Quand Cartier signe le retour de la Santos

Cartier a revisité le design de l’une de ses montres mythiques, encore plus élégante, dotée d’un calibre maison et d’un bracelet interchangeable. Présentation.

PAR MAGALI EYLENBOSCH. PHOTOS D.R. SAUF MENTIONS CONTRAIRES |

Lorsqu’on a dans ses cartons une pièce emblématique, il est tout à fait légitime de lui offrir de temps en temps un petit lifting. En 1904, Louis Cartier a imaginé l’une des toutes premières montres-bracelets pour son ami Alberto Santos-Dumont. Elle permettait enfin au célèbre aviateur de lire l’heure en plein vol. En 1978, Cartier rhabille la Santos d’un bracelet métal, spécialement fabriqué pour elle et lance une version inédite en or et acier. Un objet culte était né, qui fait toujours parler de lui.

Cette année, la presse a en effet fêté le retour d’une nouvelle Santos lors du dernier Salon international de la Haute Horlogerie de Genève. Certes, ses lignes ont été modernisées, mais la montre reste fidèle à ses codes originels : son style à la fois sportif et élégant n’a pas pris une ride. Rencontre à Milan, lors de son lancement européen, avec Pierre Rainero, à la tête du style, de l’image et du patrimoine chez Cartier.

La Santos a déjà vécu plusieurs vies. Pourquoi avoir choisi 2018 pour la revisiter ?

C’est une question d’envie, pas une décision stratégique. Deux propositions esthétiques essentielles ont jalonné son histoire : celle de sa naissance, sur bracelet cuir, et celle sur bracelet métal, en 1978. Cette fois, nous avons réuni ces deux propositions en une puisqu’elle peut être portée indifféremment avec un bracelet cuir ou un bracelet métal interchangeable. Il y a également deux modifications importantes. D’une part, l’ouverture du cadran, et de l’autre, le changement de la lunette, qui est intégrée et annonce la présence du bracelet. 

Alberto Santos-Dumont

On ne peut pas nier qu’il y a un cycle, les années 80 sont omniprésentes actuellement...

Si nous avons eu envie de retravailler sur cette montre, c’est probablement parce que nous sommes influencés par ce qui se passe autour de nous. Nous pouvons aussi nous poser la question du “cycle” et de la maturation du design des objets. Le bracelet de 1978 a eu un côté très pionnier. On tombe régulièrement sous le charme de ces modèles qui sont à la fois très contemporains et s’inscrivent dans un univers collectif.

C’est une montre au départ pensée pour un homme. Pourtant, beaucoup de femmes ont envie de porter la Santos.

Les objets peuvent en effet être beaux indifféremment, qu’ils soient portés par les femmes ou par les hommes. Là, on a pris le parti de la présenter comme une montre masculine parce que Santos-Dumont, qui l’a inspirée, évoluait dans un univers “traditionnellement” masculin. Mais la liberté est totale ! Depuis que je la porte, j’ai aussi constaté que beaucoup de femmes l’appréciaient. 

Elles traversent les générations...

Omega, Jaeger-LeCoultre, Rolex : d’autres grandes maisons horlogères peuvent s’enorgueillir d’avoir créé une montre iconique. 

Militaire et citadine 

La guerre, bien que dévastatrice, encourage parfois l’innovation. Entre 1940 et 1945, Omega a fourni plus de 110 000 montres au ministère de la Défense britannique pour équiper les soldats de la Royal Air Force et des autres corps de l’armée. À la fin du conflit, le monde connaît une vague d’optimisme, la marque est au sommet de sa créativité et répond immédiatement à la demande du public : créer une montre dotée des mêmes technologies, à la conception tout aussi fiable et robuste, mais esthétiquement plus adaptée à la vie civile.

Lancée en 1948, la ligne Seamaster est la toute première famille de montres Omega. Elles sont encore plus étanches que les versions militaires grâce à l’utilisation de joints toriques. Pour célébrer le 70e anniversaire de la Seamaster, Omega a créé deux éditions limitées à 948 exemplaires qui incarnent l’esprit des modèles classiques de 1948. 

Sportive et élégante 

La Reverso de Jaeger- LeCoultre est née d’un défi. Celui de concevoir un modèle qui puisse résister aux matchs de polo des officiers de l’armée britannique en Inde. En 1931, l’ingénieur français, René-Alfred Chauvot, à la demande de la Maison Jaeger, dépose un brevet pour l’invention d’un boîtier doté d’ergots, capable de coulisser et de se retourner sur lui-même. Mariant innovation, élégance, et offrant mille et une possibilités de personnalisation au verso (initiales, armoiries...), la Reverso remporta un succès immédiat. Le modèle connut des hauts et des bas.

En 1972, un distributeur de la marque Jaeger-LeCoultre achète à la Manufacture toutes les pièces restantes du modèle (environ 200 unités). Les ventes décollent et la montre devient un symbole de l’industrie horlogère suisse, mise à mal par le succès du quartz. 

Étanche et luxueuse 

L’Oyster (huître, en anglais) de Rolex, première montre étanche au monde, démarre son incroyable aventure en 1926. Elle a révolutionné l’idée qu’on se faisait d’une montre, mais a aussi réussi à s’imposer comme un symbole du luxe. Lorsque le fondateur de la marque, Hans Wilsdorf l’a présentée à une assemblée de détaillants horlogers en janvier 1927, il a dit : Messieurs, nous fabriquons la meilleure montre-bracelet au monde.

À l’époque, on pensait qu’il s’agissait d’un effet de mode, que les mouvements de ces montres, fortement miniaturisés par rapport à ceux des montres de poche, ne seraient pas pérennes. Aujourd’hui, l’Oyster se décline dans une collection comptant une quinzaine de gammes : les classiques telles que la Datejust, la Day-Date et la Sky-Dweller et les montres professionnelles dédiées à des activités spécifiques telles que l’Explorer, la Submariner ou la GMT-Master II.