Corinthia London, un avant-goût de l’Astoria

En 2019, Bruxelles réveillera une princesse endormie : le Grand Astoria Hotel, qui borde la rue Royale. Son nouveau propriétaire veut en faire un temple du luxe au cœur de la capitale. So Soir s’est glissé, via un détour par Londres, dans les coulisses de cette enseigne de très haut standing.

Par Dorian Peck. Photos D.R. |

Sur Whitehall Place, près de Trafalgar Square, un immense bâtiment victorien accueille les plus riches visiteurs de Londres. Rihanna, Tom Cruise ou Meryl Streep y trouvent régulièrement refuge,  et Johnny Depp y improvise quelques notes dans un penthouse où trône un piano quart de queue. Sept suites au luxe inouï coiffent le toit de ce palace Belle Époque qui nargue ses concurrents, le Savoy ou le Dorchester. La plus grande s’étend sur 470 m2, avec une terrasse offrant un panorama saisissant sur la Tamise. Dans les chambres : du tapis moelleux, un sol chauffant dans la salle de bains et une literie qui est exactement celle choisie par… la reine d’Angleterre.

Ici, on vient chercher de la permanence, à travers un service “tailor made” échappant à tout effet de mode. Une réassurance face aux chaos du monde qui débute à 500 £ et culmine à 18 000 £ la nuitée. Le hall, avec son salon, est le cœur même du Corinthia Hotel London. Il offre une ambiance résidentielle rehaussée  d’un mélange éclectique de meubles et d’œuvres d’art créés tout spécialement. La coupole, majestueuse en son centre, est dominée par le lustre Full Moon signé du designer parisien Chafik Gasmi et produit par Baccarat, la prestigieuse cristallerie française. Derrière cette constellation de 1001 pampilles de cristal, l’enfilade de lounges, tea-rooms, restaurants (british, italien, oyster bar) dégage une élégante cohérence malgré l’armada de décorateurs qui y ont œuvré.

Parmi eux, le David Collins Studio dont le piano à queue s’étire en comptoir du bar Bassoon. Ou les frères jumeaux Ian et Richard Abell, fondateurs du studio Based Upon, dont les portes sur mesure pour les ascenseurs du hall d’entrée – un bronze de neuf mètres carrés – représentent la Tamise serpentant à travers la ville, bordée d’une réplique fidèle de chaque bâtiment sur ses rives. Avant d’être un hôtel, le Corinthia était une annexe du ministère de la Défense, pendant la Seconde Guerre mondiale, explique Matthew Dixon, directeur général. Il a été restauré avec soin, mais dans l’esprit du XXIe siècle. Une architecture victorienne classique, associée à une exécution soignée et une touche d’art contemporain, reflétant l’énergie, l’histoire et le style londoniens…

Mais la réussite du palace réside aussi dans un autre pari, relevé haut la main : faire de l’établissement une destination populaire aussi bien pour la clientèle internationale que pour les Londoniens. Car outre ses restaurants et lounges qui sont devenus des lieux de rendez-vous très courtisés, l’hôtel abrite aussi le plus grand spa de Londres, avec 3300 m2 sur quatre étages en sous-sol, 17 salles de soins, un club de sport high-tech, un salon de coiffure Daniel Galvin et une cohorte de thérapeutes, naturopathes, acupuncteurs, ostéopathes et physiothérapeutes… Incarnant à la fois la grandeur d’antan et la modernité contemporaine, ce palace est devenu le flagship du groupe Corinthia, chaîne hôtelière née à Malte et qui compte aujourd’hui neuf adresses haut de gamme à travers l’Europe. L’image de ce que l’enseigne fait de mieux et, sans doute, un excellent avant-goût de ce que sera l’Astoria de Bruxelles. 

Pendant de nombreuses années, ce Grand Hôtel, construit en 1909 à la demande du roi Léopold II, a été considéré comme l’un des meilleurs hôtels au monde, servant de lieu de rencontre pour les grands de ce monde, avant de tomber doucement dans l’oubli… Après une fermeture en 2007 et quelques travaux entamés par son propriétaire précédent, le cheikh saoudien Mohamed El-Khereji, il a été acquis l’an passé par le groupe Corinthia Hotels.

Véritable renaissance

Mais si l’Astoria revit, ce sera avec des hautes ambitions et de gros moyens : 13,76 millions d’euros pour acquérir le bâtiment et 65 millions d’euros pour les travaux, soit près de 80 millions d’euros d’investissement. Un budget à la hauteur des objectifs : attirer une nouvelle clientèle internationale. Des clients “loisirs”, dans le jargon hôtelier, qui ne se contentent pas d’un service “cinq étoiles”, mais recherchent un supplément d’âme, une aura.  Chacun de nos hôtels est un hommage unique à l’architecture et aux traditions culturelles locales. Et les vrais clients seront des gens qui, aujourd’hui, viennent de Paris, Londres ou Dubaï, et ne logent pas à Bruxelles car ils n’y trouvent pas beaucoup d’endroits de très haut standing, avec un luxe absolu et une qualité parfaite de service, s’enthousiasme Simon Naudi, CEO d’International Hotel Investments (IHI), la maison mère de Corinthia Hotels.

