En matière de mode de vie, l’espace extérieur subit de grandes transformations. Les amateurs d’espaces verts colonisent leurs horizons différemment, en espace et en temps. Que ce soit pour habiller les abords de sa villa ou pour se concocter un jardin urbain, on le prend comme à une invitation de dimanche à la campagne. L’option qu’a choisie Céline Dewulf, jeune architecte, c’est le jardin sur le toit. Céline habite un appartement en plein centre de Bruxelles. Il y a quelques années, bien que le lieu qu’elle a entièrement rénové lui offre tout ce qu’elle attend d’un endroit de vie, elle a pensé déménager. Dès qu’il y avait un peu de soleil, les seuls endroits où je pouvais me réfugier et profiter, c’étaient les terrasses des bars. Peu intimes, et coûteuses. J’avais envie d’un endroit à moi, où sortir avec le café que je venais de me préparer.
Peu à peu, l’idée d’une terrasse-toit, au-dessus de son appartement, germe dans son esprit. Il suffit de construire trappe et escalier pour y accéder, et “juste” un permis à demander. C’est que l’idée est dans la droite ligne d’une certaine pensée architecturale. Le Corbusier, déjà, aimait cette approche, souligne-t-elle. Il dessinait des gratte-ciel qu’il surélevait, permettant l’installation d’espaces verts en dessous. Ici, l’espace est au-dessus, mais intégré à la vie citadine.
Cageot mais lounge
Aujourd’hui, le toit - qui donne sur la place Sainte Catherine et des hauts d’immeubles - est garni d’une bordure de bacs à plantations. Quelques grandes caisses en coin de terrasse complètent ses ambitions potagères. Tomates ou bambous, Céline peut y faire pousser ce qu’elle désire. Un canapé signe la partie lounge de l’espace et une table et des chaises assoient sa partie fonctionnelle.
Un feu ouvert, construit en briques et au design élégant, permet les barbecues et une guirlande de lanternons colorés illumine le tout à la nuit tombée. Cet extérieur multi-espaces, hétéroclite, en lien avec la nature et coloré, respire l’esthétique ethnique et raffinée. De son haut, on peut voir ses homologues hachurer également les toits du quartier. Nous formons une communauté des toits, souligne la jeune propriétaire. Des personnes que je croisais en bas, sans bien les connaître, que j’ai appris à côtoyer lors des soirées d’été, de toit en toit. Une autre façon de vivre la ville, donc, en extérieur intime.
Coussins intelligents
Et cette communauté est au fait des tendances. On discute plantations et décoration. Parfois, l’esprit est à la récupération, au design bobo bohème. Des cagettes reçoivent les plants, des palettes forment les sièges. Mais de plus en plus, cela se complète de mobiliers spécifiques pour lesquels on peut dès lors mettre le prix : chaises colorées Fermob, siège Copacabana, coussins aux tissus intelligents et résistants à l’humidité. On est dans le confort avant tout. On veut des salons d’extérieur qui recréent l’univers décontracté de nos intérieurs. La décoration
y est essentielle. Les jeux d’ambiance, primordiaux.
Lampions, pergolas créent cette atmosphère, à laquelle s’ajoutent même les cabanes ou les containers de jardin. Ils ont la cote, explique l’architecte, qui a reçu en commande un projet de studio de yoga dans une telle structure. On peut s’en offrir un pour 40000 €. C’est une vraie alternative, parce qu’il ne nécessite pas de permis d’urbanisme Conscientes des enjeux de cette nouvelle vie en extérieur, les marques rivalisent de technologie et d’innovations pour offrir un extérieur à la mesure de son intérieur : sensations cocoon, matières sensuelles (mais wind et waterproof), jeux de reliefs et lignes ultracontemporaines. Exit les tables et chaises en plastique blanc, le mobilier de jardin
se fait chic et choc.
Comment cocooner outdoor ?
Quatre tendances à travailler pour s'y mettre sans tarder.
