God Save The Cream, le comptoir british et gourmand

Tout est bon au God Save The Cream, à Ixelles. Un endroit joli comme un boudoir, dont les brocolis à la bergamote peuplent encore nos nuits.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Carlo m’ayant lâchement abandonnée pour des cimes enneigées et des raclettes indigestes, je me console avec le livre de cuisine qu’il m’a prêté avant de partir en me disant Tiens, ça va te plaire. C’est peu de le dire: je l’ai dévoré. En attendant Godot, heu, Carlo, j’ai déjà fait la salade de petit épeautre aux aubergines confites et mangue et les boulettes de poulet aux abricots et fruits secs de ce bouquin intitulé Share. Toutes des recettes qui se retrouvent dans le comptoir d’un endroit dont je me dis depuis des années qu’il a l’air pas mal. J’enfile donc mes baskets et j’embarque ma copine gourmette Magali pour aller manger un midi chez les créateurs du livre, à savoir God Save The Cream. Un lieu, m’annonce le site Internet, où Nous prenons notre cuisine extrêmement à coeur. Chaque préparation est complètement faite maison et nous proposons uniquement des plats que nous serions nous-mêmes heureux de manger.

L'assiette

On sirote une limonade maison aux feuilles de kaffir et citron. Un peu de self-control nous empêche de la boire d’une traite. Pour manger, on opte pour une assiette composée (14,50 €) et une tourte au boeuf maison (16 €) avec de l’angus, des pruneaux et de la bière. L’assiette du jour arrive, dodue et colorée, remplie à ras bord de choses saines et d’épices qu’on n’aurait jamais pensé mettre là : concombres au vinaigre de riz et gingembre, poireaux au miso blanc, chicons braisés au tahini, de fabuleux brocolis à la bergamote confite, de l’épeautre aux petits pois et aux aubergines, du riz aux pois chiches et baies d’épine-vinette, des carottes à la mélasse de grenade et des patates douces rôties aux épices, qui nous font un peu sortir les yeux des orbites tellement c’est affolant.

À côté, les aiguillettes de coucou de Malines à la citronnelle ont presque l’air un peu fades tant les légumes et céréales font la java avec nos papilles. La tourte au boeuf — dont la pâte maison n’est ni trop fine ni trop épaisse, c’est un exploit en soi — est délicieusement réconfortante mais y a rien à faire, c’est à l’accompagnement (similaire à l’assiette du jour) que j’ai envie d’écrire un poème. Je suis certes particulièrement bon public pour ce genre de préparations pleines de choses inconnues et de légumes sains, mais j’y emmènerais les plus carnivores de mes amis sans avoir peur qu’ils s’y ennuient.

On prend une limonade gingembre-citron pour fêter ça et on traîne devant la vitrine des desserts pendant de très longues minutes. On en choisit trois... Au diable l’avarice et le taux de glycémie ! La crème cuite au citron kaffir et poires pochées est une vraie caresse, le gâteau à la cardamome framboise crème rose a mille histoires délicates à raconter, donc évitez d’alterner avec le foudroyant croquant double caramel et noix de pécan, il est si bon qu’il prend le dessus. On a même pris le chocolate fudge à emporter parce qu’il nous faisait de l’oeil, mais on était incapable de mettre une miette en plus dans nos estomacs réjouis.

Le verdict

Tout est bon, dans cet endroit joli comme un boudoir. Bon et plutôt éthique vu que bio et principalement local. Mais là où God Save The Cream surpasse nombre de ses pâles copies qui pullulent partout dans Bruxelles, c’est par le talent de l’équipe derrière les fourneaux. Je n’ai jamais vu nulle part les combinaisons que j’ai goûtées ici. Je rêve encore la nuit des brocolis à la bergamote. Et en plus d’être doués, ils sont particulièrement sympas. On revient ? Oui, et pour plein de raisons : pour leurs assiettes à emporter à 10 €, pour la Pompette, leur bière maison en collaboration avec la nanobrasserie de l’Ermitage, pour le coin épicerie, pour la minicave à vins nature à prix tout chouettes, mais aussi pour le brunch du samedi et parce qu’on a envie de goûter leurs filets de maquereaux et leur aubergine rôtie au miso et sésame. Et puis pour acheter leur livre à la source et éventuellement le faire dédicacer ! Un regret, les horaires. Le quartier, très commerces/bureaux, n’a pas suivi leur envie de proposer à manger le soir.

God Save The Cream, 131 rue de Stassart, 1050 Ixelles. T 02 503 07 75. www.godsavethecream.be. Ouvert de 11 h 30 à 15 h 30 du lundi au vendredi et de 10 h à 18 h pour le brunch du samedi.