Cette famille bruxelloise qui a tout plaqué pour vivre en camping-car

Il y a six ans, Mathieu, Géraldine et leurs trois enfants ont tout plaqué pour une vie nomade. Un choix étonnant, guidé par l’envie de découvrir de nouveaux horizons, plus durables. Rencontre.

par Justine Rossius, Photos D.R |

Une belle aventure en famille

En 2016, Mathieu et Géraldine, la quarantaine, quittent leur job et vendent leur maison bruxelloise pour partir sillonner le monde au volant de leur camping car. Avec eux, leurs trois enfants: Romane, 8 ans à l’époque, Gaspard, 6 ans et Rose, 3 ans. D’abord partie pour une durée d’un an, dans l’objectif de trouver sur la route l’inspiration nécessaire pour réinventer son quotidien, la petite famille ne n’est plus jamais arrêtée. Dans le livre “Et si vous larguiez les amarres”, cette famille de baroudeurs livre son expérience du nomadisme, en abordant en toute transparence les aspects pratiques de ce changement de vie.

En vidéo, comment éviter de tomber malade en vacances :

Tout quitter et partir loin… Vous vous sentiez malheureux en Belgique?
“Au contraire! Nous avions une belle maison, des jobs qui nous épanouissaient. Cette décision est plutôt partie d’un bilan de couple: nous nous étions connus à deux, nous avions désormais trois enfants. Qu’est-ce qu’on voulait après ça? On a réalisé que ce qui nous avait rendus heureux pendant toutes ces années ne suffisait plus, il nous fallait autre chose. On commençait à être sur des rails et cette perspective nous angoissait. Alors on a décidé de s’octroyer une année de transition dans l’objectif de trouver de l’inspiration pour construire une nouvelle vie. On voulait rencontrer des personnes qui avaient pris des voies alternatives, dans le sens de la transition écologique. Le camping car nous a semblé être un bon moyen pour faire un vrai break”.

Vous avez vendu votre maison pour partir l’esprit libre et profiter de l’argent de la vente. Comment fait-on pour “cleaner” 15 ans de vie commune?
“On avait débuté un travail de désencombrement avant même de décider de faire nos valises. On remettait petit à petit tout ce qui ne nous servait plus dans le circuit. Et on s’y est pris de manière méthodique: de quoi a-t-on besoin dans le camping-car? Qu’est-ce qu’on élimine? Finalement, ça a été assez fluide. Quand vous sentez que vous avez pris la bonne décision, vous en retirez énormément d’énergie, et les tâches préparatoires semblent bien plus simples qu’il n’y paraît”.

À quel point avez-vous préparé l’aventure?
“On a bien anticipé en élaborant le cadre du voyage: l’instruction en famille, les assurances santé et sécurité, le fonctionnement du camping car. Pour le reste, on s’est octroyé beaucoup de liberté. Pour qu’un voyage de cette envergure se déroule bien, le lâcher-prise est indispensable. Au départ, ça a été assez compliqué…”

À quel niveau?
“Surtout en ce qui concerne ‘l’école’. Quand on a commencé le voyage, on considérait cela comme une obligation morale et légale, il ‘fallait’ enseigner à nos enfants. Les premiers mois, l’inertie de nos vies d’avant régissait encore notre quotidien: on se disait qu’on devait donner cours tous les matins, durant deux heures. Petit à petit, on est rentrés dans un processus de déscolarisation. On est repartis d’une feuille blanche pour définir la façon dont on voulait apprendre en famille. On a réalisé qu’on préférait profiter de ce que la vie nomade nous donnerait pour que les enfants apprennent des langues et cultures différentes. Ils acquièrent tellement mieux quand ils ont une vraie raison de le faire. Nous avons par exemple passé quelques semaines avec une famille anglophone et ils ont appris la langue à son contact. Quand il y a un but, l’apprentissage vient tout seul, et le voyage est un cadre super créatif et stimulant”.

Vous dites que voyager s’apprend, qu’il faut désapprendre les réflexes de la vie sédentaire. Quels étaient les vôtres?
“Les premiers mois, on voyageait trop vite, on suivait un plan, on ne voulait rien louper. On voyageait trop lourd aussi, et trop cher, en multipliant par exemple les restaurants. Les besoins qu’on a en voyage ne sont pas les mêmes qu’en vacances. Quand on travaille, on a besoin de se reposer, quand on voyage au long cours, c’est différent”.

Quand passe-t-on du statut de vacancier à nomade?
“On devient nomade quand on acquiert une réelle agilité dans le voyage: quand on est prêt à s’ouvrir pleinement aux champs des possibles, qu’on prend des décisions rapidement, qu’on ose changer les plans pour saisir une opportunité. Cette agilité-là n’est pas simple les premiers mois. On a nous-mêmes commis des erreurs au début en gâchant des opportunités de rencontres, d’aventures. La deuxième année, on a croisé par hasard une famille avec trois enfants en Indonésie. Un vrai feeling! On a changé tous nos plans pour passer dix jours avec eux. On était devenus des voyageurs!”

Vous dites qu’écrire un livre sur le voyage au long cours en famille peut paraître arrogant car cela reste un privilège. Pourquoi l’avoir écrit?
“Ce bouquin est une façon de répondre avec le plus de transparence à toutes les questions que les gens se posent sur le nomadisme en famille. On nous a beaucoup demandé comment on avait géré la santé et la sécurité, l’instruction en famille, le budget… Ce livre permet d’y répondre sans tabou et, on l’espère, de montrer qu’il est possible de changer de vie”.

Comment envisagez-vous l’avenir?
“La seule certitude qu’on a, c’est qu’on va continuer à réinventer nos vies. Notre priorité, c’est que tout le monde soit heureux et continue à l’être”.

Le livre : Et si vous larguiez les amarres ? Le nomadisme en famille, testé et approuvé !, par Géraldine Van Parijs et Mathieu Swine, éd. Kennes.

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