Complications horlogères

Pour beaucoup d’historiens qui se sont penchés sur les origines de l’horlogerie, cette farouche détermination de plusieurs générations d’artisans à vouloir défier en permanence les lois de la mécanique de précision, en logeant le plus grand nombre de fonctions compliquées dans un minuscule boîtier... est à trouver dans l’esprit de rigueur et d’excellence qui a caractérisé les Huguenots à l’origine de cet art et de ce métier.

Soucieux en permanence d’en repousser les limites, ils veulent encore aujourd’hui, comme il y a 3 siècles, faire chaque jour la preuve de leur imagination, et de leur habileté. Ces incroyables défis et éblouissantes démonstrations sont aussi, bien souvent, au service de la précision chronométrique, de la facilité et des fonctionnalités de la montre. Rappelons en quelques lignes, quelles sont les principales particularités de ces complications qui ne cessent de nous fasciner. 

Le chronographe est considéré comme l’une des expressions horlogères les plus courantes, parce que l’une des plus récentes... alors qu’elle est loin d’être simple à réaliser. Pour nous permettre de mesurer et d’afficher des temps courts écoulés, il fallait mettre au point un système permettant de stopper et redémarrer une aiguille, sans perturber la marche du mouvement. Les chronographes haut de gamme sont munis de roues à colonnes. Les plus sophistiqués sont parfois mono-poussoirs et d’autres sont dotés de la fonction dite “ Flyback ” qui permet de remettre le compteur à zéro et de relancer un nouveau chronométrage.

L’indicateur de phases de lune, animé au moyen d’un système de disque et de guichet, affiche sur le cadran les différentes évolutions de l’astre qui nous fait tant rêver : nouvelle lune, premier quartier, pleine lune, dernier quartier. La durée exacte de cette balade est de 29 jours 12 heures 44 minutes et 2,8 secondes... avec pour conséquence le décalage d’un jour en 2 ans 7 mois et environ 20 jours ! En réalité, seules les fonctions dites “ lune astronomique ” respectent avec précision le fameux cycle, et sont d’ailleurs indispensables sur les Calendriers dits Perpétuels.

Ces fameux calendriers perpétuels (ou quantièmes) sont de véritables prouesses horlogères et de petits chefs d’œuvre de miniaturisation dans la mesure où ils affichent la date, le jour, le mois... en tenant compte automatiquement de la longueur des mois et du fameux retard des années bissextiles ! Quand le calendrier est dit simple, c’est qu’il réclame que l’on corrige manuellement la pièce, après chaque mois de 31 jours.

L’une des complications horlogères les plus sophistiquées est probablement celle à équation du temps. C’est aussi l’une des plus poétiques, qui tient compte de la différence existant entre le temps solaire moyen – que pour des rai-sons conventionnelles nous avons fixé à 24 heures – et le temps solaire vrai qui, lui, varie en fonction de l’irrégularité de la course de la Terre autour du Soleil. Seuls quatre jours par an, ces deux temps ont une valeur identique ! C’est le top niveau de la haute horlogerie !

La répétition minute est considérée comme la reine des complications, dans la mesure où elle réclame du maître-horloger qui va lui donner naissance, autant de temps que de talent ! Véritable bénédiction qui donnait l’heure la nuit à l’époque où l’électricité n’existait pas, cette complication a pour fonction de sonner, à la demande, les heures, les quarts et les minutes. Particulièrement fascinants, ces mouvements sont l’exclusivité d’un petit nombre de manufactures. Ils exigent entre 200 et 300 heures de travail... d’où leur prix qui peut paraître lui aussi exclusif !

Enfin, vient le tourbillon, que conçut un beau jour de 1801 l’illustre Abraham-Louis Breguet... qui était alors loin d’imaginer l’engouement que provoquerait son astucieuse invention, dans le marché horloger, deux siècles plus tard. Son objectif : compenser les effets de la gravitation terrestre par la bonne marche du mouvement en abritant le balancier et l’échappement dans une minuscule cage mobile, qui tourne sur elle-même, habituellement en une minute. Même si son prix est devenu relativement plus accessible, cette complication reste l’une des prouesses techniques les plus remarquables.