La cryolipolise ou le soin minceur par le froid : est-ce efficace ?

Une taille en moins, c'est possible. Sans aiguilles, sans scalpel et sans douleur, grâce à de nouvelles techniques d'amincissement high-tech. Dernière en date : la cryolipolyse, qui détruit nos bourrelets en les congelant... On a testé.

PAR DORIAN PECK. PHOTOS D.R. SAUF MENTION CONTRAIRE. |

A côté du bistouri, de nouvelles méthodes non invasives se sont développées, plus ciblées, moins agressives. Comme la cryolipolyse… Dans le sillage de la cryothérapie — la thérapie par le froid — cette technologie naturelle venue des États-Unis promet d’effacer bourrelets, poignées d’amour et autres amas de graisse disgracieux, comme la culotte de cheval ou la petite bedaine de la cinquantaine, en les soumettant à des températures glaciales.

D'où ça vient ?

La technique de la cryolipolyse a été développée par deux scientifiques de l’Université de Harvard et du Massachusetts General Hospital (MGH) de Boston, les docteurs Dieter Manstein et Rox Anderson. À l’origine de leur trouvaille : deux publications scientifiques consignant des observations toutes simples. La première décrivait le phénomène curieux qui touchait les femmes jockey montant à cheval par grand froid : elles perdaient de la graisse au niveau des cuisses. La seconde notait que des bambins qui suçotaient des glaces en bâtonnet produisaient une fossette au lieu d’avoir de belles joues joufflues.

Explication : les cellules graisseuses (adipocytes), qui protègent pourtant le corps du froid, y sont en fait plus sensibles que celles des nerfs ou des muscles. Sous cet effet, elles se cristallisent et disparaissent. Une action ciblée sur les cellules graisseuses est donc possible.

Comment ça marche ?

La cryolipolyse reproduit l’effet du froid sur des amas graisseux localisés. Cette technique cible des zones précises : le ventre, les “poignées d’amour”, le dos (les “ailes d’anges”), l’intérieur des cuisses ou encore le pli sous-fessier. Première étape : l’application d’un gel froid sur la zone traitée. Ensuite, on sort l’artillerie lourde. Un applicateur, une sorte de grosse ventouse, est disposé sur la zone à traiter. Ici, nous sommes dans le haut de gamme : l’appareil possède quatre applicateurs et vaut plus de 25 000 €. En quelques secondes, la ventouse aspire le pli graisseux. Ça serre un peu, ça picote légèrement, mais la sensation reste supportable… et disparaît petit à petit grâce à l’anesthésie provoquée par le froid. 

On aspire la zone à une température de - 5 ºC explique Véronique Graillot, experte minceur à l’Institut Aspria by Sisley à Bruxelles. La peau est progressivement refroidie et les résultats sont déjà satisfaisants lorsque la température atteint quatre degrés au niveau de l’épiderme. Mais elle ne peut jamais être inférieure à -10 ºC, pour éviter toute brûlure. Cinquante minutes plus tard, on enlève la ventouse. La première séance peut être assez impressionnante. Surtout au niveau des flancs et des poignées d’amour, car lorsqu’on enlève la ventouse, le “bourrelet” est encore gelé et donc bleuâtre. Mais cet aspect ne dure que quelques minutes. Un massage suffit pour que tout retourne à la normale. Soumises à une température négative, les cellules graisseuses, vulnérables au froid, vont être éliminées par un phénomène d’apoptose, mort naturelle des cellules. Ces cellules mortes sont ensuite éliminées par voie naturelle, via les reins. La première séance sert en réalité à programmer l’apoptose. Mais ensuite, il faut s’armer de patience, car les premiers résultats n’apparaissent qu’au bout de quatre semaines, explique l’experte minceur. Les cellules graisseuses, quant à elles, sont éliminées définitivement après huit semaines. Pile poil à temps pour le retour de l’été.

Un appareil qui reproduit l’effet du froid sur les amas graisseux.

Est-ce efficace ? 

Le nombre de séances est établi en fonction de la zone à traiter et de la qualité et l’épaisseur de la peau. En général, une séance par zone suffit pour réduire le pli graisseux de 20 à 40 %, selon les cas. Mais en fonction des objectifs, il faudra prévoir de une à trois séances. Pour un résultat satisfaisant, la somme à débourser se situe entre 400 et 600 € la séance. Mais attention, cette méthode n’a rien à voir avec un régime. La perte de poids n’élimine pas les cellules adipeuses. En revanche, elle modifie leur taille, explique Véronique Graillot. Avec la cryolipolyse, c’est différent : on ne perd pas forcément de kilos, mais on mincit. En d’autres termes, on réduit le nombre de cellules adipeuses des zones traitées. Et une fois qu’elles sont éliminées, c’est définitif. Elles ne reviennent pas.

Mais pour Laurent Crenier, responsable de la consultation obésité à l’hôpital Erasme (ULB), si l’efficacité de cette méthode est prouvée médicalement, elle devrait plutôt intervenir en fin de parcours, après une véritable réflexion du patient sur son mode de vie, son équilibre alimentaire. Les gens ont souvent recours à ces techniques par paresse ou par manque de motivation. Mais sans une approche globale — que la plupart des médecins esthétiques encouragent d’ailleurs —, peu ont de vraies chances de succès.