Comment devient-on un aventurier de l'extrême comme Mike Horn ?

Amoureux des grands espaces et sportif de l’extrême, cet aventurier d’origine sud-africaine n’est pas seulement une star médiatique. C’est aussi un philosophe, un peu poète, qui voue un culte sans bornes à … ses parents. Nous l’avons rencontré à Bruxelles.

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS D.R |

Il a traversé le continent Antarctique, parcouru l’île Bylot dans le grand nord canadien à ski, escaladé des sommets de l’Himalaya… Pourtant, quand vous interrogez Mike Horn (55 ans), que beaucoup considèrent comme le plus grand aventurier du siècle, sur ses exploits d’explorateur et de sportif de l’extrême, il vous parle d’abord de son papa, un joueur de rugby professionnel qui lui a non seulement transmis le virus du sport, mais aussi donné une sacrée dose de confiance en lui. Il vous parle aussi de la Bible, dont il ne se sépare jamais. Car pour lui, si c’est Dieu qui a créé la nature et l’Homme, c’est forcément à lui qu’on doit s’adresser en premier quand le danger nous guette au détour d’une mer déchaînée ou d’une jungle menaçante.

Ce quinqua ultra-charismatique est l’incarnation parfaite de l’aventurier gentleman, mais aussi du YouTuber 2.0. Sur les réseaux sociaux, il est mis à toutes les sauces : à la fois acteur de sa propre histoire, parodie de lui-même lorsqu’il prête son visage à des pubs, mais aussi, objet des analyses les plus saugrenues. Comme lorsque le médecin, expert en nutrition, Jean-Michel Cohen, déconstruit le mythe du régime hypocalorique en brandissant, tel un argument suprême, les 12 000 calories journalières que l’aventurier ingurgiterait pour résister aux plus grands froids. Quand il s’agit de se mettre en scène, Mike Horn n’a visiblement peur de rien. Pas même du ridicule. Pourtant, c’est indéniable : il séduit.

Lors de son passage à Bruxelles, on a notamment vu une petite fille d’à peine 5 ans, impatiente de se faire prendre en photo à ses côtés. Alors que la Terre entière voue une passion sans bornes à la (re)découverte des grands espaces, Mike Horn a forcément plusieurs longues d’avance sur les candidats à l’aventure extrême. Pourtant, comme il nous l’a expliqué en toute humilité (et avec un brin de théâtralité, sa marque de fabrique), ça n’a pas toujours été le cas.

La vidéo du jour :

Aventurier, c’est tout de même assez insolite comme métier. Comment l’êtes-vous devenu ?

C’était un peu malgré moi, c’est une succession d’aventures. Il y a 22 ans, j’avais remporté le prix du meilleur athlète dans la catégorie sports extrêmes. Je venais de terminer une expédition qui m’avait notamment amené à traverser la jungle. À l’époque, la plupart des gens me voyaient juste comme un fou, capable de parcourir le fleuve Amazone à la nage, mais sans aucune valeur commerciale. Alors quand à l’issue d’une cérémonie qui se tenait à Monaco après un de nos périples, le président du groupe Richemont a enlevé sa montre Panerai et me l’a mise autour du poignet en me jurant que je n’en porterais plus aucune autre de toute ma carrière, j’ai pensé que je n’étais pas franchement un bon investissement (rires). Pour ma part, je ne me suis jamais considéré comme une star.

Comme quoi, alors ?

Comme un petit garçon qui regardait son père jouer au rugby avec admiration. Très tôt, il m’a emmené courir avec lui, mais lors de nos séances de jogging, il n’a jamais adapté sa vitesse à la mienne. Comme j’étais systématiquement derrière lui, j’ai eu l’idée de tracer une ligne devant la maison. Elle indiquait le retard que j’avais sur mon père. Tous les jours, j’essayais de combler ce retard. Je me souviens du tout dernier match de la carrière de mon père. Quand je l’ai accompagné au vestiaire, j’ai entendu ses coéquipiers le remercier pour son soutien et ses encouragements. À cet instant précis, j’ai eu envie de lui ressembler. Il m’a répondu que c’était impossible, mais que je pouvais être différent. Peut-être même… encore plus grand. Vrai ou pas ? Finalement, on s’en fout. Moi, j’y croyais. On ne réalise pas toujours l’impact qu’on peut avoir sur son enfant quand on est parent.

Il porte à son poignet la Panerai Submersible Chrono Édition Mike Horn, série limitée à 19 900 €.

Oui, mais on ne devient pas aventurier du jour au lendemain, tout de même ?

Là encore, tout le crédit revient à mes parents. Mon père me laissait tout faire. Tout ce qu’il voulait, c’était que je sois gentil avec ma mère, que je la respecte et que je la protège. Il ne m’interdisait pas de faire du vélo sans les mains. Il savait que si je tombais, je ne recommencerais plus. Je pouvais sortir avec mes amis, mais je devais être rentré à 18 h pour lui raconter ma journée. Je lui expliquais que j’avais construit une cabane. Il me demandait à quel arbre j’avais grimpé. J’ai eu l’impression qu’il me préparait physiquement et mentalement à devenir un aventurier. Si je voulais ma liberté, je devais d’abord gagner sa confiance. C’était sa manière de m’éduquer. Enfant, j’ai eu un chien qui me suivait partout. Quand, dehors, la tempête menaçait, mes amis préféraient rentrer pour se mettre à l’abri. Moi, je les suppliais de rester à l’extérieur, avec mon chien, pour la braver. Déjà à l’époque, je me sentais totalement connecté à la nature.

Vous croyez aux miracles et à Dieu ?

La nature est tellement forte qu’elle vous oblige à croire en quelque chose. La Bible est pleine d’histoires incroyables et de miracles. Quand vous êtes le premier blaireau qui décide de traverser l’Antarctique, il faut pouvoir se raccrocher à quelque chose. Sinon, on ne tient pas, c’est certain !

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