Cap sur Gênes, la ville verticale

Géographie oblige, la capitale de la Ligurie est bâtie à la verticale. Douze ascenseurs et funiculaires hissent les Génois dans des quartiers offrant de superbes panoramas. Notre best of !

PAR BÉATRICE LEPROUX. PHOTOS D.R. |

Pour apprécier Gênes façon bas en haut (ou l’inverse), l’idéal est de s’offrir une première mise en jambes via le Porto Antico et les 375 marches de son phare. Dos à la mer, on découvre toute la baie et les hauteurs où s’empilent les maisons colorées jusqu’aux forts. Depuis le XIXe siècle et malgré les péripéties économiques, Gênes poursuit son ascension sur les collines abruptes tandis que la ville maritime s’étire sur un littoral truffé de villas et de petits ports. Et elle a beau battre tous les records italiens du nombre de scooters par habitant, ici, on se déplace en ascenseur comme nous en métro ou en tram.

Particulier, celui de Montegalletto parcourt une portion à l’horizontale avant de s’élever à 70 mètres où, dans un très beau jardin, le château néogothique Castello D’Albertis abrite le musée des cultures du Monde. 

Le funiculaire Zecca-Righi, lui, monte aussi des vélos au sommet des remparts de l’ancienne forteresse, à 278 mètres d’altitude. Construits sur la colline au XIe siècle, longs de trente-trois kilomètres, ils protégeaient les habitants d’éventuels assauts de l’empereur germanique Frédéric Barberousse. Bâtis en 1630, une dizaine de bastions disposés en forme de V ouvert vers la mer enfermaient également la ville. Cette ligne de crêtes les relie toujours, offrant une superbe balade sur les sentiers tracés du parc des Remparts. 

L’ascenseur de Castelletto mène à une charmante  esplanade arborée et offre une vue à 360 degrés. Par beau temps, on arrive même à entrevoir la Corse, le promontoire de Portofino à l’Est et tout le golfe de Gênes. En deça, les coupoles baroques, les tours médiévales et les innombrables toits des palais Renaissance rappellent que Gênes la richissime rivalisait avec Florence et Pise.

Au XVIe siècle, la ville s’imposait en effet comme l’une de plus grandes puissances maritimes de la Méditerranée. Les grandes familles de l’aristocratie firent tracer la Strada Nuova – rebaptisée Via Garibaldi – pour y construire leur palais, faisant appel aux plus grands artistes.

Façades ornées de masques, de festons et de stucs dorés, sols de marbre, fresques, perspectives et jardins peuplés de statues, de fontaines et de nymphées suscitaient l’admiration des cours européennes. Mais le droit de construire ces palais s’accompagnait d’une obligation d’Etat : accepter d’y accueillir tout visiteur officiel ou autre délégation étrangère. C’est ce qu’on appelait le système des rolli. Classés pour beaucoup au patrimoine mondial de l’Unesco, très peu de ces édifices sont restés propriété des grandes familles génoises. 

A l'ombre des Caruggi

Sur la fameuse Via Garibaldi, trois de ces palais, bâtis entre le XVIe et le XVIIIe siècle, ont été légués à la ville. Ouverts au public, ils découvrent des fresques somptueuses et d’exceptionnelles toiles de maîtres. D’autres se dissimulent dans le dédale des ruelles, comme les palazzi Grillo et Lamba Doria, petits bijoux rénovés en boutiques-hôtels.

Étroites et pittoresques, les ruelles médiévales – les caruggi – semblent enfoncées entre de hauts édifices qui les abritent du soleil. On y distingue à peine le bleu du ciel, encore moins la mer à deux pas. 

Entre petits magasins et échoppes historiques aux comptoirs en marbre et aux étals gourmands et colorés surgit un linteau de pierre ouvragé, une Vierge réfugiée dans une niche... De fresques en sculptures, les ruelles mènent au plus grand port d’Italie.

Là, un ascenseur panoramique soulève les visiteurs à 40 mètres de haut. En musique, le Bigo tourne tout doucement pour permettre une énième vue 360 degrés. Gênes, une ville aussi prenante à l’horizontale qu’à la verticale... 

Gênes, une ville aussi prenante à l’horizontale qu’à la verticale... 

Bonnes adresses

  • Palazzo Grillo et Le Nuvole. Deux anciens palais renaissance transformés en hôtels. Charme d’époque garanti, mais confort moderne de rigueur. www.hotelpalazzogrillo.it et www.hotellenuvole.it
  • Cavo Ristorante. Carte délicate pour ce restaurant à la salle à manger ornée de fresques du XVIIe. www.cavoristorante.it
  • Le Rune. Cuisine maison et de saison à prix d’ami dans une adresse aux jolies petites salles intimes. www.ristorantelerune.it
  • Pietro Romanengo. Une confiserie spécialisée dans les fruits confits, les marrons glacés et les chocolats. www.romanengo.com
  • Fratelli Klainguti. Une des plus anciennes pâtisseries de la ville, fréquentée en son temps par un certain Giuseppe Verdi. Piazza di Soziglia, 98.
  • La Bottega dello Stoccafisso. La boutique du stockfish, ou le meilleur du poisson séché sous toutes ses formes, tradition toujours vivace dans le nord de l’Italie. Via Macelli di Soziglia, 20R