Felicità, le bonheur italien dans l'assiette

Felicità, en italien, c’est le bonheur. C’est aussi une adresse ouverte par Jean-Michel Zecca à Waterloo, où rien que les antipasti font déjà la différence.

Texte et photos Carlo de Pascale et Florence Hainaut. |

Felicità, ça ne vous rappelle rien ? Mais si, une chanson d’Al Bano et Romina Power de 1982. Felicità, en italien, c’est “Bonheur”, et c’est aussi un restaurant ouvert à Waterloo par le célèbre animateur Jean-Michel Zecca. C’est là que surgit un petit dilemme : si notre critique devait être sévère, on pourrait reprocher à Florence et moi, qui travaillons aussi pour la RTBF, un certain corporatisme, genre “on se paie un gars de RTL”.

En revanche, si notre critique devait être trop bienveillante, il se trouverait bien l’un ou l’autre pour dénoncer le copinage médiatique. Foin de ces considérations, même pas peur: comme toujours, on écrira ce qu’on pense. En cuisine et aux commandes de Felicità, il y a le chef Renato Carati. Renato, dont j’aimais déjà la cuisine à la Table des matières à Mons. Renato, un personnage parfois un fifrelin excessif dans son dogmatisme italo-centré, mais c’est de l’amour. Renato, qui est sans nul doute un des plus fins connaisseurs de la diversité des cuisines italiennes. Accueil italien un peu à l’ancienne au son de sonores Signora, Signorina, benvenuti !, on avait un peu perdu l’habitude, mais ça a son charme. Cadre élégant, nappes… avec du papier dessus, comme un clin d’œil au trattorie à l’ancienne.

La carte

C’est parti pour une petite série d’antipasti (18 €) qui vont s’avérer être un des moments forts du dîner. Crochette de riz au cacio e pepe (pecorino et poivre), moules au citron, calamars (frais) frits, thon cru (oui on sait, c’est mal, mais de temps en temps...), petites tresses de mozzarella fior di latte (la mozza au lait de vache des Pouilles, moins intense que la bufala mais fraîche et ferme) et ricotta moelleuse. Et le pain, maison, de semoule de blé dur, et l’huile d’olive des Pouilles. Une noix de ricotta sur le pain, une goutte d’huile sur la ricotta, c’est déjà le paradis. Détail qui m’a mis en joie, la mortadelle est celle de Silvio Scapin, un des seuls à faire encore de la vraie mortadelle... Aujourd’hui, nous sommes trois. Du coup, on va faire tout le cursus honorum à l‘italienne: primo-secondo-dolce. Canelloni, artichaut et ris de veau (24 €), une création du chef, un vrai grand plat, que Florence adore. Pappardelle au ragù de lapin (17 €) qui nous ont semblées un peu en retrait, même si les pâtes sont cuites à perfection. Paccheri Vittorio, tomate et beurre, étonnant (14 €). 

Pour suivre, en secondo, une immense côte de veau “bien aplatie”, à la milanaise (32 €), frite au beurre… comme à Milan. Un plat simplissime, juste du veau, du beurre, de la chapelure, et qui s’apprécie comme on apprécie les plats les plus simples et plus emblématiques de la cuisine italienne, à savoir sans dire C’est juste du veau pané… Car, justement, c’est juste du veau pané et c’est ça qui est bien ! Un Vitel Toné (eh oui, c’est comme cela qu’on l’appelle dans le Piémont) à la cuisson rosée parfaite et la sauce juste “tonée” mais pas trop, complète notre table (19 €). Il nous reste un peu de place pour le dessert. Ce sera stracciatella (maison) et semifreddo (8 €), une sorte de parfait glacé aux fruits confits, d’une italianité totale.

Dans les verres ? Une belle carte qui fait assez bien le tour d’Italie, pas mal de références en bio et la possibilité de commander des vins au verre (à partir de 5 €). On m’a proposé un joli Barolo et je n’ai pas regretté les 11 € demandés. Allez, on a quand même pris un tout petit peu Renato en faute. L’osso buco est proposé d’office avec des tagliatelle (une hérésie en Italie) et le chef nous a avoué qu’après l’avoir proposé avec le risotto comme le voudrait la tradition, las de voir revenir les assiettes en cuisine au son de Je veux des pâtes !, il a craqué pour le service “à la belge”, juste sur ce plat-là.

Le verdict

Est-ce cher ? Le cadre est agréable, les produits sont de qualité et le chef a plus de trente ans de passion au compteur… Si le restaurant n’était pas un “italien”, on ne se poserait probablement pas la question. Mais un repas trois services avec une belle bouteille pourra effectivement faire monter l’addition, comme partout ailleurs où l’on a un peu d’ambition. On y retourne ? Oui, notamment pour les antipasti qui font ici la différence, pour la justesse italienne, et même rien que pour l’huile d’olive et le pain…  

Felicità, 528 chaussée de Bruxelles, 1410 Waterloo. T. 02.354.94.54. www.facebook.com/felicitabonheur. Fermé le samedi midi et le dimanche.