À la rencontre de Thomas de Dorlodot, un businessman aventurier

Rencontre sur un voilier amarré dans le port de Majorque avec un aventurier des temps modernes, de ceux qui ont su inventer un modèle économique pour vivre de leur passion. Entre sponsors inspirés et réseaux sociaux surboostés...

PAR INGRID VAN LANGHENDONCK. PHOTOS JOHN STAPELS. |

C ’est dans le cadre de sa collaboration avec Club RTL que nous rencontrons Thomas de Dorlodot, sur le tournage de l’émission Tribus consacrée à Young Adventurers dont il est l’initiateur et l’organisateur. Dans ce programme, qui en est à sa quatrième édition, quatre jeunes sont parachutés dans une semaine folle d’aventures et de sports extrêmes. Leur coach, c’est Thomas, 32 ans, parapentiste de l’extrême depuis plusieurs années. Un personnage assez médiatique pour avoir attiré l’attention de Red Bull qui, en 2008, l’a engagé dans son team d’athlètes. Un des rares Belges, aussi : ils sont 8 sur les 400 sportifs que compte l’écurie. Cette année- là, j’étais le premier parapentiste à survoler le Machu Picchu, nous explique-t-il. Un exploit qui m’a valu de passer quelques jours dans les prisons péruviennes. C’est Red Bull, grâce à ses contacts sur place, qui m’a tiré de ce mauvais pas. Un joli scoop médiatique après coup.

Mais quand on n’a comme envies dans la vie que celles de voler, naviguer et d’explorer le monde, il vous faut des moyens: un mécène, un sponsor, un business plan... Une réalité que ce jeune Ottintois a comprise très tôt. Je vole depuis l’âge de 14 ans, c’est ma passion depuis toujours. J’ai très vite imaginé des moyens de financer mes expéditions. Ma première initiative, c’était de faire du porte-à-porte dans mon quartier pour vendre des photos aériennes des maisons de mes voisins prises en vol. Ma petite société s’appelait AirShot, c’est un chouette souvenir.

Je vendais un peu à la tête du client. Si je voyais les gens intéressés, je faisais monter les prix (rires). Mais s’ils refusaient d’acheter mes photos, comme je ne savais rien en faire, il m’arrivait de quand même les glisser dans la boîte aux lettres en partant... Plus tard, grâce à ses études à l’Ihecs, Thomas découvre que la clé pour poursuivre son rêve réside surtout dans l’art de bien communiquer. J’ai compris qu’en ramenant de belles images, des vidéos et du matériel original, je pouvais attirer certains sponsors, leur offrir du contenu exclusif, et organiser d’autres expéditions, toujours plus loin, et de plus en plus élaborées. Dernier exemple en date : le spot de la campagne ciné de la nouvelle VW Amarok, dont certaines images sont tirées de ses voyages.

Search Projects

Thomas passe alors à la vitesse supérieure. En 2011, avec quelques amis, il crée une structure : Search Projects. Nous sommes tous des sportifs, des aventuriers. L’idée était de monter des expéditions pour nous ou pour des entreprises, d’imaginer des aventures ou de viser de nouveaux exploits sportifs et de garantir une visibilité aux sponsors qui nous feront confiance. Non seulement par la livraison de matériel vidéo de qualité, mais aussi par un travail de diffusion auprès de la presse, des réseaux sociaux, etc. Dans l’équipe, trois parapentistes : Horatio Llorens, Théo De Blic et Thomas, mais aussi un cameraman, un photographe, un technicien, un Web designer, un marketer, et Sofia, sa compagne qui gère les réseaux sociaux. 

Nous racontons des histoires autour de notre passion. Et en fait, une aventure comme celle que nous filmons cette semaine est un des meilleurs exemples de ce que nous sommes capables de faire. Effectivement, dans ces quelques jours d’aventures et des sports extrêmes financés par un sponsor et relayés par une chaîne de télévision, tout le monde s’y retrouve : Nous vivons et transmettons notre passion, Lotto Young Adventurers est un contenu exclusif pour Club RTL qui inspire les jeunes, et le sponsor voit son logo mis en valeur dans un programme qui diffuse comme message “Vivez vos rêves”, soit un truc positif et sain. La boucle est bouclée.

Bien sûr, ces expéditions et ces records attisent aussi la curiosité. D’où ces conférences que Thomas donne régulièrement et qui constituent une part importante de son travail. Partager mes impressions me tient à cœur. C’est très agréable de commenter toutes ces photos et ces vidéos prises lors de mes voyages. Mais en me retrouvant dans un auditoire face à un public à mille lieues de mon univers, j’ai aussi réalisé à quel point des ponts pouvaient être jetés, d’une part, entre le sport extrême et la vie elle-même, qui est souvent une aventure en soi, et, d’autre part, entre le monde de l’entreprise et celui de l’aventure. 

Des mondes où, effectivement, l’on parle semblablement de prise de risques, de gestion du stress, de la manière de constituer et diriger une équipe performante... Toutes données importantes pour des parapentistes comme pour un jeune chef d’entreprise. Ces conférences sont un moment d’échange très riche ! C’est aussi pour cette raison que nous avons écrit un livre, L’Aventure de la création d’entreprise. On y retrouve ces mots-clés, ces éléments communs qui nous permettent de prendre de la distance par rapport à ce que l’on fait, et d’échanger sur la manière de gérer les moments de doutes ou les difficultés.

Light is right

Car Thomas garde bien la tête sur les épaules. Une des grandes devises de son team en expédition ? Light is right, ce qui est léger est bien. C’est probablement devenu un vrai mantra dans ma vie. Bien qu’il se réjouisse que Search Project grandisse et soit devenue une petite entreprise performante, le jeune homme refuse en effet de tomber dans le piège de la croissance à tout prix. J’ai vu plein de jeunes CEO s’empresser de prendre des voitures en leasing, de louer de grands bureaux et de mettre en place tout une série de structures qui, au final, les enferment et les limitent dans leurs mouvements. Parfois j’envisage de louer aussi des bureaux. Mais en fait, tant que l’on peut tous bosser assis avec notre PC sur les genoux et laisser toute la flexibilité pour développer nos projets, je pense que nous devons continuer à le faire. 

C’est d’ailleurs parce qu’il conserve cette légèreté que Thomas peut se permettre de bientôt parcourir le globe, pendant deux ans, en bateau, avec Sofia. Ce ne seront pas des vacances pour autant. Je peux continuer à explorer le monde tout en poursuivant mes affaires. Que demander de plus ? Ce que nous faisons ne nous rendra peut-être jamais riches, mais c’est la vie dont je rêvais, car elle est centrée sur l’essentiel.

www.thomasdedorlodot.com, www.searchprojects.net
L’Aventure de la création d’entreprise, Thomas de Dorlodot et Olivier Kahn.
Tribus: Young Adventurers, le 20 octobre à 21h50 sur Club RTL