Mes produits de beauté  ? En pharmacie

Soigner ses achats cosméto au rayon médicaments a le vent en poupe. Chaque année, les ventes de cosmétiques progressent de 5 % dans les 4950 pharmacies belges. A-t-on raison d’y dépenser, en tout ou en partie, notre budget beauté ? Trois gélules d’explication…

PAR Catherine Malaise. Photos DR. |

L’univers des pharmacies a bien changé : marques plus nombreuses, gammes bio ou glamour, rayonnages séduisants, vitrines qui font de l’œil. Davantage de choix, de tentations, de catégories de produits pour une même attente : la certitude d’ingrédients 100 % tolérés par la peau. Deux clientes sur trois, en effet, estiment souffrir de sensibilité cutanée. S’il n’existe pas de conditions d’accès légales à la vente en officine, le pharmacien peut néanmoins dire oui ou non à une marque. C’est son libre arbitre, explique Roland de Cocq, General Manager de Cosmétique Active Benelux. Mais il refusera d’hypothéquer son image de sérieux et sa caution médicale en commercialisant des produits dans lesquels il n’a pas confiance. Ses compétences professionnelles lui permettent par exemple de vérifier la composition d’un antirides ou d’un hydratant. Et chaque ”candidat” qui vient frapper à sa porte est décortiqué : formule, mode d’action, tests… 

Attention, ces précautions ne signifient pas qu’il existe ailleurs des produits malsains ou dangereux ! Chaque mise sur le marché passe par des procédures exigeantes. Le soin, quel qu’il soit, doit en effet prouver qu’il correspond à la définition d’un cosmétique : ne pas provoquer d’effets secondaires ni franchir la barrière de l’épiderme. 

Santé et air du temps

La notion de santé est primordiale pour le pharmacien, continue Roland de Cocq. Il en est le premier conseiller. On vient facilement lui parler et il aide à faire le tri parmi la foule d’informations dont dispose aujourd’hui le consommateur. Il est aussi le premier maillon des systèmes de cosmétovigilance mis en place par des marques comme Vichy. La cosmétovigilance ? Un processus qui consiste à avertir la marque, à envoyer un client consulter – tous frais remboursés – un dermatologue pour subir des tests et enregistrer les résultats dans une base de données à l’échelle mondiale. Ce système peut conduire à faire évoluer une formule. En sachant que la vraie allergie demeure rare et imprévisible. Vous pensez avoir une réaction à un produit ? Vous reviendrez en 

informer le pharmacien. Mais le feriez-vous en grande surface ?  Comme le relate Roland de Cocq, l’origine de la présence des cosmétiques en pharmacie remonte aux années 30. À l’époque où ceux-ci étaient réservés à quelques happy few, un médecin d’une station thermale, le docteur Haller, cofondateur de la marque Vichy, fut le premier à viser la beauté par la santé de la peau. Il eut l’idée de vendre ses soins, basés pour la première fois sur les typologies cutanées, dans un circuit démocratique ouvert à tous : les pharmacies. D’autres marques issues du thermalisme de santé ont suivi : Avène, Uriage et La Roche-Posay, spécialiste des pathologies cutanées et partenaire des oncologues pour soulager la peau lors des traitements contre le cancer.

Plus qu’un produit, une sagesse

Dans un monde de plus en plus anxiogène et en plein brouillage de repères, les gens ressentent un besoin de sécurité. Les valeurs de santé et de confiance de la pharmacie sont perçues comme des réponses rassurantes aux bouleversements d’aujourd’hui. C’est un circuit traditionnel avec des valeurs totalement actuelles ! conclut le boss de Cosmétique Active Benelux.

Un pharmacien est censé parler “vrai : son discours est réaliste face à la cosmétique qui, au passage, est devenue “dermocosmétique”. C’est donc une forme de sagesse que l’on vient chercher : celle du conseil et aussi du rapport qualité-prix. En moyenne, deux fois moins cher qu’en parfumerie… La Rolls de notre gamme, le Sérum Liposomal, y est proposé à 35,90 €, confirme Giovanni Oliveri, le manager belge de la marque suisse Louis Widmer. Pour lui, la confiance ressentie n’est pas qu’une histoire de blouse blanche. Un pharmacien connaît bien l’anatomie et la physiologie de la peau qu’il a étudiées lors de sa formation universitaire. Il possède aussi la maîtrise de la galénique : autrement dit, les textures. Non seulement il sait comment se fabriquent crèmes et gels mais il en crée aussi lui-même lorsqu’il reçoit l’ordonnance d’une préparation magistrale. Les laboratoires Widmer ne sont pas adeptes du slogan qui suggère un résultat assuré. Leur crème de jour s’appelle Crème de Jour et leur soin corps, Emulsion Corps. Point barre. En revanche, ce sont des fabricants de médicaments contre l’acné, l’herpès et l’eczéma séborrhéique. Notre force est de produire nos cosmétiques avec les mêmes exigences dermatologiques et selon le protocole sévère des médicaments.

Le glam' qui fait du bien à la peau

Efficacité, tolérance, sécurité : les valeurs fondamentales des lignes dermatologiques et “historiques” de la pharmacie sont aussi défendues par les marques “plaisir”. Chacune s’impose une chartre stricte de formulation et de production. C’est le cas de Nuxe qui a fait entrer le glamour en pharmacie. Choisir ce circuit n’était pas un choix marketing, confie sa vice-présidente exécutive Cécile Debièvre. Il nous correspond car sous la sensorialité de nos soins, il y a 45 brevets, des formules toujours développées en interne, un labo de microbiologie à l’usine et un service de cosmétoviligance. Être présent parmi les produits de pharmacie aide à cultiver nos exigences de rigueur et d’innocuité, à nous dépasser et à être innovants. Ce supplément de sensorialité, estime-t-elle, a attiré dans les officines une nouvelle clientèle.
Avec des marques comme Lierac, Darphin, Puressentiel, Caudalie ou Filorga issue de la médecine esthétique, la séduction fait également partie de la posologie !
Le sérieux reste néanmoins de mise, même pour la high-tech naturelle Garancia dont la fondatrice, Savéria Coste, est docteur en pharmacie… 

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