L'évolution du manteau des années 50 à 2000 par Max Mara

S'il est une pièce iconique du dressing féminin et masculin, c'est bien le manteau, le long vêtement de laine qui nous enveloppe tel un cocon. Une maison italienne a su, davantage que les autres, revisiter cet intemporel faussement classique. Balade dans l'histoire de la mode au coeur des archives de Max Mara.

PAR INGRID VAN LANGHENDONCK. PHOTOS D.R. |

La grande expo itinérante consacrée à l’héritage stylistique de la maison Max Mara fait actuellement escale à Séoul. L’occasion de revenir sur les soixante-cinq années que la marque italienne a consacrées aux manteaux en laine et en cachemire. Un parcours sans faute pour cette maison fondée en 1951 par un certain Achille Maramotti, fils de couturière, juriste de formation, qui voulut appliquer à l’industrie de la mode les concepts de la Haute Couture italienne de son époque. Il fit donc partie de ces pionniers qui introduisirent le prêt-à-porter dans son pays, et reste célèbre pour avoir dessiné le premier manteau Couture à un prix abordable.

Dès le départ, la différence entre la maison de Monsieur Maramotti et ses concurrents réside justement dans cette approche : Je crée pour la femme du médecin de province, déclare-t-il un jour en interview. Loin d’être péjorative, cette affirmation englobe toute la problématique de la confection à cette époque. Une attente chez un public qui recherche des pièces de qualité, qui aime le chic et les belles coupes, mais dans des prix abordables. 

Le QG de Max Mara dans les années 60, dans la ville de Reggio d’Emilie.

Défi relevé par Maramotti qui, en bon businessman, veille à accorder toute son attention au produit. Il n’y a donc pas de culte du designer, chez Max Mara, mais des collaborations au fil de son histoire avec des créateurs qui lui permettront de rester en permanence à la pointe de la mode, sans rien concéder aux exigences du marché.

À la fin des années 60, la maison ouvre ses premières boutiques et développe un réseau qui s’étend désormais sur près de nonante pays. Aujourd’hui encore, l’enseigne reste dans la mode synonyme de qualité, d’élégance peu tapageuse, mais toujours juste. Et ses manteaux restent produits quelque part entre Parme et Modène, au coeur de l’Emilie italienne. D’ailleurs, comme le rappelle l’expo coréenne, depuis 1981, peu de choses ont changé.

Entre le patronage et la coupe, il y a toujours pas moins de septantetrois étapes pour fabriquer un manteau. Retour sur une petite histoire de la mode à travers son manteau clé.

www.maxmara.com

Années 50 : Tendance Haute Couture

La Haute Couture française fait tourner le monde. Le New Look de Monsieur Dior n’en finit pas d’inspirer la mode et c’est justement ces modèles que décide de produire Achille Maramotti. Ainsi, les premières collections ont un petit air que n’aurait pas renié Cristobal Balenciaga ou Hubert de Givenchy : un manteau en camel, un tailleur rouge géranium, une ligne impeccable, un joli col en fourrure, une touche d’astrakan et une réalisation inspirée de la Haute Couture. Le succès est immédiat.

Années 60 : Swinging sixties

Les tendances se déplacent vers le Swinging London : les femmes admirent la classe de Jackie Kennedy et d’Audrey Hepburn. Les modèles se raccourcissent, les manches trois quarts se généralisent, le manteau est tantôt évasé à la Twiggy, tantôt ceinturé mais toujours un peu pop.

Le Manteau Alaska, dessiné au début des années 60 rappelle singulièrement celui porté par la future first lady juste avant l’élection de JFK.

Années 70 : Mara X Sportmax

Maramotti est un visionnaire, il a déjà compris la différence entre ce qu’il appelle “Fashion” et “Vogue”. Fashion, c’est ce que les femmes portent pour être belles, ce sont des pièces iconiques, intemporelles, c’est la forme sublimée du vêtement. Vogue est une notion plus temporelle, c’est ce que les femmes portent pour se sentir à la mode. Fort de cette constatation, Maramotti crée sa seconde ligne : Sportmax et explique à la presse : Fashion is Max Mara, Vogue is Sportmax ; c’est le début de l’âge d’or de la mode italienne.

Parmi les créateurs qui ont dessiné pour Max Mara, on retrouve des noms comme Jean-Charles de Castelbajac ou Karl Lagerfeld, qui signe en 1971 ce manteau jaune citron, étonnant de classicisme et de modernité en pleine période folk.

Années 80 : L'icône Beretta

Ce sont les années d’or du manteau. La femme le porte en toutes circonstances et, surtout, épaulé à l’extrême. Autre manteau mythique de la griffe : The 101801, dessiné par Anne-Marie Beretta devenu légende et porté par de nombreux tops. Avec ses épaulettes carrées, il se porte comme un bouclier ; et le cheveu crêpé, absolument. Il s’en vendra pas moins de 135 000 exemplaires en 1981, mais il est encore et toujours intégré dans chaque collection hiver de la marque, inchangé !

L’actrice italienne Alba Clemente portant le 101801 en 1982.
La toute première esquisse du manteau 101801 par Anne-Marie Beretta.

Années 90 : Veine minimaliste

Monsieur Maramotti passe la main, la maison devient un groupe et consolide sa présence dans le monde de la mode. Le minimalisme est en vogue et des mannequins comme Carla Bruni ou Linda Evangelista prêtent leurs visages aux campagnes Max Mara.

En 1993, Carla Bruni pose dans un modèle dessiné par Max Malduk.

Années 2000 : Expo mythique

La consécration: le Staatliche Museum de Berlin organise pour la première fois une rétrospective dédiée à la marque et à son travail sur le manteau. Seront exposés pas moins de soixante modèles mythiques et des archives de la marque, son histoire, son développement.

Carolyn Murphy, dans un manteau dessiné par Steve Meisel en 1999.