Bruxelles : que vaut Kamoun, le nouveau resto du chef de My Tannour ?

Cette semaine, Carlo et Flo s'attablent chez Kamoun, le dernier restaurant de Georges Baghdi Sar, chef d’origine syrienne aux multiples réussites, dont la formidable saga de My Tannour. Qu'ont-ils dégusté ? Découvrez leur verdict.

Texte et photos: Florence Hainaut et Carlo De Pascale. |

Tout d’abord, petit souvenir de mangeur itinérant. C’était il y a au moins sept ou huit ans, mon vieil ami Frédéric, que j’ai connu à la maternelle du Chant d’Oiseau à Woluwé, me propose d’aller dîner dans mon quartier d’alors, Flagey, au C’chiccounou. « Au quoi ? Oui, t’inquiètes, le nom est bizarre, mais c’est “genre cuisine libanaise”, c’est très bon et à des prix raisonnables ». D’ailleurs ça s’appelle même à l’époque, C’chiccounou by Georges, et parce que ça fait déjà longtemps que je suis dans le business du bavardage culinaire, je ne peux m’empêcher de me demander ce jour-là, mais c’est qui ce Georges du “by Georges” ?

Surtout, malgré les tables très serrées, la déco en planches de chantier et le joyeux désordre animé qui règne là, on passe une très bonne soirée à manger (à l’époque, en espagnol dans le texte) des tapas orientales avec un je-ne-sais-quoi de plus percutant que d’autres adresses similaires en Belgique.

La vidéo du jour : 

On apprendra par la suite que Georges, syrien d’origine arménienne (leur nom, au départ est Baghdisarian) est arrivé tout jeune en Belgique, avec un appétit féroce de savoir culinaire et de savoir tout court, qu’il a fait ensuite l’école hôtelière de Namur et s’est constitué un solide bagage, qui s’est rajouté à la culture culinaire de sa famille et de ses origines. Ajoutons à cela, une envie d’entreprendre jamais démentie, en mode try and errors souvent, mais avec aussi de très belles réussites.

On l’a dit, la saga de My Tannour, c’est lui, avec carton plein à Ixelles et Saint-Gilles et au food court Wolf (tout ça, dans la capitale) et un petit repli stratégique rapide à Waterloo. Georges a aussi créé une petite enseigne de madeh, toujours du pain et de la viande, mais différent…Et voilà qu’à la suite d’une rencontre avec les repreneurs du My Tannour de Waterloo (où ils ont ouvert une enseigne de poké bowls) naît…. une association pour refondre totalement l’enseigne historique C’chiccounou et en faire Kamoun, cumin, en arabe.

Dans l’assiette

Donc, chez Kamoun, il y a du brunch le week-end, mais la semaine, c’est le soir que ça se passe en mode “cuisine à partager”, et d’ailleurs, dans le cas de la cuisine orientale (maintenant, on dit levantine), ça fait ontologiquement partie du concept. Petite coquetterie du lieu : certains plats sont déposés à même la table (ils arrivent sur du papier et la nappe est aussi en papier, on se rassure tout de suite), et encore pas tous : le houmous, notamment, reste sagement sur assiette. 

Tout d’abord, cette trouvaille géniale, de l’ordre de ces petits moments qui te font aimer t’attabler au restaurant pour un détail, de ceux qui font tout : on te pose une superbe brioche israélienne challa sur la table, un mortier, un pilon, de l’ail, de l’huile et des épices. Florence s’empare des outils – elle adore l’ail – et nous prépare l’huile parfumée que l’on va éponger vite fait avec une gourmandise inouïe. Cela nous rappelle à la fois la brioche spirale de Bozar (Bruxelles) que la viennoiserie broodservicede Hertog Jan (Anvers). Juste dingue.

Le houmous (12 €) est servi en mode fully loaded et assure tranquillement son statut de houmous de luxe. Les frites épicées (7 €) sont noyées sous la sauce à l’ail (la vraie, qui ressemble à une mayo mais où il n’y a presque pas d’huile). On prend l’option shawarma (5 €), qui nous est proposée avec le houmous et on se régale. On zappe le poulpe entier parce que nous ne sommes que deux estomacs ce soir-là, et on se rattrape sur une immense crevette sauvage (22 €), parfaitement grillée et assaisonnée, c’est mieux que du homard, si, si !

Georges est en cuisine : J’ai envie d’y passer un peu de temps, mettre le resto sur des rails, et je m’amuse ». Et en effet, l’homme maîtrise le feu et les épices, ça fait plaisir de le voir heureux et de manger ici la cuisine de sa main. On enchaîne avec le chou-fleur rôti (14 €), et le coquelet, rôti lui aussi (24 €). Le feu, c’est la hype de 2023, sauf qu’ici ça vient du cœur et de l’Orient. On ne t’invente pas des justifications à la Jean-Claude Van Damme pour te justifier le barbecue. 

On boit ? Des cocktails bien balancés et même sans alcool pour certains. Du vin nature qui nous change des errances vineuses du C’chiccounou des débuts. On se finit ? Avec une baklava pas maison, mais réalisée par un maître oriental, grec pour le coup, Nikolas Koulepis, pâtissier ixellois déjà renommé.

En conclusion? 

L’addition grimpe vite, mais les produits sont de qualité. Pour vivre encore mieux l’expérience du partage, on reviendra au moins à quatre, histoire de poser un poulpe entier sur la table, flanqué de la souris d’agneau et en espérant que ce Kamoun (by Georges) garde encore quelque temps…Georges en cuisine avant que ce boulimique ne se lance dans de nouveaux projets !

Infos :  29 rue de la Levure, 1050 Ixelles. Ouvert le soir du lundi au samedi 
18h30-23h (deux services). Brunch samedi et dimanche de 10h à 16h

Plus d'infos sur kamoun.be

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