Itachi : le resto aux influences chinoises et italiennes

Cela fait trois ans que je guettais ce resto, dont le pitch me semblait parfaitement insensé et donc fort attirant. S’il fallait un peu forcer le trait, je dirais que Carlo aime la cohérence et la tradition. Et moi j’aime quand ça part en sucette. Dans une petite rue liégeoise, rendue difficilement accessible par moult travaux, Itachi affiche une vitrine genre cabinet de curiosités. À l’intérieur, une vingtaine de places, une ambiance plutôt intime. Et un menu : 2 services pour 28 € et 3 pour 33 €, chaque fois avec une option viande, poisson et végé. Petite carte de vins italiens classiques à prix démocratiques, mais ma sainte horreur des sulfites nous fait opter pour un gin tonic citron bergamote en apéro (8,50 €).

Dans les assiettes 

Comme mise en bouche, une salade de boulgour, agneau basse température. Simple et efficace. En entrée, je prends la raviole aux écrevisses, poireau et mozzarella. Ça fonctionne ! Le jus bisqué de crevettes grises fait maison, écrevisse goûtue et la mozza qui fait des fils. Slurp. Carlo prend la salade de joues de veau, fregola sarda (petites pâtes), vinaigrette de sésame, champignons noirs. C’est super-frais. Il se détend. Finalement, peut-être que ça fonctionne comme mélange ? C’est ce que Janing Liu, la patronne et cheffe, s’est dit. Cette jeune Chinoise, venue en Belgique pour faire les Beaux-Arts, a longtemps tenu un traiteur chinois en parallèle de ses études. Lors d’un voyage en Italie, et plus précisément devant un plat de pâtes au saumon et au concombre, elle a une illumination : ce sont des saveurs qu’elle connaît très bien. Et pour cause, historiquement les échanges culinaires entre Chine et Italie existent. Elle finit par ouvrir Itachi, il y a trois ans. En revanche Carlo en profite pour me rappeler une fois de plus que Non, les pâtes italiennes ne viennent pas de Chine, c’est un brol inventé par des journalistes américains en mal de légendes ! En cuisine, Janing travaille avec Anthony Gilles, un jeune cuisinier français, avec qui elle a développé une complicité qui transparaît dans chaque plat. Ils n’ont ni la même expérience ni la même culture culinaire, alors, ensemble, ils essaient, goûtent, suggèrent, se mettent d’accord.

En plat, on partage ! 

D’abord un filet de veau tout tendre enrobé de sésame, polenta grillée, poêlée de légumes et sauce orange moutarde. Ensuite un mix de raviolis dont les énoncés résument bien le concept du restaurant : radis-veau, poivron-poulet-poivre, céleri-porc-châtaigne, agneau-carottes-poireau-cumin, bœuf-fenouil-oignon-olive, veau-porc-coriandre-carottes, saumon-ricotta et poulet-ail noir-champignons. Le voyage entre la Chine et l’Italie a visiblement fait escale au Moyen-Orient. Tout est évidemment fait maison, la pâte et puis les farces, préparées la veille pour que tout infuse. Carlo boit une Peroni, une pils italienne, et moi une très liégeoise Curtius. En dessert, un riz au lait pas trop cuit, donc parfait, au thé vert et jasmin, et un rocher coco sésame et son cœur cacahuète, sorbet prune et thym, coulis de mangue. L’idée coco-cacahuète, Anthony l’a eue sous sa douche, le sésame c’est la touche de Janing !

Verdict 

Itachi pourrait être un immense bordel sans aucun sens, mais tout comme la vitrine où Tchantchès côtoie une marionnette indonésienne et un chat chinois qui salue de la patte, ça marche. Cela ne ressemble à rien qu’on a eu l’occasion de goûter avant, ça manque parfois un peu de précision (et de sel), mais la sincérité de la démarche et l’émulation entre Janing et Anthony font de ce lieu un endroit dont on ressort souriants et pas ruinés.

En images, découvrez ce que nous avons mangé :