Cap sur le bistrot gourmand Gustave

À Grez-Doiceau, la cuisine de Gustave vaut de l’or. Enfin un bistro qui n’essaie pas d’être ce qu’il n’est pas et qui maîtrise parfaitement ce qu’il est...

TEXTE ET PHOTOS : Christophe Ternest, CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

On dira ce qu’on veut sur le Brabant Wallon, mais il faut lui reconnaître deux choses. Un : il constitue un décor parfait pour Ariane, le premier roman de Myriam Leroy, qui m’a bouleversée. Deux : les tables qui sortent du cadre régional un peu classique sont plutôt rares. À tort, vu le succès de notre adresse du jour. Ça faisait un moment qu’on nous parlait de Gustave, un resto qui ne sert ni tomates crevettes ni entre côte béarnaise (ou alors ensemble, les mélanges terre-mer étant la spécialité du chef). Un midi glacé mais ensoleillé, on a donc pris la Carlomobile et on est allé vérifier.

On vous le dit d’emblée : on a adoré, comme la plupart des lieux qu’on vous présente ici (mais on a aussi une liste noire qu’on vous épargne !). De la cuisine, vitrée et à moitié ouverte sur la salle, on a droit à un va-et-vient incessant. Le chef et son second viennent servir les plats qu’ils cuisinent. Le midi, c’est lunch et c’est tout : entrée — plat à 22 € avec option dessert à 7 €.

Le chef, c’est Arnold Godin, qui joue aussi les sommeliers, avec un palais qui s’est avéré en parfaite harmonie avec le nôtre. L’Arbois Pupillin du domaine de la Borde est par exemple passé comme de la limonade. On salue d’ailleurs déjà la carte des vins, avec de quoi satisfaire les mordus de nature et les aficionados de choses plus classiques, et l’attention portée à l’origine des produits. 

La carte

On commence par deux œufs pochés en meurette, c’est-à-dire en train de faire la planche sur une sauce traditionnelle bourguignonne à base de vin rouge (évidemment), d’oignons et de lardons. Ce qui envoie directement Carlo en orbite et me voilà avec un partenaire de ripaille tout en couinements de bonheur et ronronnements d’aise : L’œuf est parfaitement poché et le jus est à se taper le cul par terre. Je dirais même plus — tu prends note ? — cette sauce doit servir de modèle ! Carlo n’a pas tort. Bruits de la cuiller sur l’assiette et soupir de déception : Je vais arrêter de racler, là, c’est bon, y a plus rien. Nous rendons les assiettes propres comme de sous neufs, il faut dire aussi que le pain est particulièrement bon, ça invite à saucer. Et à resaucer.

En plat, ce midi-là : un dos de lieu, purée, piperade et pesto de roquette. Comme Carlo fait son petit caprice genre Si je veux autre chose que du poisson, il y a quoi ?, la cuisine a la classe de ne pas lui proposer des nuggets de poulet pour enfants difficiles. Le voilà donc avec une souris d’agneau confite qui fond dans la bouche. On se régale, bruyamment, ce qui fait rire nos voisins. Mais on n’arrive pas au bout du plat, parce qu’il est vraiment généreux. Genre vraiment. Puis on voulait un dessert. Crêpe aux pommes caramélisées et glace vanille pour lui (et un moment de recueillement devant tant de gourmandise), tarte au citron déstructurée pour moi. Et petit remake brabançon de Quand Harry rencontre Sally tellement je n’en peux plus de bonheur. Cette crème, ce sablé breton et cette quenelle de meringue s’installent directement dans mon panthéon perso. Renommons ce dessert “orgasme à la petite cuiller” et n’en parlons plus.

L'addition

Nous terminons repus, souriants comme le chat d’Alice au Pays des merveilles, visiblement enceints de cinq mois bien tapés et pas forcément ruinés : 92 € pour deux lunchs avec dessert, trois verres de vin, deux bouteilles d’eau et un café. On reviendra ? Oui, d’ailleurs on a failli ne pas partir. Le soir, le bistro flirte avec le gastro (menu à 50 €) et la lecture du menu nous a laissés “bavouillants” d’envie.

Parce que Gustave, en plus d’être le deuxième prénom du patron, Denis Baudoux, est bien ce genre de bistro qui n’essaie pas d’être ce qu’il n’est pas et qui maîtrise parfaitement ce qu’il est. Mais pensez à réserver. Le monde n’a pas attendu nos conseils avisés pour découvrir que la cuisine y vaut de l’or.

Gustave, 9 chaussée de Jodoigne, 1390 Grez-Doiceau. T. 010 81 28 78. www.restaurant-gustave.be. Ouvert du lundi au vendredi pour le lunch et du mercredi au vendredi soir.