Dans ce nouvel espace hybride, procurez-vous des chapeaux de stars signés Elvis Pompilio

Du 6 mai au 12 juin, Artchives, un nouveau lieu d‘art et de vie lillois, mêlant gastronomie, cocktails et art contemporain, consacre une rétrospective au chapelier belge. L’occasion de s’offrir une virée juste derrière la frontière et une rencontre avec le créateur !

Par Sigrid Descamps. Photos D.R. sauf mentions contraires. |

Facile à rejoindre en train et en voiture, Lille est une destination prisée par de nombreux Belges, qui aiment s’y rendre pour passer une journée ou tout un week-end, à flâner dans ses rues et ruelles, à s’adonner au shopping ou à visiter l’une et l’autre expositions.
Parmi les lieux à découvrir, on a pointé un nouvel espace hybride, aménagé dans l’ancienne annexe des archives départementales.

La Cantine Urbaine, située au dernier étage - Instagram Artchives Lille

Inauguré il y a quelques semaines à peine, Artchives unit sur quatre étages la gastronomie, avec le resto La Cantine Urbaine ; la mixologie avec le bar à cocktails B’Art ; et l’art contemporain avec une boutique et une galerie d’art, l’Abcynth Galerie ! Et cette dernière, pour sa première exposition, a décidé de mettre à l’honneur… un Belge ! Et non des moindres, puisqu’elle dédie une vaste rétrospective à Elvis Pompilio. L’occasion, sur deux étages, de replonger dans l’univers de l’extravagant chapelier. Et pour l’intéressé, de replonger dans ses souvenirs !

 

On trouve déjà certaines de vos créations dans divers musées, mais c’est la première fois qu’une expo vous est entièrement dédiée. Comment s’est initié ce projet ?
On trouve en effet quelques-uns de mes chapeaux dans certains musées ou on peut en voir dans le cadre d’expositions thématiques. C’est le cas par exemple de celle en cours, consacrée aux talents bruxellois, au Musée de la Mode et de la dentelle (Brussels Touch, jusqu’au 15 mai). Mais c’est la première fois qu’une exposition m’est entièrement dédiée. Ce sont les responsables du lieu, aménagé dans un bâtiment historique, qui m’ont contacté : ils me connaissaient de l’époque où j’avais encore une boutique à Paris. Ils ont décidé de consacrer une partie de ce nouvel espace à des artistes contemporains et ils m’ont invité à l’inaugurer. J’ai accepté… sans imaginer un instant le boulot colossal que ça allait représenter (rires).

La vidéo du jour :

C’est-à-dire ?
L’idée était de revenir sur tout mon parcours et donc, de replonger dans mes archives. Or… je ne possède pas d’archives ! Depuis toujours, je crée des pièces uniques, pensées pour être vendues et portées. Une fois qu’elles ont été achetées, elles ne m’appartiennent plus. Or, la grande majorité d’entre elles ont trouvé acquéreur. Même certaines pièces, pourtant très extravagantes, qui ont alors été achetées  soit par un collectionneur, soit pour un événement. En fait, quand j’ai commencé à penser au contenu de l’expo, je me suis rendu compte qu’il ne me restait vraiment pas grand-chose. Je n’ai pas non plus essayé de recontacter les propriétaires de chapeaux, cela me demandait trop de boulot et je n’avais pas envie de les déranger. J’ai donc puisé dans ce que j’avais encore chez moi et pour le reste, j’ai recréé à l’identique pas mal de pièces. Ce fut le cas notamment d’un chapeau porté par Madonna, qui était en feutre, mais recouvert de poil de lièvre avec un imprimé léopard. Heureusement, je me souvenais précisément du tissu et le fournisseur en avait encore en stock ! Pour la plupart des chapeaux, j’ai eu la chance de pouvoir retrouver les matières d’origine. Soit il m’en restait dans mes tiroirs, soit je pouvais les demander auprès des fournisseurs. Je me suis également appuyé sur des archives photographiques, des magazines… et sur ma mémoire ! J’ai de la chance, car je n’ai peut-être pas la mémoire des dates, par contre, mes yeux et mes mains se souvenaient de chaque pièce que j’ai créée.

Avez-vous ressenti des bouffées de nostalgie sur l’une ou l’autre pièce ?
Quasiment sur toutes. J’ai dû remonter 35 ans en arrière et j’ai ainsi refait des choses qui ont compté dans ma carrière ou qui ont connu un gros succès. J’ai refait des pièces qui ont été portées par de grands top models, comme Linda Evangelista.  Qui ont été immortalisées par de grands photographes comme Mario Testino ou Helmut Newton… Cela m’a replongé dans tout ça, dans les rencontres, dans les univers qui ont accompagné la création et la vie de ces chapeaux. Mon métier m’a quand même permis de rencontrer de grands créateurs comme Karl Lagerfeld et Thierry Mugler, pour ne citer qu’eux. Et puis, il y a toutes celles et ceux qui ont porté mes pièces. On cite souvent Amélie Nothomb, Axelle Red, Madonna, Debbie Harry, Sharon Stone… Mais il y en a d'autres, plus discrets comme Patti Smith ou Arno. Ca a fait remonter des souvenirs. Ce voyage dans le temps, ce n’est pas une démarche naturelle pour moi ; je ne suis pas du tout nostalgique, je n’aime pas regarder en arrière. Mais là, j’étais un peu obligé de me plier à l’exercice. Et finalement, j’ai bien aimé (rires).

Vous avez également participé à la scénographie…
Oui, car quand je dis « Oui » à un projet, je m’investis à fond. On a récréé mon univers. On verra notamment une reproduction de mon atelier. J’ai aussi cherché moi-même quelques éléments de décoration, comme des miroirs, que j’ai déniché sur le marché aux puces et chez des antiquaires.

Particularité : la plupart des pièces présentées à l’exposition pourront être achetées…
Oui, et on pourra également commander des chapeaux  sur mesure. J’ai toujours trouvé frustrant de visiter une exposition, d’y voir des pièces magnifiques – vêtements, bijoux, ou autres accessoires – et de ne pas pouvoir les acquérir. C’est plus sympa comme ça et puis, un chapeau, c’est fait pour être porté avant tout !

L’exposition Identité.s  - Elvis Pompilio se tient du 6 mai au 12 juin à l’Abcynth Galerie, entrée gratuite. Elvis Pompilio donnera deux conférences (gratuites également, mais réservation obligatoire via contact@abcynthgalerie.com) les 6 mai et 28 mai.
Artchives : 74 rue Jacquemars Giélée, Lille. Ouvert tous les jours de 11h à minuit, le dimanche de 14 h à 21 h. Plus d'infos ici. 

L’interview complète d’Elvis Pompilio sera à découvrir dans votre magazine le 28 mai prochain.

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