City-trip à Nantes : la ville qui mêle art et design

Depuis dix ans, sous l’impulsion de l’organisme Le Voyage à Nantes, chargé de la promotion de la métropole par le prisme de la culture, du design et de l’art, cette ville des bords de Loire s’est offert un nouveau visage. Nous l’avons explorée, le temps d’un week-end insolite et pétillant.

AR MARIE HONNAY PHOTOS LE VOYAGE À NANTES |

Si l’on en croit le classement publié dans certains médias de l’Hexagone, Nantes se classe, juste après Bordeaux et avant Lille, dans le top 3 des villes où les Français ont le plus de plaisir à vivre. Avec ses 101 parcs, c’est aussi l’une des plus vertes du pays. On ne s’étonne donc pas si une flopée de Parisiens ont choisi de déserter la capitale pour s’y installer. Lancé en 2011, il y a tout juste dix ans, le projet culturel Le Voyage à Nantes a boosté l’attrait de cette destination des bords de Loire.

Située à 50 km à peine de l’océan Atlantique, Nantes doit sa popularité aux Machines de l’île, une rareté touristique installée sur le site des anciens chantiers navals de la ville. Si ces étranges machines, à mi-chemin entre l’univers de Jules Verne et celui de Léonard de Vinci, n’ont pas fini d’enthousiasmer le public nantais, le grand éléphant et le carrousel ne constituent qu’une infime partie de ce que Le Voyage à Nantes offre aux locaux et aux visiteurs de passage. Pour vous mettre dans l’ambiance, montez à bord du Navibus qui vous permet de passer de l’autre côté du fleuve. Un bon moyen de rejoindre, entre autres, Little Atlantic Brewery (23 boulevard de Chantenay). À la fois micro-brasserie urbaine et restaurant à l’ambiance cool et hipster, ce néo-chalet contemporain réhabilité par l’architecte Christophe Theilmann au cœur d’une ancienne huilerie, sur un ancien site industriel en pleine réinvention, permet de prendre pleinement conscience du mini-miracle qui s’opère à Nantes depuis un peu plus d’une décennie. Installez-vous sous les voûtes de ce bâtiment du XIXe, commandez un vin du pays, et une portion de fish & chips. Là, c’est certain : votre voyage commence bien !

Marseille, Liège et Nantes

Si vous arrivez à Nantes en train (comptez un peu plus de 4 heures et demie en TGV depuis Bruxelles- Midi), vous remarquerez d’emblée l’étonnante gare-mezzanine de Rudy Ricciotti. À l’instar de Jean Nouvel, le maître d’œuvre du palais de justice de Nantes inauguré en 2000, cet architecte (à qui on doit aussi le Mucem de Marseille et l’annexe contemporaine du musée de la Boverie à Liège) a contribué à insuffler un vent de modernité sur la ville. Se cantonner à lister les nouveaux édifices nantais, porte-drapeaux de la métropole 2.0, serait toutefois un peu réducteur. Son nouveau visage, Nantes le doit aussi à la dynamique de ses quartiers et à son “île” qui, en marge de ses étranges machines, compte quelques pépites design : le Hangar à Bananes (HAB), un lieu d’exposition installé dans un ancien hall de stockage conçu, autrefois, pour recevoir... des bananes et des ananas venant d’Afrique. Pour rejoindre cette galerie, empruntez la promenade qui longe le fleuve. Elle vous mène tout naturellement vers le Hangar à Bananes (21 quai des Antilles), mais aussi vers de nombreux restaurants, bars et lieux de sortie en vue.

En sortant, jetez un œil à la fresque en noir et blanc du duo de muralistes Ador & Semor. Baptisée Trafic et située de l’autre côté de la Loire, elle joue à cache-cache avec les 18 anneaux de Daniel Buren, fil rouge de la promenade. Ces œuvres aux esthétiques contrastées, bien que complémentaires, figurent parmi les dizaines d’installations du Voyage à Nantes. Installées aux quatre coins de la ville, elles lui ont permis de se réinventer sans tourner le dos à son passé industriel. À Nantes, par le prisme de l’architecture, de l’art et du design, même le banal devient beau. La preuve avec la Jungle Intérieure, une œuvre végétale suspendue, coincée entre deux rues du centre historique (5/20 passage Bouchaud). Ce jardin poétique offre aux visiteurs une parenthèse contemplative et, en bonus, une vue imprenable sur le clocher de l’église Sainte-Croix. 

Pas seulement en été 

Si le moment fort de la programmation du Voyage à Nantes a lieu en été, la société en charge de l’organisation de ce rendez-vous entre art et design propose un parcours pérenne d’environ 65 œuvres visibles toute l’année. Pour ne rien rater de ce parcours XXL, il suffit de suivre la ligne verte qui vous guide d’un quartier à un autre. Vous passerez ainsi par le Lieu unique (2 rue de la Biscuiterie), un espace hybride, à la fois lieu d’exposition, de spectacle, café et cantine, abrité dans l’ancien QG de la Biscuiterie nantaise LU, mais vous découvrirez aussi le Belvédère de l’Hermitage de Tadashi Kawamata, une œuvre en bois, suspendue dans le vide, offrant une vue magique sur l’île de Nantes ou encore In a Silent Way, un questionnement très poétique sur notre monde numérique de l’artiste Nathalie Talec, à découvrir sur le site des anciennes halles Alstom, aujourd’hui reconverti en un quartier de création, QG de plusieurs écoles d’art.

