, via des formations courtes, est un chemin vers l’expression de soi. Les statuts de l’association eux-mêmes le proclament : la raison d’être de l’asbl est de favoriser l’expression par le corps du pouvoir créateur de tout un chacun. Une approche moins sportive, tournée vers une recherche de sens, un besoin de se comprendre, de s’exprimer, également au centre des préoccupations actuelles.

Un travail sur l’âme et le corps

Dans ce sens, une récente étude a démontré le caractère spirituel de la pratique dansée. Ainsi, la chercheuse Lynda Flower, de l’université du Queensland en Australie, a analysé l’état spirituel de danseuses étoiles et a découvert un état de quasi grâce au cours des performances, mais aussi une durabilité de cet état, dans les heures qui suivent un spectacle, notamment.

Une équipe de l’université de Chicago a elle publié dans la revue scientifique PLOS ONE les résultats d’une recherche soulignant que la pratique régulière de la danse augmentait de façon avérée l’état de sagesse des pratiquants. Last but not least, la danse peut être pratiquée par tous, à tous les âges, et dans tous les buts. Dès le plus jeune âge, à des fins d’apprentissage psychomoteur, et jusqu’à un travail de maintien de la forme physique et psychique après 50 ans. Il y a peu de contre-indication majeure à sa pratique, nous confie encore Louise Deldicque.

À part de graves pathologies locomotrices, des problèmes aux genoux, aux hanches, aux chevilles, il y a toujours moyen de l’adapter, en intensité et en difficulté, à ses caractéristiques physiques. La danse serait donc un sport parfait, alliance subtile de travail sur l’âme et le corps, qui démontre non sans charme l’adage Mens sana in corpore sano.

Où pratiquer ?

Pour tous les niveaux

Yantra, 16b rue de la Cuve, 1050 Ixelles, T. 02 646 25 64, www.academieyantra.be.
Balletomania, 140 avenue des Volontaires, 1040 Bruxelles, T. 02 734 26 56, www.balletomania.com.

Pour publics variés (pro, amateurs, classes…)

Ultima Vez (compagnie de danse qui organise des workshops), 97 rue des étangs Noirs, 1080 Bruxelles, T. 02 219 55 28, www.ultimavez.com.

Pour les plus confirmés

Charleroi Danses, à Bruxelles (La Raffinerie, 41 rue de Manchester, 1080 Bruxelles) et à Charleroi (Les Ecuries, boulevard Pierre Mayence 65 B, 6000 Charleroi), T. 071 20 56 40, www.charleroi-danses.be.
P.A.R.T.S., 164 avenue Van Volxem, 1190 Bruxelles, T. 02 344 55 98, www.parts.be.
Mouvance asbl, divers lieux, stages pour tous, www.mouvance-asbl.be.
école Martine Wolff, 10 rue d’Harscamp, 4020 Liège, T. 04 341 56 29, www.martinewolff.be.