Et maintenant un petit porno

À la recherche de l’Ultra-Sex est un livre, un film et une expo, qui détournent avec jouissance 250 extraits de productions X, mais sans les passages explicites. Un objet décalé pour parler sexe en société en jouant les distingués.

par Baudouin Van Humbeeck. |

À l’époque où l’émission Nulle Part Ailleurs faisait les beaux jours de Canal Plus, les Français Bruno Lavaine et Nicolas Charlet, qui détournaient allègrement des films d’entreprise du monde entier dans leurs capsules Message à caractère informatif, nous faisaient rire de bon cœur.

En 2014, fort de son succès, le duo s’est lancé dans le projet À la recherche de l’Ultra-Sex : un long-métrage constitué d’extraits de scènes de films érotiques, mais sans les scènes érotiques. Mettons-nous un instant à la place d’un réalisateur de film porno suant de grosses gouttes sur son scénario. À part les passages purement pornographiques, que montrer, que raconter ?

La réponse est : peu importe. Du moment que le spectateur a son quota de scènes de sexe, pour le reste, tout est bon. Et cela peut aller vraiment très loin dans le n’importe quoi, jusqu’à situer une comédie musicale pornographique dans l’espace.

Quatre mois de doublage

C’est donc sur les parties dialoguées que Bruno et Nicolas se sont concentrés, zappant les minutes explicites. Après avoir visionné 2500 films de tous âges et de tous les horizons (États-Unis, Allemagne, Italie, Japon…), ils ont retenu 250 extraits, utilisant la délirante production érotico-spatiale Beast in Space comme fil rouge.

Quatre mois de montage et de doublage ont été nécessaires pour un résultat qui, même nettoyé, reste quand même interdit au moins de 16 ans. Diffusé à l’occasion des trente ans de Canal Plus, A la recherche de l’Ultra-Sex a aujourd’hui donné naissance à un “filmvre”, comprenez à la fois un film sur DVD et un livre (reprenant le scénario du film, son roman-photo, etc).

Entre Chantal Goya et du hip-hop

Dans ce dernier, figure également une série de photos d’un personnage auquel Bruno et Nicolas se sont spécialement attachés : un robot qui danse et chante – entre Chantal Goya et du hip-hop explique Bruno Lavaine – sorti du film érotique Cinderella 2000 tourné en 1977.

Dans un clin d’œil, les deux compères assurent que ce personnage aurait d’ailleurs inspiré les costumes et les casques du duo français Daft Punk. Pris à Austin et à Los Angeles dans des situations absurdes, touchantes et parfois les deux, ces clichés font aujourd’hui l’objet d’une exposition itinérante, Robot Daft Peunk, voyageant partout sur la planète. Heureux Terriens, la voici désormais à Bruxelles !

À la recherche de l’Ultra-Sex, Nicolas Charlet et Bruno Lavaine, Editions Nova. Expo Robot Daft Peunk, First Step on Earth jusqu’au 15/04 à l’Atelier Relief, 20 rue Vilain XIIII, 1050 Ixelles. www.atelier-relief.com