La grippe de l'homme existe-t-elle réellement ?

Contrairement à ce qu'en pense la sagesse populaire - et de nombreuses femmes - les hommes souffrent réellement d'une grippe bien à eux, la "man flu", ou "grippe de l'homme", du moins selon un chercheur canadien qui vient de publier sa dernière étude.

Par AFP. Photo : marcduf / Istock.com. |

Publiée dans l'édition spéciale Noël du site The BMJ, l'étude a été menée par le docteur Kyle Sue, professeur assistant de médecine clinique à l'université Memorial de Terre-Neuve (Canada), qui y explique en détail comment il a examiné des études préalables afin de chercher à en savoir plus sur la "grippe de l'homme", qui désigne un rhume, ou toute autre maladie bénigne similaire, dont souffre une personne de sexe masculin qu'on considère exagérer la sévérité de ses symptômes.

Même si l'incidence et la prévalence des infections virales des voies respiratoires sont élevées dans le monde entier, jusqu'à maintenant aucune étude scientifique ne s'était penchée sur la validité de l'expression "grippe de l'homme".

Parmi les milliers de cas personnels examinés à la loupe dans cette étude, le docteur Sue a découvert des indices suggérant que, loin d'exagérer leurs symptômes, les hommes souffraient effectivement davantage des maladies virales respiratoires que les femmes.

Les études passées au crible montrent que les hommes ont plus de risques d'être hospitalisés et meurent plus souvent d'une cause associée au virus de l'influenza (celui de la grippe) que les femmes du même groupe d'âge qu'eux, quel que soit leur état de santé par ailleurs.

En outre, les hommes sont plus susceptibles de connaître des complications et courent un risque de décès accru s'ils contractent de nombreuses maladies respiratoires aigües.

Une faiblesse du système immunitaire

Le docteur Sue a également découvert des indices suggérant que les hommes couraient ce risque supérieur à cause de la faiblesse relative de leur système immunitaire, ce qui selon lui pourrait résulter d'un avantage évolutionnaire "qui a permis aux hommes d'investir leur énergie dans d'autres processus biologiques, tels que leur croissance, leurs caractères sexuels secondaires, ou la reproduction".

"Rester affalé sur le canapé, ne pas quitter le lit ou se faire aider pour les activités de la vie quotidienne pourraient aussi être des comportements évolutionnaires ayant protégé l'homme des prédateurs", ajoute-t-il. "Il est peut-être temps d'envisager la création d'espaces masculins accueillants, équipés d'énormes téléviseurs et de fauteuils inclinables, où les hommes pourraient attendre leur guérison des effets affaiblissants de la grippe dans la sécurité et le confort."

Il reste à savoir si les femmes seront d'accord, le docteur Sue complétant son propos en notant qu'en dépit de ses découvertes, des recherches supplémentaires de haute qualité sur la grippe de l'homme sont nécessaires, "car on ne sait pas encore avec certitude si la charge virale, la réponse immunitaire, les symptômes et le temps de convalescence peuvent être affectés par les conditions environnementales."