La Rolls du sommelier est un objet made in Belgium

Convaincus que la dégustation d’un grand vin commence par une ouverture digne de ce nom, les Liégeois Jean-Michel Denis et Cédric Fouarge ont lancé Millesim, une gamme de sommeliers de luxe assemblés manuellement. Rencontre.

PAR CAMILLE HANOT, AVEC JUSTINE ROSSIUS. PHOTOS D.R. |

Les grands crus réclament souvent une somme infinie d’attentions et de savoir-faire, puis de longues années de cave, avant d’arriver à leur pleine maturité. Hélas, bien souvent, on les ouvre avec de quelconques tire-bouchons. C’est à partir de ce triste constat que Jean-Michel Denis et Cédric Fouarge ont imaginé Millesim : des sommeliers au design intemporel, destinés aux passionnés en quête d’exclusivité.

La marque naît en 2000 alors que le duo participe au “Concours du Sommelier du Millénaire”, organisé par la commune viticole de Gevrey-Chambertin, en France. Designers industriels de formation, ils y présentent un prototype qui remporte le prix du plus beau sommelier – que leur remet, entre autres, le maître de la gastronomie Bernard Loiseau. Quelque temps plus tard, les deux quinquagénaires passent au stade de la production.

Le nom de leur premier modèle ? M’08. Avec un huit en référence à l’année de conception du tire-bouchon, et un “M” pour millésime. Car au même titre que les grands vins, les modèles Millesim n’existent qu’en édition limitée, à partir de matières premières nobles, sur mesure ou pas.

Ce qui explique leur coût : la gamme démarre à 595 € et peut monter jusqu’à 3850 € pour un modèle Jewellery – comprenez (très) précieux. Mais quand on aime vraiment le vin, on ne compte pas, comme nous le rappellent Jean-Michel et Cédric, dans leur petit atelier liégeois. 

Votre démarche laisse entendre que la bonne dégustation d’un vin démarre dès son ouverture...

Oui, parce que l’ouverture fait partie du rituel. L’apogée, c’est le goût du vin dans la bouche, mais l’expérience, elle, commence bien avant. Il y a le choix de la bouteille, la qualité de la carafe et des verres, le débouchonnage, le premier nez et puis seulement la dégustation. Nos sommeliers ont été pensés dans les moindres détails pour respecter ce moment presque cérémonial.

En 2008, vous produisiez le M’08 en 20 exemplaires. En 2015, le M’15 atteignait les 200 exemplaires. Comment expliquer le succès de vos sommeliers, malgré leur prix peu démocratique ?

Acquérir un Millesim, c’est acquérir un objet de plaisir et qui traversera le temps. Nos créations sont destinées aux passionnés qui donnent une vraie importance à l’instrument qui libérera leur breuvage, enfermé depuis tant d’années. Ce sont aussi des objets de transmission, garantis pour dix ans ou, pour certains, à vie. 

Ce sont les détails qui font la différence dans vos sommeliers ?

Oui. Nos inserts et écrins sont réalisés dans des matériaux prestigieux tels que des titanes, bois précieux, cuirs et pierres rares, comme l’or jaune et rose. Pour créer ces pièces, nous nous entourons des meilleurs artisans européens. La touche finale, soit l’assemblage, est assurée par nos mains, ici, dans nos ateliers. La particularité de nos sommeliers réside également dans deux autres éléments que nous avons brevetés. Il y a la double lame qui permet de découper la capsule précisément, que vous soyez droitier ou gaucher (elle sert également de pince à bouchon de champagne). On a aussi le système de double levier qui permet d’extraire les bouchons – même les plus fragilisés – sans déchirure. 

Vous proposez un service de personnalisation. Le comble du luxe ?

Il est là pour répondre aux demandes les plus extravagantes. Une cliente nous a récemment commandé une pièce à 1 100 €, en cuir exotique d’iguane. Pour assurer ces désirs de sur-mesure, nous entamons une collaboration avec un maître graveur implanté dans l’Ardenne belge.

Vous êtes présents en Belgique, en France, en Suisse, mais vous annoncez votre volonté de conquérir bientôt les marchés américain et asiatique. Est-ce possible avec une aussi “petite” production ?

La petite quantité est gage de qualité et de rareté. Un leitmotiv qui s’appliquera à tous nos nouveaux produits, comme les couteaux à huîtres, les râpes à truffes et les cuillères à caviar... Leur commercialisation devrait débuter en 2019. 

www.millesim.be

Comment débouchonner dans les règles de l'art ?

Première étape : la découpe de la capsule. Pour respecter la technique à la française, il faut la découper entièrement, au-dessus ou en dessous du bourrelet. Couramment, on choisira “l’en dessous” pour éviter tout contact entre le vin et la capsule d’aluminium, qui pourrait altérer le goût.

La deuxième étape, l’extraction du bouchon, est la plus délicate. Il est impératif de disposer l’extrémité de la vrille du sommelier au centre du bouchon, parallèlement à la bouteille. Sans cela, gare aux déchirures ! La mèche doit être suffisamment enfoncée, mais pas trop, il ne faudrait pas que de petits morceaux de bouchon s’éclipsent dans le vin.

L’idéal : enfoncer le sommelier en laissant une à deux spires visibles, puis de décoller le bouchon, et d’enfoncer ensuite le reste de la vrille. Santé !