Très présent en ville et dans la proche périphérie nantaise, l’art urbain est partout. Tantôt sous la forme de fresques commandées à des artistes reconnus, tantôt de graphs. Si Nantes séduit tout de suite, c’est en effet que l’art et le design, plutôt que de s’enfermer dans des lieux clos, s’invitent dans la rue. Si, au détour d’une promenade sur l’île, vous apercevez une étrange construction qui vous fait autant penser à une terrasse de café qu’à une œuvre d’art, c’est normal. Vous êtes plus que probablement en train d’admirer l’espace extérieur du restaurant Le 1 (1 rue Olympe de Gouges), une adresse plutôt chic couplée à la Canadienne, une terrasse en chevrons et toile conçue par le collectif Fichtre.

Le géant belge 

L’art et le design s’invitent aussi dans de jolies boutiques du centre-ville par le biais d’enseignes commandées à des artistes français et internationaux. Lors de votre virée shopping dans les rues du cœur historique, vous découvrirez ainsi Le Géant de Nantes, un totem en céramique colorée de l’artiste bruxellois Eric Croes installé sur la façade de la chapellerie Falbalas Saint-Junien (1 rue de la Paix). D’autres enseignes ludiques, poétiques ou décalées ornent les frontons des magasins de déco, des pâtisseries et des confiseries reconnaissables à l’autocollant “miroir” apposé sur la vitrine.

Fan de design ? La sélection pointue et inspirante de mobilier et d’objets du XXe siècle de l’enseigne Barak (10 rue des Carmélites) mérite également le détour. Tout comme l’incontournable librairie Coiffard (7/8 rue de la Fosse). Vous aimerez son ambiance irrésistiblement rétro et son choix d’ouvrages, dont de nombreux livres d’art. À moins, bien entendu, que vous préfériez vous offrir quelques centilitres de l’essence de Nantes. Composée par le nez Bertrand Duchaufour, ce nouveau parfum est le résultat d’un projet artistique programmé lors de l’édition 2021 du Voyage à Nantes. Plébiscité par le public, invité à choisir parmi trois créations originales censées incarner différentes visions de la ville, ce jus unique à base de magnolia, de baie rose, de rhum, de santal, de patchouli et de vétiver, sera commercialisé dès le 15 novembre dans les boutiques de l’office du tourisme. Quant à l’étonnant flacon signé par l’Atelier Polyhedre, il s’inscrit parfaitement dans la dynamique commune aux nombreuses initiatives qui n’en finissent pas d’agiter les bords de la Loire.

Faites du bruit

Dans les rues piétonnes du centre-ville, les friperies, les bars à vin, les restos et les cantines branchées sont légion. Parmi les plus tendances du moment, on a aimé Vacarme, une cave à manger centrée sur les petits plats à partager (5 rue des Bons Français). Ex-finaliste de la saison 12 de Top Chef, Sarah Mainguy propose une cuisine dans l’air du temps accompagnée d’une sélection de vin nature bien balancée. Dans un esprit tout aussi rock’n’roll, Pickles, la table du chef anglais Dominic Quirke, est un passage obligé (2 rue du Marais). Prisé des locaux qui ne tarissent pas d’éloge sur cet “étranger” passé par la case Paris avant de s’établir à Nantes, Pickles propose un numéro de haute voltige gastronomique, à déguster dans un espace sobre et chic.

Moins minimaliste, mais tout aussi intéressante si vous aimez les lieux chargés d’histoire, la brasserie La Cigale (4 place Graslin) est un autre passage obligé. Cette institution nantaise sert, entre autres spécialités, d’immenses plateaux de fruits de mer dans un décor grandiose conçu par l’architecte céramiste nantais Émile Libaudière. En quittant le restaurant, ne manquez pas de jeter un œil à l’Éloge de la Transgression, une œuvre de l’artiste Philippe Ramette installée cour Cambronne. Ce petit bronze devant lequel on pourrait quasiment passer sans s’arrêter questionne le regard que nous posons sur le monde. Charmante et pourtant joliment engagée, cette écolière aux traits énigmatiques n’est que l’une des innombrables raisons de vous perdre dans les rues de Nantes. Cet automne ou l’été prochain. Finalement peu importe. La frénésie créative nantaise n’est, c’est une certitude, pas prês de s’essouffler.

En pratique :

Vous pouvez rejoindre Nantes en train depuis Bruxelles-Midi en TGV.
Pendant votre séjour, optez pour le Pass Nantes qui vous ouvre la porte des musées et vous permet, en outre, d’utiliser les transports en commun à votre guise pendant 24 h ou plus. Notez que chaque week-end, les bus et les trams sont gratuits.
Pour trouver un hôtel à Nantes, rendez-vous ici. L’offre compte quelques adresses insolites, dont un établissement décoré par la chaîne de magasins Maisons du Monde. maisondumondehotel.com
Le programme complet du Voyage à Nantes est consultable ici. Pour d’autres infos sur la ville et ses nombreuses offres touristiques, c'est ici.

Suivez So Soir sur Facebook et Instagram pour ne rien rater des dernières tendances en matière de mode, beauté, food et bien plus encore.