La nécessité de représenter la diversité dans la mode

Les égéries choisies par les marques incarnent une forme d'idéal de beauté, que ce soit directement ou indirectement. Ces femmes jouent dès lors un rôle crucial dans notre perception de la beauté. Si certains labels restent sur des canons classiques, d'autres marques s'attachent à représenter toutes les formes de beauté... 

PAR ZAHRA BENASRI PHOTO: Unsplash/Instagram @bluelela,@noraattal,@aaron_philip,@hesui923, @imaanhammam, @neelamkg, @liuwenlw, @fashionweek, @enbogaconcarla |

Un manque de représentation

L’importance de représenter la beauté des femmes de façon diverse est plus que nécessaire à l’aube de 2020. Ce sujet est davantage discuté Outre Atlantique, où les écarts entre les types de peau sont encore plus marqués, dans une multitude de domaines. En Europe, le sujet des discriminations liées à l'ethnie est presque tabou. La mode comme toujours est le reflêt de la société, et elle tente aujourd'hui de s'affranchir de son passé. Les femmes sont les actrices prédominantes dans le milieu de la mode et de tout temps, la pression liée à la beauté a été plus forte pour elles.

Les stricts diktats autour des standards de beauté ont longtemps exclu un bon nombre de femmes pour leur taille ou leur poids, mais surtout pour la couleur de leur peau ou la texture de leurs cheveux. trop longtemps absente aussi bien des podiums que des campagnes publicitaires, la mode a trop longtemps envoyé comme message que seules les femmes de type caucasien existaient, les autres types de femmes étant longtemps rest&eacutes invisibles. A quelques rares exceptions, le choix d’un mannequin noir ou asiatique pour une couverture est resté longtemps un évènement pour certains magazines. Ces derniers ont alors tous fièrement titré: « première mannequin/égérie noire/asiatique… en couverture ». N’est-ce pas étrange que cela semble aussi exceptionnel de représenter une femme de couleur ?

Une industrie qui veut donner confiance en soi

Certains considèrent toujours la mode comme artificielle ou futile, c'est sans compter la taille de cette industrie sur notre économie, et encore moins l’impact considérable qu’elle peut avoir (positivement ou négativement) sur la confiance en soi. Alors que l’on nous a trop souvent assuré qu’être belle c'était mesurer 1m70 et faire une taille 34, la question se pose chez de nombreuses femmes: « Si je n’ai pas ces mensurations, est-ce que ça veut dire que je ne suis pas belle ? ». Ce point mettra beaucoup de femmes d’accord : leur corps n’est pas représenté par la mode. 

Une petite fille asiatique ou noire car elle ne voit aucune femme lui ressemblant dans les magazines ou à la télévision peut remettre en question sa propre beauté. Pourquoi est-il plus difficile de dire que leur couleur n’est pas représentée dans la mode que de dire que leurs corps ne le sont pas ?

Heureusement, sous l'impulsion de certains visionnaires comme Yves Saint Laurent, la mode est un art qui peut aussi inspirer des hommes et des femmes et donner un regain d’assurance dans la perception qu'ils ont d’eux-mêmes. Les temps changent : aujourd’hui beaucoup de maisons de couture font fièrement défiler les pièces de leurs collections sur des jeunes femmes aux beautés diverses, multiples et inspirantes. Même si le chemin à parcourir reste considérable. 

La différence entre égérie et mannequin

Les égéries de campagnes publicitaires des plus grandes marques ont fait voler en éclat les tabous de la diversité. En 2014, l’actrice Lupita Nyong’o mexico-kenyane, devenait le nouveau visage de la marque Lancôme pour présenter sa gamme de fond teint Idole Ultra 24h. L’année suivante, Rihanna devenait la première égérie noire de la maison Dior pour sa collection automne-hiver. La chanteuse rejoignait la liste des ambassadrices de la griffe prenant place aux côtés de Marion Cotillard, Nathalie Portman ou Jennifer Lawrence…   Quant à Estée Lauder, la marque fut plus avant-gardiste et décida après 57 ans d’ancienneté d’être représentée pour la première fois, en 2003 par une égérie noire en la personne de Liya Kebede, actrice et mannequin éthiopienne. En 2011, Liu Wen mannequin chinoise fut la première égérie asiatique de la marque de cosmétique.

