Les Zabonprés, le restaurant cosy aux allures de coin de paradis

Sur l’Amblève, à Stoumont, Les Zabonprés, c’est ce petit coin de paradis dont on a hésité à vous parler parce qu’on aurait voulu le garder pour nous.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Il faut un peu sillonner dans la vallée puis prendre un tournant très serré à droite, le long des rails. Beaucoup loupent le panneau “Les Zabonprès” et continuent la balade qui est ma foi fort jolie, mais ne nourrit pas. Il faut ensuite passer sous la voie ferrée, longer le pré dans lequel glandent Pinot noir et Pinot gris, les deux ânes. Une fois garé, on passe devant le potager pour rejoindre la grande terrasse ombragée du restaurant.

Immanquablement, Kamo, le chien si joli qu’il a l’air fait en velours,vient vous accueillir de sa démarche tranquille et élégante. On sent que c’est son job et qu’il le fait avec sérieux. On a un faible pour les grands fauteuils où on peut prendre l’apéro. Quand on ferme les yeux, et pour peu qu’aucun enfant ne hurle à la mort parce qu’il est tombé dans les cailloux, on peut écouter les clapotis de l’Amblève et les canards qui papotent en langue canard... Les Zabonprés, c’est ce petit coin de paradis dont on a hésité à vous parler parce qu’on aurait voulu le garder pour nous, de peur que trop de monde ne vienne perturber ces après-midi passés à somnoler dans les fauteuils, des moments volés qui valent toutes les vacances du monde.

La carte

À 1h20 de Bruxelles, on s’offre un gros shoot de vitamine D, d’air frais, de vin (nature) et de gratouilles sur la tête du chien. Derrière ce lieu magique, il y a Cécile Leblanc. Ce dimanche-là, elle aide en cuisine pour combler l’absence inopinée d’un employé. Au service, il y a Fabienne et son incroyable spontanéité quand elle fait goûter le vin : Alors, tuerie ? Oui, tuerie, avec zéro défaut, cet incroyable riesling de chez Schueller, dix ans d’âge, une fraîcheur et une minéralité à tomber, et un Bildstoecklé (Schuller aussi), un des meilleurs pinots noirs que nous avons bu ces dix dernières années (les vrais amateurs : laissez tomber, on a réservé les deux dernières bouteilles. Elles sont à nous. Reculez!). La vieille ferme du XVIIIe, le long de la rivière, abrite un restaurant tout cosy, qu’on adore l’hiver. Mais dès qu’il fait beau, Cécile sort la terrasse. Et c’est l’atout majeur des Zabonprés. 

On y mange quasi les pieds dans l’eau, entre une grande table familiale, un couple d’un certain âge et son minichien qui semble rebondir  sur le sol et un monsieur qui sort sa vieille maman toute apprêtée et parfumée. Et on y mange quoi, me demanderez-vous ? Ni bistronomique, ni gastronomique, ni néocantine, mais une bonne cuisine de brasserie, version “petits producteurs” et “élevé pas trop loin d’ici”, le tout avec une touche épicée pour réveiller la vieille maman pomponnée (et la néochroniqueuse culinaire au palais délicat).

On prend le menu du marché à 37 €. En entrée – on est trois –, le bel artichaut breton qui arrive tout rempli d’une poêlée d’écrevisses et de courgettes au curry, les asperges blanches à la flamande qui se laissent saucer le beurre sans broncher et le risotto à l’ail des ours qui nous laissera peut-être une haleine de poney et un sourire verdoyant, mais il valait le coup. En plat, le filet de sandre à l’huile de persil, les côtes de porc ibérique en croûte de muesli et l’américain maison.

Le verdict

On aurait bien deux trois remarques, comme une légère surcuisson ici, un peu trop d’épices là-bas et une certaine générosité en huile herbacée. Or, non seulement ça ne gâche pas le plaisir, mais en plus, le clapotis de l’eau, le vin de chez Schuller et le coin-coin des voisins palmés viennent nous rappeler que si on mange vraiment bien au Zabonprès, la cuisine n’y surpassera de toute façon jamais le cadre, même si deux chefs triplement étoilés y officiaient en chœur. On quitte notre table (et le petit chien des voisins qui rebondit au lieu de marcher) pour s’affaler comme d’heureux cachalots repus dans les dodus fauteuils de la terrasse.

Entre deux ronflements, on termine le repas en mâchouillant un agréable ananas rôti au rhum et un succulent café liégeois au peket. Ne claquez pas la porte en sortant, on fait la sieste. Kamo à nos pieds, le clapotis de l’Amblève en berceuse.

Les Zabonprés, 3, Gare de Stoumont, 4987 Stoumont. T. 080 78 56 72. www.zabonpres.com. Au printemps et en été : fermé le lundi, mardi et samedi midi sauf pour les groupes. En automne et en hiver : ouvert le vendredi soir, samedi et dimanche.