Passionné par ce projet, Naudi semble déterminé à s’installer durablement en Belgique et ce, malgré la morosité touristique actuelle. Notre objectif n’est pas seulement de rénover un immeuble exceptionnel, mais de l’amener au top des cinq étoiles à Bruxelles, où il n’y a pas un vrai cinq étoiles dans le sens d’un palace. À l’heure qu’il est, les travaux débutent à peine, supervisés par l’atelier d’architecture de Francis Metzger (le bureau MA2). Cet architecte bruxellois connaît bien le bâtiment car il avait déjà œuvré avec le propriétaire précédent. Et il a sur sa carte de visite la restauration d’immeubles prestigieux comme la villa Empain ou la maison Saint-Cyr. L’idée est de conserver l’âme d’antan, notamment via la façade (aujourd’hui restaurée) et de nombreux éléments intérieurs d’époque, explique ce dernier. Conçu par le célèbre architecte belge Henri Van Dievoet, l’extérieur de l’hôtel reflète le style architectural néoclassique rendu célèbre à Paris par le roi Louis XVI, tandis que le majestueux mobilier intérieur a conféré à l’édifice un style reconnaissable parmi des milliers. 

Depuis 2000, l’hôtel a été classé comme monument protégé. Ce qui rajoute de la délicatesse au travail déjà méticuleux de l’architecte. C’est une entreprise compliquée car elle abordera trois domaines en même temps : la restauration d’un bâtiment de style dont certains éléments sont classés, la construction de parties entièrement neuves, ainsi que la rénovation, explique l’architecte. Certains éléments sont totalement retravaillés à la main, avec les matériaux d’origine. Ce n’est pas une rénovation, mais une renaissance. 

Un demi-hectare

Passionné par ce projet, Naudi semble déterminé à s’installer durablement en Belgique et ce, malgré la morosité touristique actuelle. Notre objectif n’est pas seulement de rénover un immeuble exceptionnel, mais de l’amener au top des cinq étoiles à Bruxelles, où il n’y a pas un vrai cinq étoiles dans le sens d’un palace. À l’heure qu’il est, les travaux débutent à peine, supervisés par l’atelier d’architecture de Francis Metzger (le bureau MA2). Cet architecte bruxellois connaît bien le bâtiment car il avait déjà œuvré avec le propriétaire précédent. Et il a sur sa carte de visite la restauration d’immeubles prestigieux comme la villa Empain ou la maison Saint-Cyr. L’idée est de conserver l’âme d’antan, notamment via la façade (aujourd’hui restaurée) et de nombreux éléments intérieurs d’époque, explique ce dernier. Conçu par le célèbre architecte belge Henri Van Dievoet, l’extérieur de l’hôtel reflète le style architectural néoclassique rendu célèbre à Paris par le roi Louis XVI, tandis que le majestueux mobilier intérieur a conféré à l’édifice un style reconnaissable parmi des milliers. 

Des extensions que les propriétaires historiques de l’Astoria, la famille Goossens-Bara, avaient déjà prévues en rachetant plusieurs maisons autour de l’hôtel. Réaménagées et intégrées, ces pièces donneront au Corinthia Grand Hotel Astoria de nouveaux atouts : une grande salle de bal, des espaces de réunion, deux restaurants, un bar et un spa – aussi élégant que celui de Londres – avec une piscine au sous-sol et des couchettes en marbre chauffé. Sans oublier des commerces qui feront la part belle à l’excellence belge, dont un fleuriste et un excellent chocolatier.

Mais c’est sur sa partie arrière que l’Astoria subira sa transformation la plus ambitieuse. C’est là qu’en complément de 126 chambres, seront installées vingt-quatre super-suites avec terrasse, donnant sur le quartier de Notre-Dame des Neiges, place des Barricades. Un travail d’orfèvre qui offrira à Bruxelles un véritable palace digne de ce nom. L’esquisse de la suite présidentielle laisse à elle seule rêveur : s’étalant sur 270 m2, elle possédera son propre jardin à ciel ouvert au dernier étage du bâtiment. Ce sera la plus belle suite présidentielle au monde, confie Simon Naudi. Il ne sera pas nécessaire de passer par la réception pour y accéder, mais sans doute par le ciel, afin de répondre aux exigences de sécurité réclamées par une clientèle vraiment sensible… Plus que deux toutes petites années avant d’apprécier.