L’Oréal Paris est une marque plurielle qui a toujours su s'entourer d'ambassadrices diverses telles que Leïla Bekhti ou Eva Longoria, ou plus récemment Viola Davis. Qu’est-ce qui fait que ces femmes de couleur ont été choisies ? Elles sont actrices, chanteuses ou personnalités de la vie médiatique, elles entrent en quelque sorte dans le monde de la célébrité par le biais d’une activité artistique et pas simplement pour leur plastique, inspirantes, elles ont une réelle influence. Il y a une différence entre le visage d’une femme pour une publicité et cette même femme défilant pour une maison de Haute Couture.

Sur les podiums, les femmes noires sont longtemps restées absentes. Yves Saint-Laurent fut pionnier en faisant défiler Katoucha Niane et Rebecca Ayoko, premières mannequins noires dans les années 1980. En comparaison, d'autres marques comme Dior ont attendu presque 70 ans avant de faire défiler une femme noire. La Maison Chanel a attendu aussi avant de clôturer un de ses défilés avec une mariée noire, en la personne d'Alek Wek. Si les femmes noires prennent peu à peu leur revanche, qu'en est-il des femmes asiatiques, arabes, ou indiennes … Les trois top modèles Naomi Campbell, Iman et Bethann Hardison ont déclaré un jour: « Saison après saison, les maisons n'emploient qu'un seul ou aucun mannequin de couleur ». Et même si on voit aujourd'hui davantage de mannequins de couleur dans les défilés des Fashion Week, leur présence semble être plus souvent une caution de diversité plus qu’une volonté de plus large représentation. 
 

Diversité pour la beauté

La demande d’avoir plus de diversité ne veut pas dire que les femmes grandes, fines et blondes ne sont pas belles. Kate Moss est belle, Naomi Campbell l'est aussi et si la mode internationale à trop longtemps représenté un seul type de femme, il semble que ce soit avant tout culturel. La représentation de toutes les beautés s'impose, aujourd'hui il est important de montrer que des petites brunes ou rondes, rousses, asiatiques, native américaines, arabes, scandinaves, hispaniques, indiennes ou noires... sont belles. La beauté n’est plus réservée à une ethnique ou une couleur. Et comment dire à toutes les femmes qu'elles sont belles, sinon en leur montrant des beautés qui leur ressemblent.

Autant de beautés que d'humains

Ici nous nous concentrerons que sur les femmes de l’industrie de la mode mais la diversité s'étend aussi pour toutes personnes au-delà de son genre, sa corpulence, son âge, son poids, le besoin de représentation est nécessaire pour l’humain simplement. La marque Victoria Secret en 2018, fit défiler Winnie Harlow jeune femme atteinte du vitiligo, la maladie de dépigmentation de la peau. En 2019, la même marque annonça que Valentina Sampaio serait la première mannequin transgenre à devenir un de leurs ‘anges’. A Kiev en Ukraine, la jeune Alexandra Koutas fut la première mannequin en fauteuil roulant. A tout juste 18 ans, Aaron Philip est mannequin, queer, noir, handicapé. Les noms s’enchaînent, les listes des personnes différentes se rallongent. Le tout est d’arriver à ce qu’il n’y ait plus ces listes, plus aucune surprise, plus de nécessité à devoir préciser la couleur, le genre, la taille ou l’âge de la beauté. 
Vous êtes juste belles et beaux et c’est déjà bien superbe. 
 

Voici qui une galerie qui représente un large panel de beautés. 
 

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