Le secret des chaussures de luxe "made in italy" de Louis Vuitton

Le savoir-faire italien en matière de maroquinerie n’est pas une légende. C’est donc à Fiesso d’Artico, près de Venise, que Louis Vuitton a installé sa manufacture de chaussures. Qualité oblige...

PAR MAGALI EYLENBOSCH – PHOTOS D.R. SAUF MENTIONS CONTRAIRES |

Invités cet été à découvrir les secrets de fabrication des souliers Louis Vuitton, nous nous sommes rendus à Fiesso d’Artico, véritable petite capitale des chausseurs située le long des rives de la Brenta. Ici, les matières premières, mais surtout les gestes des artisans de la région font d’eux les maîtres incontestés des souliers de haute qualité. L’imposant bâtiment en béton, érigé en 2009 après trois années d’études et de construction, abrite une incroyable fourmilière.

C’est ici que les idées du Directeur Artistique des collections Femmes, Nicolas Ghestquière, prennent vie. Dès l’entrée, le ton est donné. Dans le patio, Priscilla, une œuvre en forme d’escarpin géant de l’artiste Joana Vasconcelos, donne le la. C’est sûr, on va parler chaussures, le péché mignon de la plupart des modeuses. Péché pour lequel il faudra quand même débourser entre 500 et 1 500 €, le prix d’un beau chaussant griffé, on le sait.

Un secteur en or

La marque communique peu sur les chiffres, elle confie quand même que la demande est aujourd’hui supérieure à la production, pour les modèles les plus tendances. On ne sait pas encore quel sera la pièce phare de l’automne-hiver, mais la saison passée, les étranges baskets Archlight, inspirées des chaussures de basket-ball des années 90, ont fait fureur.

Ce n’est pas un hasard si on les retrouve déclinées dans une version haute ou en cuissardes quand le mercure baisse. Et parce que chaque client doit trouver chaussure à son pied, la marque se distingue à peu près dans chaque exercice. Escarpins vertigineux et bottines futuristes, élégants mocassins ou sneakers chic et sportives, à chaque département son soulier. L’équipe de Fiesso d’Artico sait concrétiser tous les désirs.

Ceux des clients lorsqu’il s’agit de Made-to-Order (un secteur réservé essentiellement à la clientèle masculine), et ceux de la direction artistique de la Maison, qui transmet sa vision à l’équipe de style. Le challenge consiste chaque fois à allier le sublime, le surprenant et le timing frénétique d’une préparation de défilé... Sécurité oblige, nous n’avons pas été autorisés à prendre des photos des modèles en attente de validation pour les prochaines saisons (gare à la concurrence).

Á la pointe du savoir-faire

Si rien n’est trop fou ou trop complexe pour les ateliers, c’est non seulement parce que les artisans affichent une maîtrise zéro défaut, mais aussi parce que les prototypes sont étudiés et testés jusque dans les moindres détails. On retrouve d’abord Gigi Agostini qui façonne les formes à la main d’après le dessin du styliste. Une véritable épreuve d’artiste qui sera ensuite transformée en impression 3D et permettra une prise de mesures précise avant de créer un moule en plastique.

Le prototype d’une chaussure femme est toujours réalisé en 37, c’est une norme standard. Dans une autre pièce, des échantillons des différents cuirs existants, déclinés dans mille et une couleurs vont permettre au Directeur Artistique de faire un choix. L’étendue des possibilités est ici infinie : veau, autruche, alligator et autres cuirs exotiques... Un million de combinaisons est possible.

Chaque prototype passe ensuite l’épreuve du feu. Andrea est chargé des tests depuis trois ans. Rien ne lui échappe. Avant de donner un “ok” pour la production, il malmène sans pitié cuirs, boucles et autres talons. De nouveaux tests seront effectués sur la chaussure terminée. Ils permettront notamment d’évaluer l’interaction entre les différents matériaux et leur résistance dans des conditions extrêmes. Le spécialiste compare aussi les produits des autres grandes marques. Le but étant de proposer “le” meilleur soulier du marché à une clientèle cosmopolite et exigeante.

Lorsqu’un modèle est enfin validé, il entre alors en chaîne de production. Chez Louis Vuitton, toutes les étapes de fabrication sont rassemblées sous le même toit. Un modèle nécessite entre 150 et 250 opérations faites à la main. Un travail qui demande soin et précision. Le moindre détail requiert une opération spécifique, de la fixation manuelle du talon jusqu’à l’application d’une retouche de couleur sur la couture d’une ballerine.

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