Céramique : l'adresse incontournable où shopper la tendance déco du moment

Depuis quelques années, la céramique retrouve sa place dans nos cuisines, en accord avec le renouveau de l’artisanat et du fait main. On l’aime, on l’acquiert, mais on la travaille aussi. En atteste le succès des ateliers, où tourner, modeler et émailler la terre…

PAR AGNÈS ZAMBONI. PHOTOS WE ARE OSKAR SAUF MENTIONS CONTRAIRES |

Après des décennies d’oubli, avec des pièces proposées dans les brocantes pour seulement quelques euros, la céramique a retrouvé ses lettres de noblesse dans nos cuisines, en accord avec le renouveau de l’artisanat et du fait main. Façonné avec amour comme un bon plat, l’objet en céramique, telle une pièce unique, affiche sa singularité même s’il fait partie d’une série. Le grès, notamment, retrouve un nouvel élan et avec lui, de nombreuses traditions régionales. En ligne de mire, comme un modèle d’excellence, le savoir-faire japonais, qui mêle simplicité et dextérité, effets de matière et émaux travaillés tels des tableaux abstraits. Les formes utilitaires comme les pièces de forme - les luminaires par exemple - se réactualisent et revisitent l’art populaire. Outre la tendance déco, les ateliers pour apprendre à tourner, modeler et émailler la terre accueillent des passionnés comme des néophytes. Certains parlent de « yoga des doigts » et de retour à l’essentiel, du temps qui s’écoule à la juste mesure, de l’importance du geste, d’autres de méditation, d’échappée loin du monde numérique pour se ressourcer à la terre. La terre parle à tout le monde, admirateur ou créateur...

La vidéo du jour :

Pour en parler, nous nous sommes rendus à Bruxelles, dans l’atelier de la Magnanerie. Ouvert depuis janvier 2022, cet espace regroupe les activités combinées d’un céramiste, d’un atelier ouvert au public et d’une boutique d’objets de créateurs locaux.

Des fourneaux au tour

Un beau volume, animé par une lumière traversante, qui s’ouvre sur un parc arboré où l’on aperçoit des écureuils grimpant à l’assaut des branches. Dans cette ancienne librairie, ayant aussi accueilli des bureaux, au pied de l’immeuble éponyme et emblématique de Forest, de style moderniste, construit en 1957 et 1961 par les architectes Jacques Cuisinier et Claude Laurens, l’atelier de La Magnanerie prend son envol comme un papillon.

Rien à voir avec les ateliers poussiéreux et sombres des potiers de village. Ici, le maître des lieux est Frédéric Mathieu, ex-cuisinier (au restaurant... La Magnanerie, NDLR.) qui a abandonné ses fourneaux pour le tour. Mon envie de travailler la terre a commencé avant le confinement. À l’Académie de Braine-l’Alleud, j’ai consacré plus de quatre ans à son apprentissage à raison de douze heures de cours par semaine. Pendant le confinement, qui m’a obligé à stopper mon activité, j’ai compris qu’il fallait que je passe à autre chose. J’ai choisi de travailler les formes utilitaires en terre, en référence à mon ancien métier de chef cuisinier, qui n’est d’ailleurs pas éloigné de celui de céramiste... Je travaille principalement le grès, une terre qui devient blanc crème après cuisson mais aussi une nouvelle terre allemande qui se teinte en gris-beige une fois cuite. J’ai tendance à moins l’émailler pour la laisser parler... Bien sûr, toutes les créations de Frédéric Mathieu, soumises à une double cuisson (après étape de modelage-tournage de la terre brute puis opération d’émaillage), résistent au lave-vaisselle.

Un travail artisanal

La patte de l’artisan ? La perfection des détails avec un certain sens de l’asymétrie et une envie de laisser la vérité de la terre s’exprimer. Avec Bénédicte Pretement, une ex-pharmacienne, ils travaillent sur la nouvelle vaisselle du restaurant de Wavre Un Altro Mondo, où le chef italien Luca Gaviglio brigue sa première étoile. Les challenges se partagent aussi. Nous avons également le projet de fabriquer des émaux avec de la cendre. Cet été, j’ai rapporté des cendres de Cadaqués, des cendres de bois d’olivier et de vigne. Côté apprentissage, l’espace, équipé de quatre tours, où on enseigne aussi l’art de la plaque (façonnage d’une pièce à partir d’un puzzle de morceaux de terre à assembler et monter), accueille trois ateliers par semaine, pour les débutants, de tous niveaux et à partir de 13 ans et s’ouvre aussi à des amateurs porteurs de projets. Côté boutique, c’est le domaine de Séverine Piette, illustratrice et compagne de Frédéric, qui sélectionne des objets de créateurs porteurs d’une certaine éthique, comme ceux du plasticien céramiste Gregory Georgescu, mais aussi des bougeoirs, des bijoux, des œuvres brodées...

Adresse ? 19 avenue Minerve, 1190 Forest, atelierdelamagnanerie.be

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