L'interview jazzy de Puggy

Le pianiste Jef Neve et le bassiste de Puggy, Romain Descampe, nous racontent leur amour du jazz et où l’apprécier (voire le découvrir) en bonne compagnie.

Par Gilda Benjamin. Photos DR sauf mention contraire. |

D’un côté, on a Jef Neve et son petit air de Tintin. En dépassant régulièrement les frontières du jazz, ce pianiste de formation clasique enchante les publics à travers le monde, en trio basique ou avec un orchestre symphonique. Son nouvel album Spirit Control inclut d’ailleurs un quatuor à cordes. Ce n’est pas un disque jazz, pas un disque classique, c’est un disque Jef Neve !

De l’autre, on a le Français Romain Descampe, bassiste du trio bruxellois Puggy. Si leur dernier album Colours n’en finit pas de faire danser les foules (ils seront entre autres à l’affiche du BSF cet été) avec ses hits pop rock, il y a dix ans, c’est le jazz qui a permis à Romain de croiser le guitariste et chanteur anglais Matthew Irons et le batteur suédois Egil “Ziggy” Franzen. Parce que le premier disque du genre a été enregistré il y a tout juste cent ans (le 26 février 1917, à New York), l’un et l’autre nous expliquent pourquoi nos clubs de jazz sont parmi les meilleurs du monde, et pourquoi on a vraiment tort de ne pas assez les fréquenter.

Comment se fait-il que le jazz soit à la source de Puggy ?

ROMAIN : Matthew et moi nous sommes rencontrés au Jazz Studio à Anvers, où nous prenions des cours. Je connaissais Ziggy depuis un bout de temps. Nous avions en commun notre passion pour celui qui est, à nos yeux, le meilleur bassiste du monde : Michel Hatzigeorgiou, du groupe belge Aka Moon. Nous allions beaucoup le voir sur scène, notamment au Sounds ou au Tavernier à Bruxelles. Nos premiers concerts, nous les avons d’ailleurs donnés dans des clubs ou des festivals de jazz. Il y a quelques mois, lors d’un concert à l’Olympia, le batteur Stéphane Galland, aussi d’Aka Moon, et le trompettiste Ibrahim Maalouf, nous ont rejoints sur scène. Le jazz continue à nous accompagner. D’ailleurs, le quatrième de la bande qui nous accompagne sur scène, au clavier, Matthieu Vandenabeele, est un jazzman hallucinant.

Quelle est la caractéristique du paysage du jazz en Belgique ?

JEF : Il offre une diversité incroyable. On s’y montre inventif, on ose, comme d’ailleurs dans toutes les formes d’art en général. Je suis très fier d’être un musicien de jazz belge.

ROMAIN : Il y a une vraie ambiance jazz à Bruxelles. La Belgique fourmille de projets et de talents. Il faut aller voir les artistes sur scène car, en jazz, les formations sont parfois éphémères, le temps de quelques concerts.

Qu’est-ce que c’est un bon club de jazz ?

JEF : En tant que musicien, un bon club ou une bonne salle de jazz doit avoir un excellent piano, en tout cas un instrument qui a une âme. L’accueil, l’atmosphère, des gens chaleureux et passionnés avec qui partager des émotions sont aussi essentiels.

Qu’est-ce qui vous attire en tant que spectateur ?

JEF : Une bonne carte de vins (sourires). Et, bien sûr, la programmation. J’ai toujours envie de découvrir de nouveaux artistes, j’ai donc une préférence pour les endroits qui mettent en avant la jeune génération.

Où sont vos clubs préférés ?

ROMAIN : À Bruxelles. On va régulièrement au Sounds boire des coups après nos concerts, ou au Music Village. On a également joué à la Jazz Station. Tous ces endroits affichent une belle programmation.

JEF : Le Sounds, où j’ai commencé plus ou moins ma carrière, est effectivement resté un endroit magique. J’ai aussi des souvenirs émus de salles comme Flagey, où j’ai joué mes premiers concertos, et De Roma à Anvers, récemment rénové. Mais un club que j’adore est De Singer, à Rijkevorsel. Et aussi le Hot Club à Gand et le Jacques Pelzer à Liège.  

Sounds Jazz Club, 28 rue de la Tulipe, 1050 Ixelles, www.soundsjazzclub.be
Hot Club Gent, 2 Schuddevisstraatje, 9000 Gent, www.hotclub.gent
De Roma, 329 Turnhoutsebaan, 2140 Borgerhout, www.deroma.be