Les conseils de Michel Cymes pour entretenir nos méninges

La beauté, on le sait, n’est pas qu’affaire d’apparence. Ce que l’on fait à l’intérieur se verra forcément à l’extérieur. Le médecin et animateur télé préféré des Français éditait récemment un ouvrage pour nous apprendre à entretenir nos méninges… On s’inspire  !

Par Gilda Benjamin. Photos reporters. Illus Paola Cecere |

Entre ses émissions sur France 5 et France 2, ses chroniques radio sur RTL, ses livres et ses consultations, Michel Cymes, avec son humour pince-sans-rire, a tout du boulimique proche du burn-out. Pourtant, non : l’homme applique quotidiennement les conseils qu’il nous prodigue et jure qu’il a du temps pour lui et sa famille, affichant une mine réjouie et une ligne impeccable. Un esprit fin dans un corps sain, ça existe.

Après le corps dans Vivez mieux et plus longtemps, vous rédigez un livre sur le cerveau. Logique ?

Le succès m’a laissé penser qu’il était possible d’écrire un livre par rapport à cette tour de contrôle qui constitue l’essentiel de notre vie et de notre bonheur. La question principale était de savoir s’il existe des moyens de protéger son cerveau et de le laisser vieillir correctement. Ma façon, à moi, de parler de santé est de le faire de façon détendue, souriante si possible, et accessible. C’est le meilleur moyen de faire passer un message, je le vois aussi bien dans mon exercice de médecin à l’hôpital que dans mes émissions et mes livres. Et si le vieillissement est inéluctable, ce n’est pas pour autant qu’on va finir grabataire avec le cerveau en guimauve ! Il y a mille choses à faire à tout âge. J’espère que chaque lecteur terminera le livre avec bonne humeur et espoir, et surtout l’envie de picorer les conseils les plus adaptés à sa vie. L’idée n’est pas obligatoirement d’à la fois gravir le Mont Ventoux, pratiquer le yoga, la méditation et la sophrologie !

Vous insistez sur l’importance de se lancer un défi, à la mesure de nos possibilités…

Oui, et cela vaut pour tout le monde. Marchez 6 000 pas par jour. Vous serez tellement content que vous passerez ensuite à 10 000. Et vous aurez une meilleure estime de vous, de quoi alimenter ce qu’on appelle “le bonheur dans le cerveau”. J’ai 59 ans et j’ai été frustré, durant 55 ans, de ne pas jouer d’un instrument de musique. Je me suis mis au saxophone il y a quatre ans. Je ne ferai jamais partie d’un orchestre mais je m’en fous, je prends du plaisir.

Plaisir et bonheur sont-ils les maîtres mots de ce livre ?

Le philosophe Alain a dit “Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté”. Oui, on peut travailler son optimisme. Les scientifiques l’ont calculé : le bonheur, c’est 40 % de génétique – certains naissent avec plus de jovialité que d’autres - et 10 % de conditions de vie. Le reste représente la variante sur laquelle on peut jouer. Notamment en donnant un sens à notre vie, en exerçant notre cerveau. Le soir, faites une liste de ce que vous avez aimé et pas aimé dans votre journée, et arrêtez-vous sur ce qui vous a plu. OK, je suis à la télé et je gagne bien ma vie, mais je ne vis pas chez les Bisounours ni ne suis complètement naïf. Chacun, en se posant les bonnes questions, peut faire le tri entre les moments de plaisir à même de compenser des activités obligatoires et peut-être moins plaisantes et trouver l’étincelle nécessaire. J’ai une chance incroyable et m’estime comblé. Mais j’ai su, à certains moments de ma vie, me poser, éviter le trop-plein. Il faut apprendre à dire “non” et hiérarchiser ses envies et ses priorités.

Si le corps va, l’esprit va aussi ?

Le cerveau est un organe qui, plus que tout autre, reçoit du sang. Et dans le sang, il y a ce que vous bouffez ! Mettez de l’essence pourrie dans votre moteur et voyez le résultat… Pas besoin de devenir obsessionnel et de virer vegan, il suffit de connaître ses besoins : des Omega 3 pour les neurones, des vitamines… Bref, une alimentation équilibrée. Exemple : les amandes sont très bonnes pour le cerveau, j’en ai toujours un sachet avec moi et j’en prends une poignée le matin. L’activité physique permet une meilleure oxygénation du cerveau. On prend aujourd’hui sa retraite à 60 ou 65 ans, autant rester en forme et les avancées scientifiques permettent de vivre un futur en meilleure santé. Mais il ne faut pas attendre de la médecine tout ce qu’on peut faire nous-mêmes.

Vous savez équilibrer vos conseils. On n’est pas convaincu par l’huile de foie de morue mais on dit oui au cacao !

Moi j’adore le foie de morue et je me prends de temps en temps une petite boîte. Mais ne vous forcez pas si vous n’aimez pas ça puisque la notion de plaisir doit rester primordiale. Vous craquez pour le chocolat ? Prenez-le à 70 % de cacao et vérifiez les étiquettes pour ne pas vous faire berner.

Vous indiquez certains exercices de mémoire et gestes simples. Écrire pour compenser le temps passé devant les écrans. Répéter sans pour autant radoter. Ce n’est pas ringard aujourd’hui ?

Tout est question de concentration. Si vous garez votre voiture et que vous téléphonez en même temps, il y a de fortes chances pour que vous ne vous rappeliez pas où vous l’avez laissée ! Il faut adopter des stratégies qui font appel à la mémoire visuelle. Tout le monde connaît la phrase “Mais où est donc Ornicar” pour se rappeler des conjonctions de coordination. Il s’agit du même principe. Vous l’appliquez pour votre code bancaire, en choisissant une date anniversaire ou des chiffres symboliques pour vous. Faites-le en d’autres occasions, cela vous évitera de stresser dès que vous avez un trou de mémoire.

Qu’avez-vous appris avec ce livre?

Le dernier truc qui m’a marqué, c’est de découvrir que le cerveau de l’embryon fabrique 500 neurones par minute ! 

5 conseils à suivre sans effort pour un cerveau au top

• Acheter une paire de baskets et commencer une activité physique.
• Prendre le temps de faire le point sur votre vie, d’établir ce qui vous plaît vraiment et ce qui vous embête prodigieusement, les choses ET les gens. Hop, on dégage tout ce qui pollue votre existence, ou le plus possible.
• Trouver un défi, une motivation nouvelle, quelque chose que vous avez vraiment envie de faire, que vous vous interdisiez et qui, pourtant, s’avère accessible. Un défi qui vous remplit de joie à l’idée de le réussir.
• Voir et rendre les autres heureux procure du bien à votre cerveau. Le simple fait de sourire sécrète des neuromédiateurs. Alors souriez, dites “bonjour” dans l’ascenseur, il y en aura toujours un pour vous répondre.
• Écrire, pour stimuler les zones du cerveau relatives à la mémoire. Parler à haute voix, ça stimule la mémoire auditive. Apprendre, toute la vie, de quoi garder ses sens en éveil. Et rire : les endorphines dégagées favorisent la concentration.