Fashion Week de New-York : Pourquoi les créateurs défilent-ils tous dans des musées ou galeries d'art

Alors que la Fashion Week bat son plein à New York, les premières tendances se dégagent et on remarque qu'au-delà des vêtements, le cadre dans lequel défilent les silhouettes en dit long sur les profonds changements dans le monde de la mode.

par Marie Honnay, photos ouverture Dior (Belga) - Photonews |

Le décor, un symbole

Alors que s’ouvre le grand bal des défilés organisés sur 4 semaines à New York, Londres, Milan, puis Paris, une question brûle les lèvres de tous ceux qui, en vrai ou derrière leur écran, ne manquent pas un seul des shows proposés par les marques : quel créateur fera le show?

Depuis quelques saisons, la pandémie de Covid19 a forcément un peu gâché la fête en obligeant les designers à postposer leurs défilés. Autre facteur: certaines polémiques ont agité le public et détourné l'attention des collections, ce qui fut notamment le cas des arbres coupés plantés par Chanel dans le Grand Palais. Ainsi, par souci de soutenir tous les acteurs de la création, mais aussi pour éviter tout bad buzz, les créateurs à New York ont emboité le pas à ce que Dior initiait plus tôt avec son défilé Haute Couture et semblent bien avoir choisi la sobriété ou en tous cas un cadre plutôt intello pour leur présentation de collection.

Programmé le 11 février, premier jour de la Fashion Week, le show du label Proenza Schouler - un duo formé par Lazaro Hernandez et Jack McCollough, les deux enfants chéris de la mode U.S. (la papesse fashion Anna Wintour les adore !) -, s’est tenu au sein du Brant Foundation Art Study Center, dans l'East Village. Un cadre arty auquel faisait écho une BO expérimentale sur fond de violoncelle. Sobre, et forcément légitime...

Défilé Proenza Shouler

L'art, le choix consensuel

Helmut Lang - Autre figure centrale de cette Fashion Week - avait choisi une galerie d’art du quartier de Soho en guise de décor. Quant à Ulla Johnson, son choix s’était porté sur le cadre prestigieux de la New York Public Library rehaussé par la présence des sculptures en bois de l’artiste Alma Allen. Dans un climat incertain, à l’heure où le secteur tente par tous les moyens de se refaire une réputation, il semble de bon ton, lorsqu’on veut se donner une nouvelle crédibilité, de surfer sur la vague arty. On sait qu'aujourd'hui, les entreprises doivent montrer patte blanche et pas seulement en recyclant quelques tissus, cet intérêt pour la responsabilité sociétale est devenu au moins aussi importante que le talent du styliste maison. Alors, bien-sûr, les créateurs n’ont pas attendu la présentation des collections de l’hiver 2022 pour découvrir l’existence des galeries d’art, (et on connait par exemple la relation entre Yves Saint Laurent et les artistes de son temps), mais ce qui semble désormais acquis, c’est qu'on est loin des provocations, du porno chic ou des excès en tout genre: les marques n’ont plus forcément envie sortir des clous à tout prix, car elles cherchent d'abord à se garantir une réputation irréprochable. La preuve avec Thom Browne qui ne défilera qu’en avril prochain. Raison invoquée : calquer son timing sur celui du lancement de la grande exposition sur la mode américaine du Metropolitan Museum of Art (MET). Tout un symbole.    

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