Kad Merad, Valérie Lemercier, Alexandra Lamy,... : 5 célébrités face au Covid

Avec philosophie, angoisse, colère, interrogation… Comment les célébrités vivent-elles le confinement ?

Par Sigrid Descamps. Photos Photonews sauf mentions contraires. |

Alors qu’ils sont parmi les plus durement touchés par la crise actuelle, le couvre-feu, la fermeture des lieux culturels, les acteurs se confient … Nous avons pris de leurs nouvelles – par zoom ! - à quelques figures phares du 7e Art lors des Rendez-vous du cinéma français. Chaque année, en janvier, Paris accueille Les Rendez-vous du cinéma français. Un événement, organisé par UniFrance, réservé aux professionnels. L’occasion pour une centaine de journalistes européens de découvrir les longs métrages hexagonaux qui sortiront en salles dans les mois qui suivent et de rencontrer les artistes qui les portent.

En temps normal, tout ce petit monde déboule durant quelques jours dans la ville Lumière, se croise aux projections et dans les couloirs de l’hôtel où les entrevues ont lieu. Et le soir, profite de la ville, en allant au théâtre, au restaurant… Mais cette année, la pandémie a changé la donne : Paris est désertée, le couvre-feu démarre à 18h ; l’événement a donc bien eu lieu, mais en mode digital, sans poignées de main, sans accolades - et on ne vous parle même pas de bisou, geste devenu tabou ! -, sans discussions à la sortie des visions ou autour d’une table…

Les journalistes ont vu les films de leur divan, grâce à des liens ultra-sécurisés, les interviews se sont déroulées exclusivement par écran interposé, la presse chez elle, les talents, seuls dans une chambre d’hôtel. Efficace, mais plus distant, plus fatiguant aussi, moins énergisant et surtout, moins enrichissant humainement qu’un festival « en vrai » ! Et de se rendre compte que quels que soient notre métier, notre statut social, notre taux de popularité, on se pose tous les mêmes questions, on essaie de garder le sourire, mais on attend surtout que soit donné le clap final de ce mauvais film.

Kad Merad : « Je suis en manque total de théâtre »

Dans « Un Triomphe », adapté d’une histoire vraie, l’acteur campe un acteur de seconde zone qui, chargé d’enseigner le théâtre à des détenus, va monter avec eux « En attendant Godot » de Samuel Beckett et les faire monter sur scène. Un film tourné bien avant la pandémie, qui prend une tout autre dimension à ses yeux aujourd’hui : « Ce que le film nous inspire, et qui prend tout son sens aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas grand-chose de plus fort, de plus émouvant, de plus généreux, de plus positif, que la rencontre entre un public et un spectacle, que des acteurs qui jouent pour un public qui reçoit de l’émotion, rit... C’est beau et on se rend compte aujourd’hui à quel point cela nous manque. En tout cas, moi, ça me manque. J’ai commencé à jouer une pièce en mars 2020 : Amis, écrit par Amanda Sthers et David Foenkinos, que je mets également en scène, au Théâtre de la Michodière, un très beau théâtre parisien.

On a été interrompus après une semaine et là, cela fait déjà trois fois que l’on reporte (la pièce devrait finalement être jouée à partir de décembre 202&, NDLR). Depuis que je vis cela, je réalise à quel point le théâtre est indispensable. Je n’imaginais pas que je souffrirais d’un tel manque. Avec cet « empêchement », je me rends compte combien il est vital de rencontrer le public, de jouer avec et devant des gens. Je ne sais pas quand le film sortira, ni s’il va sortir, mais j’ai l’impression qu’on le regardera en se disant « Ah oui, c’était donc comme ça le théâtre avant : on était assis les uns à côté des autres, sans masque ! ». Tout comme on se rappellera comment on allait au cinéma, au restaurant, qu’on se faisait la bise… C’est terrible. Je ne veux pas être pessimiste, je suis même plutôt d’une nature optimiste, mais là, on se demande vraiment si la situation redeviendra un jour normale. »

Et de conclure malgré tout l’entretien sur une touche d’humour à propos du port du masque : « L’un des seuls avantages à la situation, c’est que comme je sors tout le temps masqué, je peux désormais aller faire mes courses, marcher en rue tranquillement, sans qu’on me reconnaisse et qu’on m’accoste non-stop. Cela me permet de faire une pause (rires). Mais honnêtement, je préfèrerais pouvoir retirer le masque ! »

Valérie Lemercier : « Je devrais en profiter pour apprendre l’anglais »

L’actrice et réalisatrice a signé Aline, comédie décalée, faux biopic, où elle rend hommage à Céline Dion. Un film auquel elle a consacré de longs mois, qui devait illuminer nos écrans fin 2020, mais qui – nous l’avons appris lors du festival – ne sortira finalement que le… 10 novembre 2021. « Il y a eu tellement de stop and go fin 2020, au moment où le film devait sortir, que je vous l’avoue, j’ai eu un coup de mou. Là, je sais quand il va enfin sortir et je me retrouve soudain sans travail. Je suis au chômage et je me dis que c’est peut-être le moment d’apprendre l’anglais. Pour bien le parler.

