Le Château du Mylord : fleuron de la gastronomie locale ?

Au Château du Mylord, grande maison deux étoiles, les produits des frères Thomaes sont exceptionnels, la cuisine de haut vol. Ici, la richesse des détails fait la différence.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Le Château du Mylord, au joli Pays des Collines, épouse tous les codes de la maison bourgeoise de tradition. Un manoir en style normand, une déco classique, mais en moins guindé. Ici, du chef Jean-Baptiste Thomaes aux commis de salle en passant par le sommelier Bart Lamon et le chef pâtissier Christophe Thomaes (le frère), personne ne se prend franchement au sérieux. Chez les Thomaes, la différence, celle qui fait la grande table, est très simple à comprendre : le travail en amont est très compliqué. Certes, les produits sont exceptionnels ; certes, on pratique de la cuisine de haut vol, mais c’est la richesse des détails, la créativité des assaisonnements, qui sont ici les déterminants de l’excellence.

Exemple avec la vinaigrette huître-kiwi qui enchante les légumes d’un joli plat de barbue, et les merveilleuses sauces servies généreusement (et terminées à la petite cuillère par Florence, mais par pure politesse, hein !) Une petite déception, vite oubliée, sur un plat signature : la fricassée de langoustines à l’estragon et embeurrée de carottes. Si les langoustines étaient parfaites, les carottes étaient très “carottes“, sans le “twist” qui emportait les autres plats. Par contre, il y a un chef pâtissier, et le dessert, que l’on choisisse le fameux chariot ou la version “à l’assiette”, est une véritable fête qui réveille l’appétit, jusqu’aux mignardises parfaitement ciselées.

Les vins ? On a failli perdre Florence sur le forfait proposé, elle n’a pas fini tous les verres. Bart Lamon sort certes des classiques français mais reste très policé dans ses choix (des vins élégants à mille lieues des tendances naturopathes). Une belle sélection, tout en finesse et conforme à l’esprit du lieu. On n’est pas là pour bousculer le client (sauf le naturopathe, vous l’aurez compris...)

L'addition

On l’a dit, on est dans une grande maison. Prévoyez la sortie pour une demande en mariage, un divorce ou tout autre projet un tant soit peu audacieux, ça pourrait scorer. Nous, pour la première fois de notre carrière dans ces pages, nous avons été invités par surprise, sans négociation possible (*). Nous étions venus goûter “un petit menu” (85 € tout de même) et avons été gentiment poussés vers celui à 135 € (7 services). Mais pour les gastronomes de moins de 28 ans, il existe le mercredi soir un menu à 75 €, tout compris.

(*) Les invitations sont monnaie très courante dans le domaine de la critique gastronomique. Nous avons choisi, pour cette chronique, de ne pas les accepter, mais il aurait fallu ici aller jusqu’à faire un esclandre.

Château du Mylord, 35 rue Saint-Mortier, 7890 Ellezelles. T. 068 54 26 02. Fermé lundi et mardi. www.mylord.be.