Comment l’automobile tente de devenir plus écoresponsable

Souvent pointée du doigt pour son impact écologique, l’automobile continue de se réinventer pour réduire son empreinte environnementale. Loin d’être abstrait, cet effort est réellement palpable, sous forme de matériaux de plus en plus écoresponsables. 

Par Quentin Pannaud. Crédit photo : Pexels |

L’automobile est sans doute l’un des meilleurs indicateurs de l’évolution du monde et de la société. Elle porte en elle la trace des grands événements et bouleversements que nous avons pu traverser ce dernier siècle. Des années folles aux crises pétrolières, des guerres aux miracles économiques, elle n’a jamais cessé d’évoluer dans sa philosophie, sa forme, ou même son usage. Un phénomène que l’on voit encore récemment avec la démocratisation de la technologie électrique, pourtant si marginale il y a encore vingt ans, quand le diesel régnait en maître. L’éveil écologique de ces dernières années, qui semble toucher une part toujours plus importante de la population, l’a forcée à se réinventer. Mais maintenant que la transition énergétique vers l’électrique est bien amorcée, un autre sujet vieux comme l’automobile fait encore débat : l’utilisation de matériaux d’origine animale à bord de nos voitures. 

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L’explosion du phénomène vegan a remis l’automobile face à ses propres contradictions à ce sujet : respecter la nature, c’est aussi respecter les animaux. Longtemps, le cuir animal a été indissociable du concept de luxe. Mais les consciences évoluent, et une part croissante du public lui préfère désormais le faux-cuir, comme le cuir végétal ou le cuir recyclé. Mais de quoi parle-ton exactement, et où en sommes-nous ? 

Le cuir végétal ou vegan

Grande tendance du moment, le cuir végétal s’installe dans l’automobile, comme il le fait dans la mode. Comme son nom l’indique, il n’utilise aucune matière d’origine animale. Ni cuir, ni laine. Tesla, par exemple, commercialise des sièges dont le revêtement est obtenu à partir de… pelures de pommes ! Le constructeur américain de voitures électriques était l’un des pionniers en la matière, et sa Model 3 a été son premier modèle certifié 100% Vegan. Ford avec sa Mustang Mach-E, ou encore Polestar et sa berline « 2 » ont aussi suivi cette nouvelle tendance écoresponsable

Ce modèle Tesla a été fabriqué à partir de pelures de pommes. Crédit photo : D.R sauf mentions contraires

La plupart de ces matériaux sont donc obtenus à partir de végétaux : cuir d’ananas (ou Pinatex), de bois, de cactus, d’eucalyptus, de champignons, etc. Plusieurs entreprises se sont spécialisées dans la transformation de végétaux, et sont désormais des partenaires privilégiés du secteur automobile, mais aussi de l’aviation et évidemment de l’habillement. Ultrafabrics et Bridge of Weir sont parmi les leaders mondiaux du cuir végétal, et travaillent depuis plus de vingt ans avec des professionnels. Ils fournissent notamment Jaguar, Land-Rover, Polestar, Volkswagen, Ford ou encore Aston Martin. Bref, le cuir végétal a de beaux jours devant lui. Il est d’ailleurs de moins en moins réservé au domaine du luxe, puisqu’il commence à séduire les constructeurs généralistes, qui en équipent des modèles populaires.

Le cuir recyclé

Une autre alternative au cuir animal, à distinguer du cuir végétal ou vegan, est le cuir issu du recyclage. Celui-ci fait toujours appel à des matériaux d’origine végétale, mais en quantité bien moindre que pour le cuir végétal, justement. Il se compose en effet principalement de pièces recyclées. Les plus utilisées sont à l’heure actuelle les bouteilles en plastique PET récoltées dans les océans, les bouchons de liège provenant de l’industrie du vin, mais aussi les filets de pêche abandonnés dans les récifs… Les possibilités de réemploi sont nombreuses, mais le principe est toujours le même : fabriquer à partir de tout cela une fibre recyclée, qui servira à tisser les revêtements de sièges et les motifs de portes par exemple.

Ce procédé intéresse de plus en plus de constructeurs et fabricants automobiles, mais est pour l’heure moins répandu que le cuir végétal. Volvo a récemment sauté le pas, en introduisant sur sa C40 Recharge (assemblée à Gand) un matériau recyclé baptisé Nordico. Fiat a noué un partenariat avec Seaqual pour doter sa Fiat 500 de fil recyclé à partir de déchets marins. Récemment, BMW vantait le même procédé sur son concept i-Circular, qui devrait se concrétiser par une commercialisation en série. Hyundai est l’un des constructeurs à avoir poussé le recyclage et le réemploi jusqu’au bout. Les sièges de ses berlines électriques IONIQ 5 et IONIQ 6 sont ainsi revêtus de matériaux recyclés, et la marque est allée encore plus loin. Les tapis et le ciel de toit sont fabriqués sont constitués d’une fibre mêlant maïs et canne à sucre, et la peinture qui habille la carrosserie est composée d’huile végétale, colza ou maïs. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…

L'intérieur des berlines IONIQ 5 et IONIQ 6 de Hyundai est revêtu de matériaux recyclés. Crédit photo : D.R sauf mentions contraires

Les nouveaux défis écologiques qui attendent l’automobile sont donc loin de se résumer au carburant ou aux gaz à effet de serre. C’est un sujet bien plus global, qui concerne tous les aspects par lesquels nous pensons, concevons et utilisons la voiture. Ces innovations, encore balbutiantes quoique prises très au sérieux par beaucoup d’acteurs du secteur, pourraient permettre de mieux protéger notre environnement, sa faune et sa flore. Pour que se poursuive cette belle aventure qu’est l’automobile, initiée il y a plus d’un siècle ! 

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