Si par chance, le film voyage, je trouverais dommage de ne pas assez bien manier l’anglais pour le défendre. Céline Dion, quand elle a appris l’anglais, elle s’y est mise tous les jours. Je devrais prendre exemple sur elle car là, je ne m’exprime pas assez bien dans cette langue ; je ne peux pas blaguer, je ne pourrais pas diriger un acteur par exemple. Je devrais donc en profiter. Comme disait William Shakespeare « Ce qui ne peut être évité, il faut l’embrasser ». Peut-être qu’il faut se dire que ce qui nous arrive, c’est une chance, et qu’il faut trouver une façon de meubler le temps. Je ne me suis jamais ennuyée dans ma vie, j’ai toujours travaillé. Là, c’est sans doute une occasion de prendre du temps pour moi, d’arrêter de courir ! »

Josiane Balasko : « On n’a plus très envie de sortir de chez soi »

L’actrice présentait au festival deux comédies, « C’est la vie » et « Pièce rapportée ». Des touches d’humour bienvenues en cette période qu’elle aborde avec une certaine philosophie. « Les tournages étant encore autorisés (sous conditions sanitaires strictes,  NDLR), j’ai eu la chance de pouvoir encore travailler, j’ai tourné deux films depuis septembre. Cela m’a permis de rester active, de me projeter ; ce que beaucoup ne savent plus faire : il y a des tas de gens qui n’ont plus de boulot. Chaque semaine, on est accrochés aux nouvelles pour savoir si on va être punis ou récompensés. C’est terrible. A Paris, les rues sont désertes, presque tout est fermé. On n’a plus très envie de sortir de chez soi. Je sors juste pour faire pisser mes chiens. Et heureusement, on a considéré les bars-tabac comme des commerces essentiels.

Je crois que si on les fermait, des gens déprimeraient… Quoique, ils sont sans doute déjà déprimés. Disons qu’ils deviendraient fous ! On pourrait aussi rouvrir les commerces d’alcool, que les gens puissent noyer leurs idées noires (rires). Cela fait presque un an qu’on vit cette situation, avec de temps en temps des pauses. Ce n’est hélas pas de la science-fiction, on vit réellement, partout dans le monde, une époque où tout le monde porte des masques. On allume sa télé et les animateurs, les présentateurs, les politiciens… Tout le monde est masqué. Et curieusement, on s’y habitue. C’est presque pire ! »

 Alexandra Lamy : « L’Homme n’est pas fait pour rester enfermés ! »

Figure phare de la comédie française, l’actrice perd par contre son sourire légendaire quand on lui parle de la situation. « Comme beaucoup, j’espère que les cinémas, les théâtres rouvrent, que la Culture revive. Ca devient presque ridicule. On a demandé aux responsables des salles de spectacles de prendre des mesures sanitaires énormes…

Et puis, on les sanctionne alors qu’il a été démontré qu’on prend plus de risques d’être infecté lors d’un dîner à six que dans un lieu culturel où l’on est masqué, avec des places d’écart, à regarder tous dans la même direction… C’est dur. Très dur. Il va y avoir un nombre énorme de dépressions. On ne peut pas tout enlever. On va devenir fous. Quand on évaluera le nombre de gens en détresse psychologique, je crains que cela concerne plus de victimes que celles de ce virus. On va vers une catastrophe. Je pense aussi beaucoup à la jeunesse. Ces jeunes qui ne peuvent plus sortir, ne peuvent plus faire de petits boulots pour payer leur loyer, leurs études, qui ne voient plus leurs parents, leurs amis.

L’Homme n’est pas fait pour rester enfermé, il a besoin de contacts. La jeune génération en particulier. Alors certains diront « Tout le monde doit faire un effort, ce n’est qu’un temps », c’est vrai, mais c’est plus facile à dire aussi pour les gens de notre génération, qui ont déjà vécu ces moments, alors qu’aux jeunes, ils sont interdits. C’est violent. Ce serait bien de leur laisser quelques moments d’évasion. »

Zita Hanrot : « Je veux retourner dans un salle de cinéma »

Attendue dans le drame « Rouge », l’actrice vue notamment dans « La Vie scolaire » et dans la série « Plan cœur » sur Netflix, passe - comme beaucoup d’entre nous – pas mal de temps devant le petit écran, mais souffre terriblement de l’absence du grand.« Les plateformes possèdent d’énormes qualités. Je suis d’ailleurs moi-même une grande consommatrice, surtout ces derniers mois, mais j’y regarde uniquement des séries, c’est le format idéal pour ça. Un film par contre, a été pensé, écrit, conçu… pour le grand écran, et c’est là qu’il doit être vu, même si on sait qu’il finira quand même par être diffusé sur le petit ensuite. Avec la pandémie, je ressens très fort le manque total de cinéma, je veux retrouver ce plaisir d’aller dans une salle, de voir un film en étant plongée dans le noir pendant deux heures, d’avoir cette disponibilité, cette concentration devant une œuvre... »

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