La passion du cigare

Bien que toujours associé à une certaine idée du luxe, le cigare est aujourd’hui courtisé par des catégories d’aficionados bien différentes des clichés véhiculés dans notre société. Les clubs de cigares, de plus en plus nombreux en Belgique, accueillent désormais des jeunes gens et des femmes qui apprécient aussi cet art de vivre.

PAR PATRICK FIÉVEZ. PHOTOS D.R. |

Portés aussi par les produits de luxe qui ne se sont jamais aussi bien vendus, les cigares “premium” grossissent les chiffres de leurs ventes chaque année. La terre de prédilection, la référence absolue reste bien entendu toujours Cuba. En effet, la plus grande île des Caraïbes demeure l’exemple historique pour tout amateur de cigare hecho à mano (roulé à la main, ndlr). Tous les ans, depuis deux décennies, La Havane organise un festival qui reçoit les professionnels, mais également les inconditionnels des volutes bleues du monde entier. Au total cette année, environ 1 300 participants ont fait le pèlerinage cubain. L’occasion de présenter les nouveautés qui seront commercialisées plus tard sur les cinq continents, dans plus de 150 pays.

Un terroir privilégié

Dans la région de la Vuelta Abajo, près de la petite ville de Pinard del Rio, se niche le domaine le plus réputé de l’île (du monde, disent volontiers les Cubains). Comme pour le vin, la notion de terroir est importante pour les cigares. La conjugaison du sol et du climat intervient dans la qualité des plants de tabac. Ici, il faut voir ce sol rouge, ferreux, riche en azote. Il donne les feuilles qui envelopperont les futurs cigares (les capes) les plus fines et les plus recherchées. Alejandro Robaina, aujourd’hui décédé, fut l’un des grands producteurs de ces feuilles utilisées pour les plus grandes marques cubaines, comme Cohiba. Pour le remercier (et aussi pour son soutien à Fidel Castro lors de la Révolution), l’État cubain créa en 1997, de son vivant, une marque à son nom ! Un cas, jusqu’à ce jour, demeuré unique.

Une affaire d'état

À Cuba, le cigare est un monopole d’état. La société Habanos S.A. est une joint-venture (succursale commune entre plusieurs entreprises dans le cadre d’une coopération économique internationale, ndlr.) entre le gouvernement de l’île et le franco-espagnol Altadis, désormais propriété du groupe britannique Imperial Tobacco. Elle a l’exclusivité des ventes des cigares Habanos grâce à des filiales, dont une regroupant les pays du Benelux, basée à Overijse. Une société qui soutient des points de ventes (des “civettes”, pour reprendre ce mot typiquement français), spécialisées dans les cigares cubains.

De Cancun à Bruxelles...

Elle a aussi imaginé des lieux privilégiés pour vendre certains cigares en exclusivité. La Casa del Habano est une franchise qui a été introduite dans le mode entier. La première, en dehors de l’île, fut Cancun, au Mexique. En Belgique, il en existe cinq : à Knokke, Gand, Anvers et désormais deux à Bruxelles. Ouverte depuis peu, celle du quartier européen propose un grand espace avec salon fumoir, où l’on peut confortablement s’installer dans l’un des seize fauteuils club, fumer son cigare et déguster un grand alcool (belle sélection de whiskies, rhums, armagnacs, mezcals...), un café (une quinzaine de breuvages différents) ou un thé sélectionné par l’équipe.

Un endroit cosy où l’on trouve des cigares exclusifs dont certains dits vintages et old school parce qu’ils ont bénéficié d’un plus long vieillissement. Au total, cette Casa propose près de 250 cigares cubains différents ! Toujours en Belgique, on retrouve une quarantaine de magasins arborant le logo Habanos Specialist. Les responsables de ceux-ci ont suivi une formation chez nous et même, pour certains, à Cuba. Aussi, il existe à Anvers un lieu unique sous le signe de la marque prestigieuse Cohiba. Reza, un passionné de la marque qui possède aussi la Casa del Habano dans cette ville, a donc créé l’unique Cohiba Atmosphère belge entièrement dédié à cette gamme très premium et à ses produits dérivés.

Des ventes toujours à la hausse

Les ventes des cigares produits sur l‘île progressent chaque année. L’an dernier, elles ont progressé de 1 % en volume, de 9 % en valeur. Et pour les premiers sept mois de l’année, nous avons constaté une augmentation de 2 % en volume et de 10 % en valeur, nous renseigne Marc De Coen, directeur commercial de Habanos S.A. Benelux.

Il précise : C’est le format “petit”qui demeure le plus vendu chez nous, comme des Monte Cristo No4, Roméo y Julieta tubos No3, Partagas Mille Fleurs, Cohiba Siglo 2... En deuxième position, c’est le “robusto” qui se vend le mieux dans ses déclinaisons Partagas D4, Hoyo de Monterey Epicure No2 et l’incontournable Cohiba.

Des femmes et des cigares

Révolue l’époque où le plaisir des volutes bleues était réservé aux hommes. Dominique Gyselinck est passée d’un hobby à un métier voici une quinzaine d’années. Elle gère avec son mari Frédéric Dechamps deux Casa del Habano (a Gand et Knokke) et des Casa del Tabaco, une marque qu’elle a déposée et qui vend des cigares du monde entier. La première fut créée à Bruges et elle a l’intention d’en ouvrir d’autres à l’étranger. Autre femme qui se démarque dans le domaine, l’Hennuyère Liliane Ceraulo, qui anime également un Club près de Binche. À Wavre, ce sont deux femmes, Linda et Vanessa Vander A (la première est la mère de la seconde), qui tiennent une civette bien connue dans la région, L’Amateur du Cigare, accréditée Habanos Specialist.

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