Jour de fête, le restaurant du piétonnier qui fait danser les papilles

Comme chaque semaine, Carlo de Pascale et Florence Hainaut nous emmènent au resto. Carlo est chroniqueur food et conso, Florence est journaliste. Ils aiment débattre sans fin sur les restaurants avec ou sans menu, les vins avec ou sans sulfites. Bref, ils aiment manger ensemble.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Jour de Fête. Le nom de ce restaurant est écrit au porte-mine à la dernière page de mon agenda de... 2017. C’est l’un des endroits dont je me dis depuis longtemps qu’il mérite une petite visite de courtoisie. Carlo, mets ton manteau, on y va !

C’est une actualité pas des plus folichonnes qui m’a rappelé qu’il existait.Dans une carte blanche que j’ai vu passer sur Internet, Virginie Monu, la créatrice de l’endroit, expliquait comment les travaux du piétonnier du centre de Bruxelles étaient en train de grignoter,jour après jour, son rêve. Travaillant plus de 100 heures par semaine, elle allait sans doute être contrainte de fermer. Jour de fête est en plein milieu de ce chantier qui semble ne jamais se terminer...

    Le cadre, la carte

    Ce soir-la, quand on pousse la porte de cet endroit, qui donne en effet envie de faire la fete, Carlo et moi nous disons que son cri a ete entendu. L'endroit est presque plein. Des tables en formica, des chaises depareillees, une lumiere tamisee, un bar rempli d'objets kitsch (dont des veilles boites en metal a l'effigie de Baudouin et Fabiola quand ils avaient plus ou moins l'age de la cadette de Carlo), des guirlandes de fanions qui traversent la salle et un grand tableau noir qui surplombe une cuisine ouverte. Le midi, pour trois billets de 5 EU, vous recevez une assiette d'antipasti et un plat du jour. Le soir, le choix s'elargit avec quatre plats qui changent regulierement mais dont la repartition est toujours pareille : une viande, un poisson, une pate et un plat vegetarien.

    On commence par une petite assiette d'antipasti a partager (8 EU). Mais dans celle-ci, point de tomates sechees ni de charcuterie, ca ressemble plutot a un buffet froid. Sauf qu'on est loin du"all-in" d'un hotel de Bodrum et que c'est bon : pain de viande, salade de pommes de terre a la moutarde et a l'aneth, poulet au coco et riz sauvage, chou-fleur au four et petits pois frais. On se felicite de ne pas avoir opte pour la grande version a 12 EU, c'est assez consistant. A boire ? On est d'humeur pintje. Une Papegaei pour moi (une blonde brassee a Dixmude qui tape quand meme a 8 %) et une pils Bofferding (une biere blonde luxembourgeoise) pour Carlo.

    La degustation

      Arrive sous le nez de mon acolyte, le filet mignon, puree de butternut, celeri-rave, girolles et sauce madere a 23 EU. Une viande pleine de gout, mais souffrant d'un leger deficit de photogenie, on vous epargne donc ca. J'aurais du parier sur le fait qu'il grogne en disant que la viande, ca se saisit puis ca doit faire une sieste de quelques minutes sous peine d'etre un peu chewing-gum. La fin du morceau est d'ailleurs beaucoup trop tendre. Mais le jus de viande est delicieux, me dit Carlo. J'opte pour le schnitzel de celeri-rave, betterave confite, navets et sauce aux jaunes d'oeuf (17 EU), franchement delicieux.C'est croustillant, c'est fondant, c'est plein de gout et original.

        Sur le tableau, ce soir-la, il y avait egalement un filet de bar aux lentilles beluga et des pennes au butternut, epinards et bleu. Les assiettes etant prevues pour approximativement un humain et demi, on peine a les terminer et on hesite a choisir le dessert qui nous semble le moins roboratif: le brownie ou la charlotte aux fraises? Il y a une chance proche de zero de trouver ou les loger dans notre estomac. Ca sera donc une mousse au chocolat (5 EU) avec deux cuilleres. Gros shot de sucre un peu violent pour moi, mais Carlo dodeline de la tete en susurrant que c'est bon. Mais si, allez, elle est parfaite ! Legere et bien prise... Non, mon coeur n'appartient qu'au schnitzel, definitivement. Carlo termine comme d'habitude avec un espresso, servi avec un morceau de brownie absolument addictif.

          Le verdict ? 

          Jour de fete, ce n'est pas de la grande cuisine. Mais c'est bon, pas tres cher, frais et il y a du boulot dans les assiettes : le chef n'est pas la pour coller deux tranches de tomates a trois morceaux de mozza. Puis l'endroit porte bien son nom : il est joyeux et colore, malgre les difficultes. On s'en veut un peu de delaisser le centre de Bruxelles et son chantier. Ce n'est pas pratique, faut avouer. On adore l'idee d'une grande zone pietonne et d'un quartier qui revit. Mais quand ca se fait au prix de la survie de commerces qui apportent un vent frais sur la ville, c'est indigeste. Alors frequentons-les !

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