"Doorway effect " ou quand on oublie ce qu'on comptait faire en entrant dans une pièce

Cela nous est tous déjà arrivé : on passe d’une pièce à l’autre pour aller chercher quelque chose et puis, une fois arrivé, plus moyen de s’en rappeler. C’est ce qu’on appelle le « Doorway Effect ».

Par Tiffany Sales. Photo : Pixabay. |

Vous avez laissé vos clés dans la cuisine ? Pas de problème, vous allez de ce pas les chercher. Mais alors que vous entrez dans la cuisine, vous vous demandez : tiens, mais qu’est-ce que je viens faire ici ?  C’est simple, en 30 secondes, vous avez oublié tout le but de votre mission. Mais ne vous inquiétez pas. Vous n’êtes pas en train de perdre la tête. À vrai dire, il s’agit d’un phénomène plutôt courant qui démontre au contraire le bon fonctionnement de votre cerveau : le « doorway effect ». 

Il y a quelques années, les scientifiques croyaient que notre mémoire fonctionnait de la même manière qu’un classeur. Ainsi, lorsqu’on vivait une expérience, notre cerveau la classait dans un petit dossier. Ensuite, quelques jours plus tard, nous pouvions rouvrir aisément ce petit dossier dont le contenu est resté intact. Mais notre cerveau est bien plus complexe que cela. On pourrait le comparer à un ordinateur superpuissant, qui exécute des dizaines de tâches à la fois et qui a des tas d’applications ouvertes en même temps. 

L'étude de Gabriel A. Radvansky

Une étude de Gabriel A. Radvansky et ses collègues a pu démontrer en 2011 toute la complexité de notre cerveau et confirmer cet étrange phénomène. Pour les besoins de leur étude, ils ont demandé à 55 étudiants de jouer à un jeu de réalité virtuelle sur ordinateur. Dans ce jeu, les étudiants devaient transporter des objets d’une pièce à l’autre. Chaque fois que les participants traversaient une pièce, une image d’objet apparaissait sur leur écran. Ces derniers devaient alors cliquer sur « oui » ou « non » pour confirmer ou non que c’était bien l’objet qu’ils transportaient (l’objet en question était caché par une boîte de manière à ce qu’ils ne puissent pas vérifier).

Ces images d’objets apparaissaient lorsque les participants entraient dans une nouvelle pièce mais aussi lorsque ces derniers restaient dans une même pièce. 

Résultat ? Lorsque les participants passaient d’une pièce à l’autre et qu'ils étaient questionnés sur le contenu de la boîte qu’ils transportaient, les réponses étaient moins précises et plus lentes, même lorsque ces derniers retournaient dans la pièce originale. Ce n’était pas une question de distance non plus. C’était uniquement le fait d’être passé dans une autre pièce (et non le fait d’être ou non dans la pièce originale) qui avait fragilisé ou effacé le souvenir. 

Un point de rupture

Les chercheurs en ont conclu que le cerveau des différents participants percevait les portes comme une sorte de point de rupture. Mais comment expliquer cela ? En passant d’une pièce à l’autre, on change à la fois d’environnement physique et mental. Ainsi, sorti d’un contexte particulier et immergé dans un autre, de nouveaux défis se présentent à nous et nous devons y faire face, en « vidant » par exemple notre mémoire de travail pour y stocker autre chose. 

Maintenir son attention sur un objectif particulier malgré le changement de contexte est bien sûr possible, et aussi adaptatif, mais cela nous demande plus de concentration. 

Au fait, qu’est ce que j’étais en train de vous raconter ?

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