Bosser en famille : quand mères et filles deviennent collègues

En s ’associant, ces femmes ont choisi de capitaliser sur le lien unique qui les unit. L’occasion de se pencher sur les petits et grands bonheurs liés à ces collaborations en duo. 

Par Marie Honay. Photos : DR. |

La fondation d'art de Juliette et Caroline

Lorsqu’elle a comonté une fondation centrée sur l’oeuvre de son père, le sculpteur belge Roger Jacob, Caroline a choisi d’y impliquer ses enfants. Aujourd’hui, elle la gère avec le soutien de sa fille Juliette. Caroline aide aussi Juliette dans la gestion de Como en Casa, le restaurant auquel est intégré l’espace d’exposition de la fondation.

L'héritage familial repris avec succès

CAROLINE : " En 2002, à la disparition de ma mère, il a fallu vider la maison de mes parents. C’est à ce moment que j’ai pris conscience que tout ce qui avait été préservé du travail de mon père était son unique empreinte. Il s’agissait d’objets et de réalisations qu’on ne voyait plus mais qui étaient, en fait, les vestiges d’un travail construit par mon père tout au long de sa vie. C’est là que nous avons décidé de créer la fondation pour faire redécouvrir cet artiste à une autre génération. Et puis, j’ai aussi quatre filles qui n’ont jamais connu leur grand-père. Elles ont vécu avec ses réalisations sans leur donner un sens. C’était donc pour moi l’occasion de leur ouvrir un pan de leur histoire familiale et culturelle. C’était aussi une manière de leur faire prendre conscience qu’il était l’important de préserver et de transmettre cet héritage. Au final, cette aventure m’a procuré une grande fierté. J’avais cependant la responsabilité de m’assurer que les générations suivantes poursuivraient correctement cette transmission. C’est pour cela que j’ai proposé à ma fille aînée, Juliette, de prendre une part active à l’aventure."

JULIETTE : "Je suis tombée dans la marmite artistique à ma naissance : mon arrière-grand-mère était peintre, mon grand-père sculpteur et j’ai toujours vu ma mère travailler avec mon oncle pour organiser des expositions. Tout comme elle, je n’ai pas tout de suite pris conscience de l’ampleur de la tâche qui nous attendait. Mais quand l’opportunité m’a été donnée de réaliser ce travail d’investigation sur l’oeuvre de mon grand-père, j’ai tout de suite été partante. Nous avons fouillé des archives, retrouvé des témoins et là, je me suis rendue compte de la fragilité des choses : les gens ne sont pas éternels, les traces disparaissent, etc. Une fois le travail de recherche réalisé, encore fallait-il faire vivre l’oeuvre de mon grand-père : décider d’un projet, s’y tenir, aller jusqu’au bout de sa réalisation."

Un épanouissement personnel 

CAROLINE : " Au final, cette aventure m’a procuré une grande fierté. J’avais cependant la responsabilité de m’assurer que les générations suivantes poursuivraient correctement cette transmission. C’est pour cela que j’ai proposé à ma fille aînée, Juliette, de prendre une part active à l’aventure."

JULIETTE : "Au final, je suis fière et heureuse d’avoir réalisé tout cela. D’autant plus avec ma mère qui m’aide aussi beaucoup au restaurant. Nous avons maintenant enclenché une dynamique qu’il faut perpétuer sans quoi tout le travail accompli jusqu’ici retombera dans l’oubli une nouvelle fois."

Les bijoux de Ghislaine et Laurence-Marie 

Elles sont gemmologues et passionnées de bijoux. Depuis 2014, elles créent à quatre mains une ligne de joaillerie. Ghislaine traque les pierres qui entrent dans les créations que sa fille dessine : bagues, colliers, bracelets, créoles agrémentées de pampilles interchangeables en topaze, pierre de lune, quartz fumé…

Dans votre duo, l’une est-elle dans l’ombre de l’autre ?

LAURENCE-MARIE : " Le nom de la marque nous a été suggéré par des proches, fascinés par notre duo. Il en dit long sur notre manière d’interagir dans le travail et dans la vie. Nous nous connaissons par coeur. Travailler ensemble dans le respect de nos limites nous paraît donc assez évident. Dans un premier temps, j’ai essayé de convaincre maman de prendre des cours d’informatique. Puis, finalement, j’ai compris que ce n’était pas son truc. Les tableaux Excel, les mails et les réseaux sociaux restent mon domaine d’expertise. On pourrait également croire que dans la mesure où c’est moi qui dessine, je suis davantage dans la lumière. Ce n’est pas le cas. Lorsqu’un couple nous choisit pour dessiner une bague de fiançailles, le choix des pierres vient en premier. C’est maman qui s’en charge pendant que je l’assiste. Dès qu’on passe à l’étape design, les rôles s’inversent, tout naturellement."

GHISLAINE : " Dans le monde de la joaillerie, presque toutes les maisons portent le nom de famille de leur fondateur. Notre choix reflète notre envie de véhiculer notre complémentarité. J’ai repris mes études de gemmologie après avoir élevé mes enfants. Il est évident que le futur de notre maison, c’est Laurence-Marie qui va le dessiner. D’autant que notre ambition est de faire grandir le projet sur plusieurs générations. L’idée, c’est de nous trouver place Vendôme dans trois générations (elle rit). Cette vision d’avenir n’implique pas que je me place en retrait. Je dirais plutôt que notre complicité est totale."
 

Le magasin de mobilier de Viviane et Marie 

Il y a cinq ans, Marie, ancienne avocate, revient du Midi de la France, où elle vivait depuis quelques années, et décide, en tandem avec sa mère Viviane, économiste, d’ouvrir Audace au pluriel, un magasin de mobilier et d’objets pour la maison.

Qui tient le rôle de la cheffe ?

MARIE : " Les choses s’organisent de manière très naturelle. Nous avons monté ce projet à deux, nous visitons les foires et les salons ensemble et, quand il nous est arrivé de déléguer l’aménagement d’un coin du magasin ou d’une vitrine, on n’était pas toujours convaincues ! Cet espace, c’est une affaire qui nous ressemble. Il est évident que lorsque maman arrêtera de travailler, je serai seule à bord, mais je n’y pense pas et cette réalité ne fait en tout cas pas de moi la cheffe de l’entreprise. À l’origine, nous pensions que nous allions avoir des goûts différents, mais au final, nos achats sont tous des coups de coeur communs."

VIVIANE : " Le respect contribue à cette absence de hiérarchie. Marie a quatre frères et une soeur. Le mercredi, je ne suis jamais au magasin. Cette journée, je la consacre à mes petits-enfants. Une manière de maintenir un bon équilibre au sein de la famille. Notre planning professionnel ne fait jamais l’objet de tensions. Aucune de nous n‘impose des choses à l’autre. Cette ambiance sereine se ressent. Nos clients et fournisseurs semblent d’ailleurs apprécier notre complicité tant professionnelle que privée. Quand nous sommes ensemble au magasin, le plus souvent, je suis avec un client pendant que Marie se charge de l’administratif ou vice-versa. On ne se marche pas sur les pieds. Il nous arrive même d’être tellement absorbées que j’en oublie de raconter des anecdotes à Marie. Mes autres enfants — que je vois moins souvent —sont au courant avant elle, qui passe pourtant ses journées avec moi ! "
 

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