Gioia, le restaurant italien gardé secret trop longtemps

En plein quartier européen, Gioia propose une cuisine italienne soignée, entre terroir et gastronomie. Carlo De Pascale et Florence Hainaut ont poussé la porte de cette adresse et devinez quoi ? On est dans le top de la restauration de la Botte en Belgique ! Ils nous racontent ! 

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. |

Au début de ma vie professionnelle, les jours fastes, il m’arrivait de fréquenter le restaurant Roma, près de la Monnaie, à Bruxelles. L’époque offrait peu de restaurants italiens de qualité, encore moins d’établissements où des chefs avaient une vraie expérience gastronomique. La famille Teston était de cette trempe et on y vivait de vrais moments de cuisine génétiquement italienne et raffinée à la fois. C’est un peu par hasard que j’ai découvert en décembre 2021 que la génération suivante, Carina Teston, avait repris le flambeau avec Gioia.

En vidéo, la revisite de la carbonara de chez Racines :

Entre le confinement qui a rendu “invisibles” certaines ouvertures de restaurants et la localisation de cette table - rue Belliard, en plein quartier européen, pertinent à midi hors confinement, nettement moins le soir -, j’ai bien failli ne jamais y aller. Il a fallu qu’un ami mangeur enthousiaste m’y emmène en décembre pour que, en ce début 2022, j’y embarque à mon tour Florence, désormais clopinant en béquilles. Déjà, le premier impact, c’est que l’on voit dès l’arrivée - la cuisine est dans le restaurant - une sfoglina (c’est ainsi que l’on nomme celle qui abaisse la pâte au rouleau, pas à la machine) qui enroule avec une dextérité incroyable de vrais tortellinis comme dans les maisons historiques à Bologne.

Le lieu

Située en zone “difficile” (il n’y a guère de restaurants ouverts ici le soir à moins de 500 m), cette cage de verre décorée avec précision, moderne sans être bling-bling, nous donne finalement un restaurant urbain - pour tout dire : classe ! - , qui ferait honneur au centre-ville des grandes capitales européennes. Le lieu a de l’allure. En revanche, si le midi, il est assez vivant, entre la sfoglina, qui prépare les pâtes fraîches dans un artisanat de haut vol, et le chef qui prépare et dresse de très belles assiettes, les soirs se déroulent pour le moment dans un calme plat. Alors, on vous le dit tout de suite, poussez la porte, allez-y, on est dans le top de la restauration italienne en Belgique, voire d’ailleurs.

Dans les assiettes

Le chef Fabio Maurizi cuisine sans concession. Pâtes fraîches maison de A à Z, risotto tourné rigoureusement minute, fonds de cuisson puissants, la cuisine est à la fois cent pour cent italienne et cent pour cent cuisine avec l’onction de la gourmandise, de la sauce et d’une certaine joie de cuisiner. J’avais goûté les tortellini in brodo en décembre, parfaitement “justes”. Pareil pour un chapon et jus de cuisson que j’avais essuyé à la polenta (les Teston ne peuvent cacher leurs ascendances du Nord-Est).

Ce soir, après un Negroni infusé, Florence commence par de belles crevettes rouges (19 €) de Sicile (les mythiques gambero rosso) en beignets avec un chutney de potiron et haricots cannellini, suivies d’un parfait risotto à l’anguille fumée, servi, comme on le fait depuis des années dans les belles maisons du nord de l’Italie, “miroir”. Je me régale d’un “simple” carpaccio de veau à la truffe blanche (30 €) suivi de tortelloni au potiron juste saucés de beurre et sauge (15 € si on les prend en entrée, 25 € en plat). La pâte a la juste épaisseur, la farce est a regola d’arte, potiron, mostarda de fruits et biscuits amaretti.

La salle a beau être presque vide, on passe un bon moment, soignés par Tania (la business partner de Carina) et le chef. En dessert, le tiramichou (10 €) pour Florence, une variation réussie entre le tiramisù et le chou à la crème, exécuté avec une belle rigueur pâtissière, tandis que je profite de ce que la carte propose le classique Mont-Blanc (crème de marrons sur meringue) pour me ruer dessus (12 €). Lui aussi, en mode pas mal, même si la crème de marrons aurait pu être un rien plus moelleuse.

Côté vins, la carte navigue dans le classique italien de qualité bien cousu, avec quelques choix au verre qui s’envolent assez vite niveau prix (jusqu’à 18 €), mais un joli Teroldego (AOP typique du Trentin) me laissera de beaux souvenirs. 

En images, notre repas : 

Verdict

L’addition, justifiée, peut s’envoler. On le redit, vous aimerez cette gastronomie classique, mais inspirée, le soin apporté aux détails qui comptent et cet environnement chic milanais de cette adresse encore un peu secrète. Le soir, la note s’établira vite autour des 80 -100 € par personne, le midi, un menu est proposé à 45 €.

L'adresse ? 36 rue Belliard, 1040 Bruxelles. gioia.kitchen

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