Pourquoi les blogs culinaires sont-ils un marché bouillonnant ?

Ils mettent en scène leurs plus belles assiettes, partagent leurs recettes gourmandes et meilleures “places to eat”. Les blogueurs food ne cessent de creuser l’appétit des internautes... Et d’attiser celui des marques, qui voient en eux des ambassadeurs de choix.

PAR JUSTINE ROSSIUS, AVEC I.V.L. PHOTOS D.R. |

Quel serait votre premier réflexe pour dénicher une recette de pancakes, un dimanche matin ? Tapoter des mots-clés dans Google. Le géant des moteurs de recherche vous mènerait alors vers l’un des nombreux blogs culinaires traitant du sujet. Ces plateformes ont explosé au début des années 2000. Un bon moyen au départ, pour les passionnés de cuisine, de simplement répertorier leurs recettes fétiches, à l’instar de Myriam Baya, auteure du blog La Cuisine c’est simple. Je l’ai lancé il y a sept ans, pour communiquer mes recettes à mes copines. Mais aujourd’hui, cuisiner puis photographier mes plats m’apporte une vraie satisfaction, explique celle qui allie activité de blogueuse et job dans la publicité.

Un profil classique : selon une étude réalisée l’an dernier, 91 % des blogueurs food exercent une activité annexe — c’est plus que la moyenne des blogueurs, toutes thématiques confondues. Cet attrait pour le blogging culinaire est à mettre en relation avec un autre phénomène qui a également démarré dans la première décennie du XXIe siècle : les émissions culinaires telles que Top Chef et Un Dîner Presque Parfait. À la télévision, la cuisine a la cote parce qu’elle rassemble et qu’elle met nos sens en éveil. Un succès d’audience qui gagne désormais les grands médias en ligne : du Point au Huffington Post, ils sont de plus en plus nombreux à réaliser et diffuser leurs propres e-recettes.

Authenticité et échange

Nous assistons à une food revolution, avance Audrey Thiriar, fondatrice de l’agence Tribe, dédiée à la foodosphère. Le grand public a pris conscience de l’importance du bien-manger et réapprend à cuisiner. Il a besoin d’inspiration digitalisée, pratique et gratuite. Dans ce cadre, les blogueurs constituent des personnes dignes de confiance. Une hypothèse confirmée par Manon de Meersman, 22 ans, fervente adepte des plateformes culinaires et créatrice du label Potimanon : Avant, je lisais des magazines culinaires, mais j’ai eu envie de découvrir des recettes testées par ceux qui me ressemblaient. Les blogueurs utilisent des ingrédients faciles à trouver et n’abusent pas de techniques de grands chefs... Et puis, si la recette ne se passe pas comme prévu, j’interagis directement avec le blogueur ; ce qui n’est pas possible avec un livre !

Une aubaine pour les marques

Les blogs gourmands cartonnent auprès du public et attirent logiquement les annonceurs. Les entreprises savent qu’elles doivent être présentes sur les réseaux, notamment par le biais des influenceurs, souligne Audrey Thiriar. Cet appétit féroce des marques, Myriam Baya le constate au quotidien : Je suis contactée par de nombreux labels qui me demandent d’inventer une recette avec leurs nouveaux produits. On me propose également des partenariats rémunérés, pour des produits qui ne me sont pas foncièrement destinés. Pourtant, selon Audrey Thiriar, pour perdurer face à une concurrence accrue, ces gastronomes 2.0 devront se réinventer en se spécialisant. Les marques préfèrent viser un blog de niche au public restreint, mais convaincu et fidèle, qu’un blog généraliste ! Personnellement, je ne regarde pas le nombre de followers des blogueurs que j’invite à mes événements presse !