Quel avenir pour les centres commerciaux et les boutiques de mode ?

Alors que les premières estimations confirment une baisse de fréquentation dans les centres commerciaux durant les soldes, une étude européenne révèle que l’habillement s’impose comme la première catégorie d’achat sur internet pour les européens. Doit-on en conclure que nos « shopping centers » sont en train de mourir à petit feu?

par Ingrid Van Langhendonck. Photo : Belga. |

Le showrooming

La réponse est non. Contre toute attente, les marques qui se portent le mieux sont celles qui jouent la carte de la diversité des canaux; celles qui associent une boutique en ligne efficace et performante à un réseau de boutiques physiques. Pourquoi ? Parce que si le client apprécie le confort du shopping en ligne, il continue à avoir besoin de sentir le produit, d’apprécier le modèle et la matière ; sans compter que les catégories de population plus âgées (à fort pouvoir d’achat) restent encore un peu méfiantes face à la dématérialisation du commerçant et préfèrent un interlocuteur en chair et en os. La nouvelle fonction des boutiques serait donc d’assurer le ‘showrooming’ : une exposition des produits qui va aujourd’hui bien au delà de la simple mise en scène, il est question de faire vivre au client une véritable expérience de marque, de le convaincre au delà du simple produit et de créer du lien entre lui et une marque. Pour cela, les innovations vont bon train et les changements s’opèrent déjà à commencer par les grandes chaînes de prêt-à-porter: cabines intelligentes, marketing olfactif, coin de dégustation dans la boutique, etc.

La toute puissance de l’e-shopping

Début juillet, Nike annonçait un partenariat avec le géant du retail Amazon pour la livraison de ses chaussures. Doit-on y voir le signe d’un glissement vers toujours plus de ventes en ligne ? C’est irréversible ; l’avantage du web est qu’il permet d’offrir des promotions permanentes, de vendre hors des frontières et de recruter de nouveaux publics en récoltant en ligne des informations précieuses sur les habitudes d’achat des internautes.

Les gros acteurs du prêt-à-porter l’ont déjà bien compris et développent des e-shop et applications qui proposent retours gratuits, des alertes sur vos produits préférés, un remboursement express en cas de retour et offrent même les frais de port si vous optez pour la livraison en boutique (qui est aussi une manière de maintenir du trafic dans les boutiques, et la boucle est bouclée).

L’hégémonie des réseaux sociaux

Le 11 juillet dernier, coup de tonnerre sur la planète mode: le concept store Colette à Paris annonce sa fermeture. Plus qu’une boutique, Colette était par excellence le lieu des nouvelles émergences, un découvreur de talents et de tendances. Officiellement, Colette Roussaux, sa fondatrice, prendrait sa retraite, mais il se murmure dans le milieu que le rythme et l’organisation physique d’une boutique ne permettent pas de rester de véritables précurseurs face à Instagram, Snapchat et l’opportunité qu’ils offrent de voir une tendance faire le tour de la planète fashion en moins de 24 heures.

Les tendances aujourd’hui naissent en ligne et c’est bien souvent là que le consommateur va puiser son inspiration. Les marques l’ont compris et travaillent à développer aussi bien l’expérience de marque en boutique et en ligne. Le shoppeur 2.0 aura donc l’embarras du choix.