SemSom, la street food libanaise revisitée

A Ixelles, SemSom sert une version fraîche, fine et allégée des classiques de la cuisine libanaise. Une adresse d'où on sort en sautillant, avec un grand sourire.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Généralement, quand la planète food branchée se pâme à l’unisson devant une nouvelle cantine healthy, où il faut ab-so-lu-ment aller découvrir la revisite d’un truc à manger que tout le monde fait depuis toujours mais qu’on sert ici dans de la vaisselle un peu moche mais sûrement faite par une ancienne directrice marketing reconvertie dans la poterie vegan et la culture de graines de keffir, on est plutôt du genre à grogner de mépris en suçotant un os à moelle. Mais Carlo a eu l’occasion de passer chez SemSom et, à force d’insister — à croire qu’il est payé par le lobby du falafel — j’ai dit “OK”. À Ixelles, sur un coin de la rue Lesbroussart, entre Flagey et la rue du Bailli, soit le quartier où naît une néocantine par semaine, la jolie devanture repeinte en noir de ce snack libanais qu’il faut ab-so-lu-ment essayer. À l’intérieur, une clientèle plutôt jeune, gentiment cool sans être totalement caricaturale, et une file devant le comptoir — à croire que tous ces gens ont été privés de houmous pendant des années. Ce qui serait inhumain, il faut l’avouer.

Le concept

La déco est parfaitement dans l’air du temps : des plantes vertes qui cascadent, des cactus à contre-jour, des banquettes en bois adoucies par des coussins et une note vintage avec des jolis luminaires en verre. C’est cosy et malgré l’étroitesse du lieu, on n’aura jamais l’impression de manger sur les genoux du voisin, même si les complexes d’arcade sourcilière de la fille de la table d’à côté n’ont désormais plus aucun secret pour nous. La file des affamés du houmous se résorbe assez vite, laissant apparaître le Graal, un comptoir en verre qui ressemble à un magasin de bonbons pour adorateurs de légumes : houmous classique, au curcuma, à la betterave ou à la betterave marinée au piment, carottes à l’orange, concombre à la fleur d’oranger, tabouleh libanais, pois chiches grillés, caviar d’aubergine et moutabal (sa version fumée), salade de lentilles et de crudités, petites courgettes fourrées au fromage frais. Pour 2,60 € les 100 g, on en fait une assiette à déguster sur place ou un bol (on dit un bowl dans les néocantines) à emporter.

L'assiette

Pas d’os à moelle ? Non, l’endroit n’est pas très viandu sans être totalement végétarien. Quelques petites choses chaudes contiennent des protéines animales, comme les kebbeh, ces boulettes oblongues fourrées à la viande hachée et au sumac. On leur préférera les falafels. Des bombinettes, on vous prévient. Car la cheffe Karen Anidjar fait ici des merveilles.

On commande une grande assiette mixte et un mannoush, sorte de piadina replète cuite au feu de bois et badigeonnée de zaatar, ce mélange d’épices dont il existe autant de recettes que de grands-mères orientales, dans lequel on trouve généralement du thym, du sumac, du sésame, de la marjolaine, des graines de coriandre, voire de cumin. Ledit mannoush arrive chaud, moelleux, légèrement huilé sans baigner, fourré avec des crudités et des légumes lacto-fermentés. Réconfortant et super frais à la fois.

L’assiette composée est à l’avenant : presque un mezze libanais traditionnel mais allégé, pimpé, twisté - appelez ça comme vous voulez, nous on essaie d’éviter le très éculé “revisité”, même s’il collerait ici parfaitement.

À boire ? De la bière ou du vin libanais. Nous, on prend une limonade maison à l’anis étoilé, au goût peut-être un peu trop délicat pour nous. En dessert, il y a ce jour-là un assortiment de petits baklavas. Un nom qui m’évoque un mélange de crise d’hyperglycémie et de pistaches coincées dans les dents. Sauf que chez SemSom, même ça, c’est meilleur qu’ailleurs. Une phrase qui résume d’ailleurs assez bien le lieu. Car avec tout le respect que j’ai pour les restos libanais, dont certains sont des institutions à Bruxelles, on leur préfère cette version fraîche, dont la finesse des assaisonnements et les versions allégées des classiques font qu’on sort en sautillant comme des cabris et avec un grand sourire (plein de persil du tabouleh).

Ah oui, on oubliait… La note. Moins de 30 € à deux. On reviendra.

SemSom, 95 rue Lesbroussart, 1050 Bruxelles. T. 02 647 12 01. Ouvert du lundi au samedi midi et du mercredi au samedi soir. www.semsom.be