Déco : le grand retour du paravent

Diviseur d’espace ou tableau qui se déplie pour voiler tous les secrets, cet élément de décoration millénaire est réinventé par les designers et artistes d’aujourd’hui. 

Par Agnès Zamboni. Photos D.R. |

Il est né en Chine et au Japon, pour recomposer les volumes d’une pièce, apporter de l’intimité et même protéger des courants d’air. Après ses années folles, au début XXe siècle, où il est devenu un véritable support d’expression pour de nombreux créateurs et décorateurs, s’ensuivit une période d’oubli. Aujourd’hui, il retrouve sa légitimité dans nos intérieurs. Dans tous les lieux où les transitions ont disparu - les petits appartements, les grandes pièces à vivre décloisonnées, les chambres composées comme des suites, les open spaces ou les lofts libérés des séparations traditionnelles… -, le paravent retrouve son rôle de parenthèse poétique et protectrice.

Des jeux de matières

Emaillées d’effets de profondeur et de transparence, de textures imitant les nervures des feuilles ou revêtu de dessins géométriques nous replongeant dans le style Art déco, les feuilles d’un paravent sont comme les pages d’un livre, elles nous racontent des histoires de matières. Comme une toile blanche, le paravent se fait pièce unique. L’art de la marqueterie de paille y reprend sa place comme dans les années 1920-30, notamment pérennisé par le travail exemplaire de Lison de Caunes, petite-fille d’André Groult qui avait participé au début du XXe siècle, au nouvel essor de cette tradition française remontant au XVIe siècle. C’est l’ébène blanc au veinage particulier et dessin façon encre de Chine qui a inspiré Alexandre Lowie pour son modèle inédit de paravent. Renouvelant l’idée désuète du paravent en tissu du boudoir de nos grands-mères, Valérie Van der Massen, créatrice textile, s’est inspirée des paravents traditionnels japonais séculaires pour imaginer Aki, une cloison de séparation qui met en évidence ses recherches sur le rôle de la lumière. Avec, toujours, une approche technique et utilisant les propriétés d’isolation phonique du feutre de laine, le designer Pierre-Emmanuel Vandeputte imagine des écrans et alcôves pour atténuer les nuisances sonores, favoriser la concentration et garder ses distances face aux distractions voisines. Destinés à différents univers de bureaux, postes de travail en groupe, open spaces, espaces publics et même télétravail à domicile, ses jeux de cache-cache interrogent notre besoin temporaire d’isolement sans se couper totalement de l’environnement.