La course à pied est-elle un sport de riche?

Entre le prix des chaussures, des appareils connectés et des frais d’inscriptions aux compétitions en hausse, la course à pied, sport populaire, est-elle devenue synonyme de dépenses inconsidérées?

PAR AFP. Photos : Pexels. |

«Contrairement à son image de sport très simple, la course à pied a un panier moyen assez élevé», relève Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport et Cycle qui représente des entreprises du secteur, et indique que le coureur à pied dépense en moyenne environ 500 euros par an pour sa pratique.

Dans les allées du Salon du Running à Paris, organisé en marge du marathon dimanche, c’était la course à la consommation, entre les chaussures, maillots et montres derniers cris.

«La course à pied n’est plus un sport, c’est un produit très +marketé+. C’est comme pour les voitures, si l’on veut avoir accès au top, il faut payer», note Christopher Hautbois, maître de conférences à l’université Paris-Sud, spécialiste du marketing sportif.

«Le fait que la course à pied soit assimilée au sport santé, c’est dans l’air du temps, les gens sont prêts à y consacrer beaucoup d’argent. Donc les marques ont intérêt à expliquer qu’il faut absolument posséder tel ou tel matériel», ajoute-t-il.

Du côté des fabricants, on assure pourtant vouloir équiper tout type de consommateur, que l’on soit chez Asics, qui lance une paire de chaussure à 250 euros (mais propose des modèles d’entrée de gammes à 70 euros), ou Décathlon, qui se vante de pouvoir fournir une panoplie de coureur complète à 120 euros.

«La course à pied est toujours possible à moindre frais», en se contentant de l’essentiel, assure M. Hautbois. «Mais simplement, par rapport aux années 1980, où c’était l’activité la plus ennuyeuse du monde, la perception a changé. C’est devenu un phénomène de mode, qui se marie très bien avec le digital», et peut expliquer l’appétit de consommation de certains de ses pratiquants.

Des coûts plus élevés 

Les organisateurs de compétitions notamment ne s’en privent pas, et les frais d’inscription ont connu une forte inflation depuis 10 ans: entre 18 et 20 euros en plus de moyenne pour les marathons français, selon l’étude de l’Union Sport et Cycle avec le site sport-up.

Sur le prestigieux marathon de Paris, qui attire 60.000 participants, les prix montent chaque année, avec un dossard minium à 89 euros cette année, qui augmentera d’un euro l’an prochain.

Alors qu’il propose des tarifs étudiants et la gratuité pour les demandeurs d’emploi sur certaines de ses courses comme le Run in Reims (10 km, semi et marathon), l’organisateur ASO présente l’épreuve comme une «expérience» plus qu’une course, avec une multitude d’à-côtés, dont un «footing» encadré gratuit le samedi, des courses pour enfants etc.

«Le dossard est plus cher car l’expérience et l’organisation ne sont pas les mêmes. Nous proposons des séances d’entraînement aux inscrits, des guides pour s’entraîner», explique Clara Bertinatti, responsable de l’organisation des épreuves de running pour ASO.

«Il y a également d’importants coûts de sécurité, des sas de départ énormes à mettre en place, un coût logistique, une arrivée grandiose avenue Foch. On essaie d’être à la hauteur du Marathon de Paris. Le standing de l’épreuve influence le coût du dossard».

Suivez So Soir sur Facebook et Instagram pour ne rien rater des dernières tendances en matière de mode, beauté, food et bien plus encore.

Lire aussi :